-les Stoïciens : cette
possibilité d'abstraction de la conscience, opposant son mode d'être à celui du
monde, les Stoïciens, Cicéron par exemple, la mettent à profit pour penser une
liberté inconditionnée de la conscience par rapport au cours des évènements. La
conscience possède une indépendance irréductible face au destin : elle ne peut
le changer bien sûr, le cours des choses et le cours de la conscience étant de
natures différentes. Mais elle peut choisir son attitude face à lui : s'y
opposer, y consentir, l'ignorer... Le pouvoir d'abstraction de la conscience
fonde donc la liberté morale de l'homme.
III La séparation comme
activité de la conscience, vers une communauté avec le monde : Bergson et
Nietzsche
-Bergson : la conscience
est une activité psychologique de sélection et de déformation de la nature du
monde. La conscience pense le monde de façon rigidifiée et spatiale, instaurant
ainsi une pseudo-distance entre elle-même et ce monde, permettant ainsi une
illusion de séparation entre les deux (La pensée et le mouvant). Mais
pour Bergson, la conscience n'a pour fonction que de réactualiser la dynamique
psychique inconsciente, laquelle est directement en prise avec le monde : la
conscience ne prétend se séparer du monde que pour finalement mieux s'y
inscrire.
-Nietzsche critique
l'abstraction de la conscience, qui serait dotée d'une neutralité d'appréhension
du monde, lui offrant la possibilité de se détacher de celui-ci. Pour Nietzsche,
la conscience n'est qu'une forme de volonté de puissance, qui a la particularité
de nier cette dimension de volonté (La Généalogie de la morale). Or, pour
lui, le monde dans sa globalité est expression de volonté de puissance : la
conscience relève donc du même type de réalité.
De manière spontanée, la concience nous donne un monde, nous permet l'accès à celui-ci, nous manifestant comme pris dans ce monde de manière naturelle, immédiate. Et pourtant, la nature psychologique même de la conscience indique bien une différence de nature possible avec le monde, que traduisent nos possibilités d'introspection, de réflexion, qui appréhendent le monde sans pour autant s'y impliquer de façon matérielle. Dès lors, comment articuler ce sentiment d'appartenance au monde que fournit la conscience à cette nature qui apparaît comme différente de la matérialité du monde ? Serait-ce que la séparation est le mode même de relation que la consicence installe entre le sujet et son monde ?