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Peut-on postuler une universalité du jugement de goût ?

Publié le 11/02/2004

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  • Cependant ce jugement est tel que tout se passe comme si la beauté était une propriété de l'objet.2 - Oui, parce qu'il n'y a aucune contradiction logique dans le fait que ce qui est agréable pour quelqu'un ne le soit pas pour quelqu'un d'autre.3 - Non : lorsque l'on interroge plusieurs personnes sur une oeuvre d'art, on ne constatera rien de tel. L'universalité est ici une exigence du jugement esthétique, nullement la constatation sociologique d'une unanimité.
  • CITATIONS: « Une chanson que braille une fille en brossant l'escalier me bouleverse plus qu'une savante cantate. « Jean Dubuffet, L'Homme du commun à l'ouvrage, 1973. « Le goût est la faculté de porter un jugement esthétique dont le choix est universellement valable. « Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798. « Demandez à un crapaud ce que c'est que la beauté [...].

Hume nous dit dans ses Essais esthétiques que : « Nous pouvons observer que cette uniformité du genre humain n’empêche pas qu’il y ait beaucoup de diversité dans les sentiments de beauté et de valeur, et que l’éducation, la coutume, le préjugé, le caprice et l’humeur modifient fréquemment notre goût. Vous ne convaincrez jamais un homme à qui la musique italienne n’est pas familière et dont l’oreille n’est pas habituée à suivre les complications de cette musique, qu’un air écossais n’est pas préférable. Vous n’avez même pas un seul argument, autre que votre goût, que vous puissiez employer pour soutenir votre cause : et votre adversaire trouvera toujours en son goût personnel un argument plus convaincant en faveur de l’opinion contraire. Si vous êtes sages, chacun de vous accordera que l’autre peut avoir raison et comme il y a de nombreux exemples de cette diversité de goût, vous reconnaîtrez ensemble que beauté et valeur sont purement relatives et dépendent d’un sentiment agréable produit par un objet dans un esprit particulier conformément à la constitution et à la structure propre de cet esprit «. C’est donc bien le critère ou la norme de reconnaissance du beau qui est en jeu ici. Si le jugement de goût renvoie à la question esthétique et notamment à la détermination a priori de ce qui est beau ou non, susceptible de plaire ou pas, il convient alors de penser que cette diversité intrinsèque à chaque personne ne peut nous conduire à reconnaître l’existence d’une postulat d’une universalisation de cette norme (1ère partie). Pourtant n’est-ce pas alors ruiner toute échelle de valeur entre les objets artistiques ? (2nd partie) Il s’agit alors de sortir de ce scepticisme afin d’envisager positivement la résolution de cette tension (3ème partie).

« de l'égalité, cela paraît être un extravagant paradoxe, ou plutôt une absurdité tangible, là où des objets aussidisproportionnés sont comparés ensemble […] ». b) Dès lors, le fondement des règles de la composition n'est pas fixé a priori par des raisonnements, ce fondementest le même que celui de toutes les sciences pratiques : l'expérience.

Et ces règles ne sont pas autre chose quedes observations générales concernant ce qui a plu universellement dans tous les pays et à toutes les époques.

Ilapparaît alors chez Hume dans ses Essais esthétiques , que, au milieu de la variété et du caprice du goût, il y a certains principes généraux d'approbation ou de blâme dont un esprit attentif peut retrouver l'influence dans toutesles opérations de l'esprit : « Il y a une espèce de philosophie qui coupe court à tous les espoirs de succès d'unetelle tentative, et nous représente l'impossibilité de jamais atteindre aucune norme du goût.

La différence, y est-ildit, est très vaste entre le jugement et le sentiment […] Le même Homère qui plaisait à Athènes et à Rome il y adeux mille ans est encore admiré à Paris et à Londres.

Tous les changements de climat, de gouvernement, dereligion et de langage ne sont point parvenus à obscurcir sa gloire.

L'autorité ou le préjugé peuvent bien donner unevogue temporaire à un mauvais poète, ou à un mauvais orateur, mais sa réputation ne sera jamais durable ouétendue.

Quand ses compositions sont examinées par la postérité ou par des étrangers, l'enchantement est dissipé,et ses fautes apparaissent sous leur vrai jour.

Au contraire, pour un vrai génie, plus ses oeuvres durent, et pluslargement sont-elles répandues, plus sincère est l'enthousiasme qu'il rencontre [...] ». c) Certaines formes ou qualités particulières, de par la structure originale de la constitution interne de l'homme, sontcalculées pour plaire et d'autres pour déplaire.

Dans toute créature il y a un état sain et un état déficient, et lepremier seul peut être supposé nous offrir une vraie norme du goût et du sentiment.

