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Peut-on reprocher à la philosophie d'être inutile ?

Publié le 21/02/2005

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• Vieux reproche réactivé par un certain rétromodernisme, mais ce reproche n'enveloppe-t-il pas une thèse elle-même philosophique qui aurait la faiblesse aux yeux de la philosophie d'être non contrôlée, non pensée dans ses présupposés et dans ses implications ?  1re remarque : « Certes, l'homme de la vie courante et ordinaire donne à entendre m philosophe qu'il l'ennuie et qu'il y a des choses plus urgentes à faire, c'est-à-dire, à vivre au lieu de se préparer sans cesse à être. Mais le philosophe devrait voir dans cette déclaration la reconnaissance de sa propre influence : sans lui et sans son discours l'homme qui ne veut pas de la philosophie pour lui-même n'aurait jamais pu déclarer ce qu'il vient de dire parce qu'il serait immergé dans sa vie et que sa vie ne lui serait pas visible. « Éric Weil. Logique de la philosophie, p. 14.  2e remarque : Voir la réponse que faisait déjà Socrate à ce reproche d'abord par la comparaison développée en République Livre VI 488a et ensuite par cette réplique : « Et aussi, au fait qu'il dit vrai en soutenant l'inutilité, pour la foule, de ceux qui, parmi les gens adonnés à la philosophie, ont la plus haute moralité. Invite-le cependant à rendre responsable de cette inutilité ceux qui ne les utilisent pas, mais non point les gens de bien. « Livre VI 489b.  • Il faudrait s'interroger sur la vivacité d'une discipline qui a été qualifiée d'inutile dès son apparition.  • La philosophie est apparue dans un temps de loisir, quand il a été possible de dégager un temps qui n'était plus nécessaire à la survie.  • Le reproche d'inutilité (utile, ustensile, outil) adressé à la philosophie, n'est-ce pas le reproche d'une pensée techniciste qui se voudrait en prise directe sur la réalité, sans détour de la théorie et qui verrait sa justification dans ses productions et ses réussites (un des avatars de cette pensée étant le pragmatisme) ?  • Le reproche d'inutilité ou d'inefficacité peut trouver à s'alimenter dans la philosophie elle-même : ainsi la philosophie ne fut d'aucune utilité à Socrate en face de ses juges. Comment l'expliquer ?  • Voir les reproches que Calliclès adresse à la philosophie : la philosophie comme « gaminerie « Platon Gorgias 484 c. Où l'on voit que le reproche d'inutilité adressé à la philosophie est commandé par une conception des rapports vie-pensée.  • Ces quelques exemples de l'histoire (d'une histoire-fiction) nous oblige à nous demander quel est ce « on « qui reproche. Qui reproche à la philosophie d'être inutile aujourd'hui ?  • Ce reproche d'inutilité ne peut-il en cacher d'autres ? Dans le même temps où on reprochait à la philosophie d'être inutile on condamnait Socrate à mort. Qu'en conclure ?  • Reprocher à la philosophie d'être inutile n'est-ce pas une façon d'en faire un luxe, une occupation de luxe, qui serait réservé à ceux qui en ont les moyens ou à une élite ?  • Ce reproche d'inutilité est aussi une question de temps. Il fut des temps où l'on attendait de la philosophie une utilité bien précise : « Un professeur de philosophie est un fonctionnaire de l'ordre moral, préposé par l'État à la culture des esprits et des âmes au moyen des parties les plus certaines de la science philosophique. « Victor Cousin.  • Affirmer l'utilité ou la non-utilité de la philosophie c'est intervenir dans un champ où sont en jeu des forces morales, politiques, des idéologies plus ou moins confuses et très sur déterminées.  • Utilité morale et politique de la philosophie : « 2° Elle est utile en ce qu'elle enseigne comment nous devons nous comporter à l'égard des choses de fortune, c'est-à-dire qui ne sont pas en notre pouvoir, en d'autres termes à l'égard des choses, qui ne suivent pas de notre nature. 3° Cette doctrine est utile à la vie sociale en ce qu'elle enseigne à n'avoir en haine, à ne mépriser personne, à ne tourner personne en dérision, à l'avoir de colère contre personne, à ne porter envie à personne... 4° Cette doctrine est utile encore grandement à la société commune en e qu'elle enseigne la condition suivant laquelle les citoyens doivent être gouvernés et dirigés, et cela non pour qu'ils soient esclaves, mais pour qu'ils fassent librement ce qui est le meilleur. « Spinoza, Éthique II, prop. 49 scolie.  • Utilité de la philosophie comme entreprise radicale de démystification. La philosophie serait à définir comme science des effets ou science des simulacres dont il faudrait rechercher les lois de production (entreprise particulièrement illustrée par Nietzsche et Marx).  • S'interroger sur l'efficacité de la philosophie comme pratique du questionnement.  • L'inutilité de la philosophie est souvent affirmée en comparaison de l'efficacité particulière de la science ou de la technique. Mais ne pourrait-on pas affirmer que les techniques et les sciences naissent dans ces configurations historiques particulières, dont la philosophie est une composante et plus particulièrement qu'une science se constitue par les déterminations philosophiques de ses principes ? « L'être de la science moderne, qui, sous sa forme européenne, est entre-temps devenue planétaire, n'en est pas moins fondé dans la pensée les Grecs, qui depuis Platon s'appelle philosophie. « Heidegger. Essais et conférences, p. 51.  • Enfin peut-on parler de la philosophie ? Le reproche peut-il s'adresser à toute philosophie ? Cf. ce texte de Lénine : « Non seulement je ne fais pas leur philosophie (celle des philosophes) mais je ne fais pas de la philosophie comme eux. Leur façon de faire de la philosophie c'est de dépenser des trésors d'intelligence et de subtilité pour ne rien faire d'autre que de ruminer dans la philosophie. Mais je traite la philosophie autrement, je la pratique comme voulait More. « Lénine, Lettres à Gorki, 7 février 1908.  • Enfin méditez ce texte de Bertrand Russel. « La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous dire avec certitude quelle est la vraie réponse aux doutes qu'elle élève, peut, néanmoins, suggérer diverses possibilités qui élargissent le champ de nos pensées et les délivrent de la tyrannie de la coutume. «  • En plus des références ci-dessus reportez-vous au volume collectif : Qui a peur de la philosophie ? (Flammarion, coll. Champs ).


