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Peut-on refuser de douter ?

Publié le 13/03/2004

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Mais si le refus de douter est parfois justiciable, autrement dit si, comme nous l'avons montré, on peut avoir de bonnes raisons de refuser de douter, peut-on refuser de douter? A-t-on le droit d'ériger le refus de douter en principe absolu? Quelles pourraient être les conséquences d'une telle attitude ?II.Le refus de douter n'est pas toujours justifiable et est parfois l'indice d'une certaine étroitesse d'esprit. Le refus systématique de remettre en question ce que l'on croit vrai, le refus d'entendre et d'envisager le point de vue d'autrui, le refus du dialogue, de la discussion, se nomme dogmatisme. Cette attitude est soit le résultat d'une décision volontaire de ne pas remettre en question ses croyances, soit, le plus souvent, l'adhésion au sens commun. On est alors, sans vraiment en être conscients, prisonniers de ses préjugés "des croyances habituelles à son temps, à son pays et de convictions qui ont grandi en nous sans la coopération et le consentement de la raison".Ce dont il est question dans ses paroles de B.Russell ce n'est pas à proprement parler d'un refus de douter, mais d'une absence de doute.

« conduit souvent au retour à ses anciennes certitudes.

S'il est absurde de refuser de douter sans raisons valables, ilest tout aussi absurde de douter sans savoir pourquoi.

La capacité à développer un doute productif et stimulantn'est pas naturelle. Mais dans un cas comme dans l'autre, c'est à dire, qu'elle réside d'une décision volontaire ou d'une incapacitéintellectuelle, l'absence de doute a pour conséquence l'intolérance, l'aliénation: parce que nous ne pensons pasvraiment par nous mêmes, nous ne pouvons accéder à une véritable liberté de penser et parce que les points devue divergents viennent troubler notre petit confort intellectuel , nous les rejetons sans examen.

Or, on sait quel'intolérance peut aller jusqu'au fanatisme, et donc la violence. Dans ces conditions, a-t-on le droit de refuser de douter? Il est possible de refuser de douter, nous l'avons montrédans notre première partie, mais poussé à l'extrême ce renoncement n'est-il pas générateur de graves inconvénients? D'ailleurs les raisons que nous avons invoquées pour justifier le refus sont-elles inattaquables ? III On pourrait en effet montrer que le scientifique lui-même reste toujours ouvert à la réfutation et ce, malgré le côtéobjectif et vérifiable des énoncés scientifiques.

La science ne progresse que par correction de ses propres erreurset donc par la remise en question de ce qui fut, pendant un temps, considéré comme la vérité.De même, notre deuxième argument présente des faiblesses car les évidences peuvent être trompeuses : les senssont trompeurs comme le montre Descartes dans la première méditation ; nous connaissons tous l'exemple desillusions d'optique.

Et, bien que nous sachions de manière indubitable que la terre tourne autour du soleil, nos sensnous donnent l'impression de contraire.

Les évidences issues du raisonnement ne sont pas non plus exempts dedoute, car le raisonnement peut s'appuyer sur des prémisses fausses ou comporter une erreur dans l'enchaînementlogique des propositions.

L'évidence est donc un critère suspect de vérité.Mais, si l'on ne peut se fier ni à l'évidence ni aux vérités scientifiques, comment être certain de quelque chose ?Cela signifie t-il que l'on doive douter de tout ? Ne risque t-on pas alors de ne jamais trouver la vérité ? Le doute nerisque t-il pas de constituer un nouveau carcan ? Et peut-on réellement et sérieusement douter de tout ? Le doute systématique également appelé sceptique n'est en effet guère constructif.

Il n'est pas un remède auxpréjugés et aux erreurs de jugement car il conduit à une suspension définitive du jugement.

La vérité est considéréecomme inaccessible à l'esprit humain et on doit donc y renoncer ; dans ces conditions la réflexion s'avère inutile.Mais comme le souligne Henri Poincaré : « douter de tout ou tout croire sont deux attitudes également commodesqui nous dispensent de réfléchir ».

S'il est naïf et aliénant de ne jamais remettre en question ses certitudes, il estabsurde et stérile de toujours tout remettre en question.

sans compter qu'il semble difficile de maintenir cettedécision jusqu'au bout ; en effet pour être cohérent avec ses principes le sceptique ne devrait-il pas renoncer à agir? Toute action n'est-elle pas le témoin ou l'indice que l'on croit a quelque chose.

Si tout est douteux, pourquoi agir ?S'il ne faut pas se fier sans réfléchir à ce qui parait évident, il ne suffit pas de douter pour atteindre la vérité.Douter n'est qu'une démarche utile et donc défendable uniquement dans la mesure où elle permet d'obtenir unrésultat.

Si le doute est un moyen et non une fin en soi, on peut même envisager de douter de tout : c'est cequ'entreprend Descartes au début des Méditations.

S'il doute même de ce qui semble le plus évident, c'est dans lebut de trouver la vérité ; il veut « établir en toutes choses des vérités fermes et assurés sur le modèle des sciences».

Le doute cartésien est un remède au doute : on doute dans le but de se débarrasser du doute, dans le butd'acquérir des certitudes solides.

Le doute cartésien est méthodique et provisoire.

Il s'agit de s'assurer que ce quel'on croit vrai l'est vraiment, de s'assurer que l'on n'est pas victime d'évidences trompeuses.

Pour Descartes, il s'agitde douter « une fois dans sa vie »mais il précisera aussi que si le doute est absolument nécessaire dans le domainede la connaissance, il est à proscrire lorsqu'il est question d'agir (exemple de la personne perdue en foret)Cependant, si Descartes montre qu'il est nécessaire de douter de tout « une fois dans sa vie » afin de sedébarrasser des préjugés accumulés dans l'enfance, cela ne signifie pas que nous devons tous en passer parl'épreuve du doute radical ;si celle-ci semble nécessaire pour celui qui souhaite devenir philosophe, douter au sensphilosophique c'est, d'une manière générale, ne rien considérer comme définitivement acquis ou du moins veiller àtoujours être capable de revenir sur ce que l'on croyait acquis.

Il ne s'agit pas de devenir philosophe au sens fort duterme, mais d'apprendre à penser par soi-même afin d'acquérir une certaine indépendance intellectuelle.

Or la libertéde penser est le fondement de toute liberté.

Il faut donc savoir douter si on ne veut pas rester des « moutons ».Notre capacité à remettre en cause ce qui paraissait certain nous permet d'être attentif à la parole de l'autre, d'êtreouvert au dialogue.

Cela permet aussi de se donner les moyens d'atteindre une vérité qui n'est peut être pas a nôtreportée mais dont on peut espérer s'approcher toujours plus.

Lorsqu'on est certain de détenir la vérité, on ne lacherche plus et on se condamne donc a l'erreur et au préjugé.

Dès que l'on commence à remettre ses certitudes enquestion, on a fait un pas vers la vérité et on en est donc plus proche.

Le caractère problématique de certaines vérités, le fait que dans certains domaines il semble impossibled'établir une vérité de type scientifique oblige à une certaine modestie et rend le refus de douter suspect Conclusion Au terme de cette réflexion on peut donc répondre qu'il n'y a qu'un domaine ou le refus de douter soit absolumentlégitime, c'est celui de l'action.

Cela ne veut pas dire cependant qu'il faille agir sans réfléchir mais simplement quel'action exige parfois un engagement qui exclu le doute, du moins le doute systématique ou prolongé.

En revanche,dans le domaine du savoir s'il est toujours possible de refuser le doute, il apparaît que cette attitude, dans le cas ou. »

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