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Peut-on prendre conscience de tout ?

Publié le 13/03/2004

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conscience
Bien définir les termes du sujet : - « Peut-on » : désigne la possibilité et la légitimité de faire, d'accomplir, de penser, de tourner son action vers quelque chose. - « Etre conscient » : c'est avoir une aperception plus ou moins immédiate pour le sujet de ce qui se passe en dehors de lui ou en lui. Cela désigne la conscience psychologique qui se présente comme une forme particulière de savoir, un savoir immédiat. C'est la relation qu'un sujet entretient avec une réalité interne ou externe. C'est un jugement, une dénotation d'existence. Il ne faut pas confondre « être conscient » et « avoir conscience » qui désigne la conscience réfléchie. Cette dernière désigne l'accès au savoir vrai qui porte sur les contenus, pas seulement sur l'existence. C'est le retour du sujet sur lui-même et sur le monde qui l'entoure. - « Tout » : Ce terme est très vague, et désigne l'ensemble des choses qui existent, qu'elles soient ou matérielles ou non, vivantes ou inertes.   Construction de la problématique :             Le sujet prend en compte la particularité de l'homme et sa capacité à se mettre à distance du monde pour le saisir. En effet, la conscience permet d'avoir un recul par rapport monde et à soi, et d'envisager un rapport avec eux. Mais le monde extérieur, aussi bien que le monde intérieur, est le lieu de nombreux événements, et tous ne parviennent peut-être pas à la conscience.             Se pose donc la question de savoir si la conscience est capable de repérer tout ce qui se passe dans son entourage et en elle - d'être consciente de tout. Si elle ne le peut pas, on peut se demander quels sont les critères qui font que telle action n'est pas prise en compte par la conscience. Autrement dit, est-ce que ce sont les objets eux-mêmes qui de par leurs caractéristiques ne peuvent être perçus par la conscience, ou est-ce que cette dernière impose un filtre capable de déterminer ce qui lui importe réellement ?
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« Comme Descartes, Leibniz part de la définition de l'âme comme substance pensante et admet qu'une telle substancene saurait être sans action, autrement dit qu'elle pense toujours.

Mais, il affirme que les cartésiens ont « fortmanqué » en ayant compté pour rien les perceptions dont on ne s'aperçoit pas.

Leibniz affirme l'existence depensées inconscientes, de « perceptions » trop « petites » pour être « aperçues ».

Il y a, dit-il, des perceptionspeu relevées, sans nombre, qui ne se distinguent pas assez pour qu'on s'en aperçoive ou qu'on s'en souvienne, maiselles se font connaître par des conséquences certaines.

Tout phénomène conscient n'est, en fait, que l'assemblagede perceptions trop petites pour que chacune d'elle soit « aperçue » distinctement.Pour illustrer son propos, Leibniz se sert de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer.

Du rivage, dit-il, onentend le bruit de la mer.

A la même distance, on n'entend pas les bruits de chaque vague.

Or, le bruit de la mer,c'est la somme des bruits faits par toutes les vagues.

Si le bruit d'une vague était égal à zéro, la somme de centmille bruits nuls serait toujours égale à zéro.

Or, il n'en est rien puisqu'on entend le bruit de la mer.Il faut donc que l'on ait quelque perception de chacun de ces bruits.

Le bruit de la mer qui est remarquable est donccomposé de petites perceptions qui ne le sont pas.En identifiant conscience et pensée, Descartes n'avait distingué que la conscience directe & la conscience réfléchie.Leibniz ajoute qu'il y a des pensées dont on n'a pas conscience, dont on ne peut prendre conscience. Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petitesperceptions.

Il montre ainsi que notre perception consciente est composéed'une infinité de petites perceptions.

Notre appétit conscient est composéd'une infinité de petits appétits.

Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit quenotre perception consciente est composée d'une infinité de petitesperceptions, exactement comme la perception du bruit de la mer estcomposée de la perception de toutes les gouttes d'eau ? Les passages duconscient à l'inconscient et de l'inconscient au conscient renvoient à uninconscient différentiel et pas à un inconscient d'opposition.

Or, c'estcomplètement différent de concevoir un inconscient qui exprime desdifférentiels de la conscience ou de concevoir un inconscient qui exprime uneforce qui s'oppose à la conscience et qui entre en conflit avec elle.

End'autres termes, chez Leibniz, il y a un rapport entre la conscience etl'inconscient, un rapport de différence à différences évanouissantes, chezFreud il y a un rapport d'opposition de forces. "D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment uneinfinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion,c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nousapercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites ou en tropgrand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant àpart, mais jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de sefaire sentir au moins confusément dans l'assemblage.

C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pasgarde au mouvement d'un moulin ou à une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.Ce n'est pas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dansl'âme qui y réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans lecorps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notremémoire, attachées à des objets plus occupants.

Car toute attention demande de la mémoire, et souvent quandnous ne sommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendre garde, à quelques-unes de nos propresperceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexion et même sans être remarquées ; mais si quelqu'unnous en avertit incontinent après et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nousnous en souvenons et nous nous apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).

Et pour juger encoremieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exempledu mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.

Pour entendre ce bruit comme l'onfait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoiquechacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain. »

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