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« POUR DÉMARRER Est-il légitime de faire grief à la philosophie ( recherche de la sagesse ) de ne servir à rien ? La questions'autodétruit d'elle-même, car la philosophie apprend à vivre et à mourir. On pourrait être tenté de dire que la philosophie ne sert pas à grand chose en ce qu'elle pose des problèmes sansdonner de réponse, en ce qu'elle ne produit aucun véritable objet de consommation..., cela dit, ne peut-elle pasavoir une utilité ? Il vous faut alors remarquer que la notion d'utilité est toute relative : par exemple un couteau nesert pas pour faire chauffer de l'eau C'est donc semble-t-il dans son rapport à une fin, à un but, que la notiond'utilité se défini.

Il faudra alors vous demander quelle fin peut permettre de penser une utilité de la philosophie. Conseils pratiques La philosophie est d'abord exercice spirituel et sagesse.

Montrez bien, en vous appuyant sur des exemples(stoïcisme, épicurisme, etc.) qu'elle n'est pas d'abord spéculative.

Par conséquent, comment lui reprocher d'êtreinutile ? [La philosophie n'a aucune influence sur la réalité.

Elle pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.] Philosophie et ignoranceDans le Théétète, Socrate déclare avoir été appelé par les dieux pour «accoucher» les âmes.

Son art est deposer des questions.

Ainsi conduit-il celui qui y répond à savoir si les idées qui sont en lui sont des illusions oudes vérités.

Là s'arrête son talent.

Lui-même n'est sûr que d'une chose: il sait qu'il ne sait rien.

Le plus pur etle plus grand des philosophes confesse donc son ignorance.

La philosophie poserait des questions sans pouvoirleurs assigner de réponses. Cette phrase ("je sais que je ne sais rien") est attribuée à Socrate par son disciple Platon .

On en trouve la source dans l' « Apologie de Socrate » qui narre le procès intenté à Socrate par la ville d'Athènes alors que notre homme était âgé de 70 ans.

Dans ce beau texte, Platon fait le récit de la vocation philosophique de son maître et des raisons véritables de son procès.

On y voit Socrate enquêtant auprès de ses concitoyens pour savoir pourquoi l'oracle de Delphes l'avait déclaré le plus sage des hommes.

Il s'attire ainsi des inimitiés qui amènent sa condamnation à mort. Socrate est en quelque sorte le patron des philosophes, au point que l'on appelle « présocratiques » les penseurs antérieurs, comme si Socrate était l'origine de notre calendrier philosophique, à la façon dont Jésus-Christ l'est de notre ère. Or, Socrate , que l'on considère encore aujourd'hui comme « le plus pur penseur de l'Occident » (Heidegger ), est un personnage qui n'a rien écrit, dot toute l'activité s'est concentrée sur le dialogue avec ses concitoyens.

Les renseignements que nous avons concernant sa vie et sa pensée proviennent doncessentiellement de ses deux principaux disciples, Xénophon et surtout Platon . La déclaration de Socrate : « Je sais que je ne sais rien » est une pièce centrale de son procès. Ce procès, qui allait voir la condamnation à mort de l'homme « le plus sage et le plus juste », n'est pas seulement resté comme un exemple du courage de l'homme face à la mort, comme un exemple du justeinjustement persécuté.

Il n'a pas seulement alimenté les parallèles avec la fin de Jésus ; il a signé le divorceentre la philosophie et la politique.

Qu'une cité comme Athènes, démocratique et respectueuse des lois, ait pucommettre un pareil crime, une telle injustice, cela allait détourner Platon de la politique, et plus fondamentalement entraîner la conviction que : - les affaires humaines et notamment la politique sont indignes et de peu de prix. - Puisqu'antagonisme il y a entre le philosophe et la cité, et que la dernière persécute le premier, il n'y aurait de cité bien organisée et de philosophie possible dans la paix « que quand les philosophes seront rois et les rois philosophes ». On trouve la phrase étudiée dans le contexte suivant : Socrate explique que l'un de ses amis était allé à Delphes demander à l'oracle s'il y avait un homme plus sage que Socrate , et la réponse fut non. Socrate se trouve alors confronté au sens des paroles du dieu, car, s'il ne se croit pas lui-même sage, il ne peut remettre en cause les. »

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