Bien que certains objets, de parla structure de notre esprit, soient naturellement calculés pour nous donner du plaisir, on ne doit pas s'attendre àce que le plaisir soit ressenti pareillement par tout individu.

Des incidents et des situations particulières se créentqui, ou bien projettent une fausse lumière sur les objets, ou bien empêchent la véritable de transmettre àl'imagination la perception et le sentiment adéquats.

Là où les sens sont assez déliés pour que rien ne leur échappe,et en même temps assez aiguisés pour percevoir tout ingrédient introduit dans la composition : c'est là ce que nousappelons délicatesse de goût.

Pour Hume dans ses Essais esthétiques donc les règles générales de la beauté sont d'usage, car elles sont tirées de modèles établis, et de l'observation de ce qui plait ou déplait.

Ainsi, bien que lesprincipes du goût soient universels et presque, sinon entièrement, les mêmes chez tous les hommes, cependant bienpeu d'hommes sont qualifiés pour donner leur jugement sur une œuvre d'art, ou pour établir leur propre sentimentcomme étant la norme de la beauté.

Les organes de la sensation sont rarement assez parfaits pour permettre cesprincipes généraux de se déployer pleinement, et pour produire un sentiment correspondant à ces principes : « Ainsi,bien que les principes du goût soient universels, et presque, sinon entièrement, les mêmes chez tous les hommes,cependant bien peu d'hommes sont qualifiés pour donner leur jugement sur une œuvre d'art., ou pour établir leurpropre sentiment comme étant la norme de la beauté ». Transition : Ainsi s'il y a bien une diversité des goûts, il n'en reste pas moins que la détermination de la norme reste difficile apriori c'est-à-dire en dehors de toute intuition ou de tout empirisme.

En ce sens, le problème se déplace mais n'estpas résolu. III – Le dépassement de l'antinomie a) En effet, il convient alors sans doute de revenir à ce que l'on pourrait appeler avec Kant dans la Critique de la faculté de juger une antinomie du goût à savoir la variété des jugements divergents ajouté à cela la règle qui veut qu'en matière de goût et de couleur : on ne discute pas ce qui ferait alors du beau une norme subjective.

Et c'estdès lors bien au problème de savoir en quoi les œuvres d'art peuvent être dit belles que s'attache Kant ici.L'antinomie peut alors se formuler ainsi : elle oppose vulgairement deux propositions : « à chacun son propre goût »/ « on peut discuter du goût ».

La formulation aboutie en donne une thèse (selon laquelle le jugement de goût ne sefonde pas sur des concepts, sans quoi l'on pourrait sur ces matières discuter et décider par preuve) et uneantithèse (selon laquelle le jugement de goût se fonde sur des concepts, faute de quoi l'on ne pourrait pas discuter,donc pas prétendre à l'assentiment nécessaire d'autrui à ce jugement).

Et c'est antinomie trouve sa solution dans lefait que le jugement de goût ne se fonde pas sur des concepts déterminés mais sur un concept indéterminé.

Maisdès lors qu'est-ce qui est beau ? b) Pour arriver à déterminer ce qu'est le beau ou ce qui est, Kant a construit progressivement dans la Critique de la faculté de juger des définitions du beau en les affinant au fur et est à mesure pour arriver à cette définition : « Est beau ce qui est reconnu sans concept comme objet d'une satisfaction nécessaire.

» Par cette définition que Kant aproduit il faut voir alors que le beau est l'objet d'une satisfaction désintéressée et jugée comme universelle.

Le beaun'est donc pas l'utile, le bon, l'agréable, ni même nécessairement le parfait.

Or seul ce sentiment dedésintéressement permet de comprendre cette exigence d'universalité.

Le beau proprement dit nous éloigne de nosdésirs.

Il est lié à une satisfaction désintéressée : « le goût est la faculté de juger un objet ou un mode dereprésentation par la satisfaction ou le déplaisir d'une façon toute désintéressée.

On appelle beau l'objet de cettesatisfaction.

» En ce sens alors l'universalité esthétique est universalité sans concept.

Quand je juge un objet beau,j'attribue à chacun le sentiment que j'éprouve devant l'objet.

Cette universalité est de droit et non de fait.

Cetteuniversalité n'est pas logique : « Est beau ce qui plaît universellement et sans concept.

Kant sépare radicalement leBeau du Concept, alors que Hegel au contraire rattache le beau à l'Idée.

Est beau donc ce qui est l'expression d'uneharmonie entre l'entendement et l'imagination : il s'agit d'une finalité sans fin, car le beau est à lui-même sa fin :. »

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