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Peut-on produire des événements avec les mots ?

Publié le 31/08/2004

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La pensée n'est-elle pas plutôt indissociable du langage qui l'exprime ? C'est ce que semble accorder une longue tradition philosophique, allant de Platon, qui définit la pensée un « dialogue intérieur que l'âme entretient, en silence, avec elle-même « (Le Sophiste, 263 e), à Husserl qui préfère y voir un monologue ayant pour théâtre, là encore, « la vie solitaire de l'âme « (Première Recherche logique, § 8). De fait, comment une pensée informulée pourrait-elle ne pas être informe? Les signes nous sont indispensables, souligne Leibniz, non seulement pour communiquer nos pensées à autrui, mais d'abord pour servir, dans le cours de nos propres réflexions, de représentants des choses auxquels nous pensons. Le caractère discursif de toute pensée, même la plus abstraite, est en tout cas fortement souligné par  Hegel : « c'est dans le nom que nous pensons «, affirme-t-il au § 462 de son Encyclopédie des sciences philosophiques (1827). Nos pensées n'auraient ainsi de forme, et pour tout dire d'existence véritable, que dans les mots.Est-ce à dire que la fonction première du langage pourrait être de sous-tendre le monologue intérieur de la conscience ? A moins qu'il ne faille en réalité renoncer à concevoir la conscience comme une sphère d'intériorité, et la pensée comme une activité « mentale « à caractère privé. Ce qu'on appelle un peu vaguement « pensée «, affirme ainsi Wittgenstein, consiste exclusivement en une manipulation réglée de signes. La pensée n'est qu'un travail avec et sur la langue, une manière d' user d'une langue, bref un « jeu de langage «.

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