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Peut-on revendiquer ses droits sans consentir à ses devoirs ?

Publié le 11/01/2004

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Ainsi l'individu auquel on retire ses droits ne se sent plus obligé de consentir à ses devoirs et vice versa.La notion de justice a en effet un contenu profondément « revendicatif », et on a bien ici un appel à la justice : revendiquer ses droits c'est réclamer ce qui est juste que l'on reçoive. Toutefois, les droits ne sont pas tous de même nature, un droit peut même être un droit et un devoir ( droit de vote), il me semble donc bon de distinguer deux sortes de droits : les droits « formels », les choses qu'en principe on est en droit s'exiger mais que la société n'est pas forcément en mesure d'accorder, par exemple : le droit au travail, et d'autre part, les droits « objectifs » tels que le droit de parole, le droit de vote, le droit de faire appel à l'appareil judiciaire. Revendiquer ses droits c'est aspirer à n'avoir que des droits « objectifs », ce qui est tout à fait légitime puisqu'il s'agit là d'une aspiration du respect intégral du « pacte social » fondamental.L'individu au sein de la société n'est pas contraint à consentir à ses devoirs (bien qu'il existe cependant des moyens de coercition), l'individu consent (ou ne consent pas) à ses devoirs, il y est obligé, il n'y est pas contraint, ou plus précisément les exigences morales les plus fondamentales l'obligent à consentir à ses devoirs, à respecter la deuxième clause du « pacte social » sans quoi il lui sera impossible de faire respecter la première. Bien que ce soient des exigences morales qui obligent l'individu à consentir à ses devoirs, je ne pense pas comme le préconise Kant que l'individu fasse son devoir par devoir et que ce soit « l'impératif catégorique » qui le pousse au respect de la deuxième clause dont j'ai parlé tout à l'heure, mais bien plutôt « l'impératif hypothétique » car c'est en consentant à ses devoirs qu'il pourra être dans son droit en revendiquant ses droits. La question : « peut-on revendiquer ses droits sans consentir à ses devoirs? » peut être comprise de deux façons différentes. D'abord, est-ce que effectivement certains individus ne revendiquent pas leurs droits sans consentir à leurs devoirs? La réponse me paraît évidente, en effet il existe des individus qui agissent de cette façon et ceci pour les raisons les plus diverses, mais le problème à mon avis, ne se situe pas à ce niveau.

Bien différencier les sens de « peut-on « (« est-il possible de « ou « a-t-on le droit de «, « est-il légitime de «).

Ne pas confondre — comme si cela allait de soi — « droit « et « intérêt «.

Se demander si, dans la mesure où « devoir « et « droit «

sont (ou seraient) deux aspects complémentaires de telle ou telle valeur, on ne pourrait poser en principe qu'ils seraient

corrélatifs.

Cf. R. Le Senne, Traité de morale générale, notamment des pages 602 à 607:

« Le droit est légitime où la personne est capable d'assumer l'envers comme l'endroit de ses droits, c'est-à-dire ce par quoi ils lui imposent des charges comme ce par quoi ils lui procurent des avantages. «

Se demander si cette corrélation (supposée) peut s'appliquer à tous les cas envisageables.

Méditer cette affirmation de Renouvier (Science de la morale,

livre III, 2e section) :

Le Droit est, de son espèce, revendicable sur quelqu'un; il est un crédit et, par conséquent, suppose le devoir ou débit de quelqu'un. Inversement, on ne saurait définir un devoir... et ne pas attribuer en même temps un crédit à celui vis-à-vis de qui le débit existe. «

« fins rendu possible par la liberté de la volonté.

» La question : « peut-on revendiquer ses droits sans consentir à ses devoirs? » peut être comprise de deux façonsdifférentes.

D'abord, est-ce que effectivement certains individus ne revendiquent pas leurs droits sans consentir àleurs devoirs? La réponse me paraît évidente, en effet il existe des individus qui agissent de cette façon et ceci pourles raisons les plus diverses, mais le problème à mon avis, ne se situe pas à ce niveau.

Le problème est, je crois, desavoir si en répondant aux exigences de la morale la plus élémentaire, on est en droit d'agir de cette façon.

Aupremier abord il semble que rien ne puisse justifier une telle attitude puisqu'il s'agirait là de violer les clauses d'uncontrat auquel on se doit d'adhérer du seul fait de son appartenance à une société donnée.

Cependant, revendiquerses droits et consentir à ses devoirs implique qu'il n'existe pas un trop grand déséquilibre entre ses droits et sesdevoirs, c'est-à-dire en d'autres termes que la société en question soit juste ou du moins aspire à la justice.

Eneffet, quel intérêt un individu aurait-il à consentir à des devoirs qui seraient sans commune mesure avec les droitsqui lui sont accordés en retour? Si on retire à l'individu ce qu'il est en droit d'attendre de la société, il est évidentqu'on anéantit par là-même l'obligation morale qui le fait consentir à ses devoirs.

La revendication dans ce cass'intensifie et l'individu ne se sent plus cependant obligé à consentir à ses devoirs : ceci est à mon avis pour lemoins légitime.

Ce n'est pas sans mal que l'individu consent à ses devoirs qu'il ressent souvent comme des contraintes, desdiminutions de liberté.

Il faut au moins, comme je l'ai dit tout à l'heure, que ses droits correspondent plus ou moins àses devoirs et que d'autre part les devoirs en question soient utiles à la bonne régulation des rapports sociaux.

Sices conditions ne sont pas, remplies on s'expose à une révolte légitime de l'individu qui tout en ne consentant plus àses devoirs,revendiquerait d'autant plus violemment ses droits, causant ainsi une désorganisation totale des rapports sociaux.Un autre problème se présente alors car il est très difficile d'évaluer réellement si les droits accordés sont enéquilibre avec les devoirs et de plus la notion d'utilité est pour le moins imprécise et relative.En acceptant la notion de droit, l'individu rejette la « justice » uniquement fondée sur le droit du plus fort et surl'arbitraire, il s'élève ainsi jusqu'à une « justice sociale » et bénéficie ainsi d'une augmentation de liberté.

On aremplacé la contrainte physique par l'obligation morale, mais les contraintes naissant nécessairement de la vie ensociété ne peuvent être pour autant annihilées.

Puisqu'il existe des contraintes, essayons au moins de ne pas lesamplifier et de les rendre justes par leur bonne répartition. Le devoir doit être une contrainte « juste » et perdre ainsi par le seul fait qu'elle soit juste son caractère decontrainte et devenir une obligation morale.

Dans ce cas on ne peut ni ne doit revendiquer ses droits sans consentirà ses devoirs.. »

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