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Peut-on renoncer à sa liberté ?

Publié le 19/09/2004

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Son propre intérêt lui commande donc de faire des lois judicieuses, puisqu'il en subira les conséquences. Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêt commun.On comprend alors la fort belle formule de Rousseau : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. « La liberté n'est pas le caprice, mais le respect des lois que l'on se donne à soi-même et qui nous préservent de subir le caprice d'autrui.Cependant, il se peut qu'un individu désobéisse à la loi. De quel droit le punir ? Est-ce légitime ?Pour comprendre la réponse de Rousseau, il faut comprendre le mécanisme même qui pousse u individu à désobéir. En désobéissant à la loi, je désobéis à moi-même, à une partie de ma volonté commune. Cela n'est possible que parce qu'il y a une différence entre « homme « et « citoyen « : « En effet chaque individu peut avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen.

Est-il légitime et possible de se dessaisir et de se dépouiller de sa capacité de dire oui ou non, de son autonomie, de sa faculté de choix éthique ou politique, etc. ? Y a-t-il une servitude volontaire, où l'on renonce à sa liberté ? Vous possédez certainement d'importantes connaissances (Rousseau, Sartre, etc.) se rapportant à l'intitulé. Adaptez-les au sujet avec la plus grande souplesse. rappelez-vous, avec Rousseau, que renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité et à ses devoirs. À première vue, la liberté est une valeur pour laquelle les hommes n'ont cessé de se battre, au cours de l'histoire. Toutefois,  Kant faisait déjà remarquer que beaucoup d'hommes qui pourraient être indépendants ne le sont pas parce qu'ils ne le veulent pas : un livre leur tient lieu d'intelligence, un médecin décide de leur régime, etc. ("Qu'est-ce que les Lumières ?"). C'est pourquoi l'on peut se demander si l'homme, capable de lutter pour sa liberté, ne serait pas aussi capable d'y renoncer, et d'y renoncer librement.

 

« incompatible avec la nature de l'homme » (Du contrat social, 1, 4).

Les thèses de Hobbes sont moins illégitimes quecontradictoires : des hommes qui abdiqueraient leur liberté perdraient leur humanité ; s'ils restent des hommes, ilsrestent libres de reprendre ce qu'ils ont donné.

Mais ils n'ont pu donner leur liberté.

« Renoncer librement à sa liberté» n'a pas de sens.

Une liberté s'affirme jusque dans cette renonciation.

Choisir d'obéir, c'est toujours choisir.

Seuleune contrainte extérieure pourrait forcer une liberté à s'incliner, mais un pouvoir qui force n'oblige plus enconscience, il traite l'humanité comme une chose ou un animal, il « déshumanise » les citoyens.

Il n'est porteurd'aucune légitimité politique. Une liberté naturelle perdue Si donc « les peuples se sont donné des chefs », poursuit Rousseau, c'est « pour défendre leur liberté et non pourles asservir » (Discours sur l'inégalité) : défendre une liberté dont l'état de nature fournit le modèle.

Car, si l'on faitl'hypothèse d'un tel état de nature, il n'enveloppe aucune des conséquences catastrophiques révoquant cellesdécrites par Hobbes pour justifier l'absolutisme.

Les hommes naturels vivraient en effet solitaires, indépendants lesuns des autres, donc sans violence.

Cette liberté solitaire est perdue : non que les hommes y aient renoncévolontairement, mais ils furent contraints de se rassembler, de vivre en société à la suite de catastrophesclimatiques et naturelles (incendies, inondations, etc.). La liberté politique idéale On pourrait être tenté de penser que cette vie sociale aujourd'hui nécessairepour survivre (Rousseau ne prône nullement un retour à l'état de nature)contraint de renoncer définitivement à une authentique liberté.

Il serait alorssage d'accepter la nécessité de renoncer à une illusoire liberté, sinonlibrement, du moins avec lucidité.

Tel n'est pas l'idéal politique de Rousseau.Un État peut être défini, qui rend possible l'élaboration de lois qui lient leshommes sans les asservir.

Le peuple assemblé (les citoyens) exprime savolonté dans les lois, explique le Contrat social.

Si celui qui respecte ces loisest l'un de ces citoyens, comme l'exige l'État idéal, il n'est pas contraintd'obéir à une force extérieure, il ne choisit pas de s'incliner simplement devantune volonté étrangère, il choisit d'obéir, en effet, mais à une volonté qui estaussi sa propre volonté de citoyen.

En un mot: il est libre, puisque"l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté". L'obéissance auseul appétit estesclavage etl'obéissance à la loiqu'on s'estprescrite estliberté.

(Du ContratSocial) La liberté ne consiste pas àsuivre nos désirs.

Elle n'estpas dans l'absence decontraintes mais dans le librechoix des contraintes que l'onse donne à soi-même.

On peutappliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui sedonne à lui-même ses propreslois, ce qui définit ladémocratie. On oppose communément la liberté à la loi.

Se soumettre à la loi, ce serait ne pas ou ne plus être libre.

Mais n'obéirà aucune loi, serait-ce être libre ? Mais il faut s'entendre sur le terme liberté et sur le terme loi..Il y a un premier sens du mot libre qui est négatif : être libre c'est ne pas être empêché de faire ce qu'on a envie defaire.

On emploie le terme libre dans ce sens à propos des choses comme à propos des hommes : retirer d'un cheminles arbres qui font obstruction, c'est libérer le passage, ne pas retenir un oiseau dans sa cage, c'est le laisser librede s'envoler, ne pas empêcher quelqu'un de s'étendre sur le gazon d'un jardin public, c'est le laisser libre de le faire.Toute loi comporte des interdictions.

Dès lors toute loi réfrène la liberté, prise en ce sens négatif.

C'est le seul sensque Hobbes donne au mot liberté.

Selon Hobbes, dans l'état de nature, chacun est empêché à tout moment, dansses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellement son ennemi.

Mais les lois d'un Etat - institué envue justement de mettre fin à cet état de guerre qu'est l'état de nature - empêchent les individus de se nuire lesuns aux autres.L'autre sens du mot liberté n'est réservé qu'à l'homme, et caractérise ce que Kant appelle l'autonomie : obéir, à la loidont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à sa raison, c'est êtrepleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduite raisonnable, s'interdirecertains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales,ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseau dans le ContratSocial jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c'est le peuplesouverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois.

Ainsi chacund'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux lois dont il est l'auteur, en tant que membre. »

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