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Peut-on tirer une jouissance esthétique de ce qu'on ne comprend pas ?

Publié le 25/12/2005

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Citons encore une fois Voltaire : « Le goût se forme insensiblement dans une nation qui n'en avait pas parce qu'on y prend peu à peu l'esprit des bons artistes. On s'accoutume à voir les tableaux avec les yeux de Le Brun, du Poussin, de Le Sueur ; on entend la déclamation notée des scènes de Quinault avec l'oreille de Lulli, et les airs, les symphonies, avec celle de Rameau. On lit les livres avec l'esprit des bons auteurs. » Quant à l'art de cour, des palais minoens aux salons de la princesse Mathilde, certes il impose un style, mais il oriente aussi le goût, d'abord dans le pays où il est né, puis partout où s'exerce l'influence de celui-ci. Dans ce cadre, la jouissance esthétique peut exister à la condition que l'individu ait reçu un minimum d'éducation artistique, qu'on lui ait montré ce qui valait la peine d'être aimé. Plus un individu serait éduqué, plus il serait à même d'éprouver du plaisir esthétique. 3) L'oeuvre d'art est à comprendre.   L'oeuvre d'art est muette, l'interprétation a donc pour but d'expliciter le sens d'une oeuvre d'art. Rien n'est insignifiant dans une oeuvre d'art, tout a une signification. Toute bonne interprétation est exhaustive mais aucune n'est définitive.

Si la jouissance esthétique provient d'une satisfaction désintéressée (Kant, Critique de la faculté de juger), cela reviendrait à dire que l'on peut aimer une oeuvre d'art juste pour sa beauté formelle, même si on ne la comprend pas. Puisque le beau doit plaire (toujours selon Kant) universellement sans concept, il paraît logique que la compréhension, la connaissance ne soient pas un critère. On peut aimer (et en tirer une certaine jouissance esthétique) ce que l'on ne comprend pas. D'une certaine manière, ce serait justement parce qu'on ne comprend pas qu'il y a jouissance esthétique. Mais cette position ne vaut-elle pas que pour le sujet qui reçoit l'oeuvre ? L'artiste n'a-t-il aucune jouissance esthétique dans la création, ou seulement s'il ne comprend pas ce qu'il fait ? Cela paraît déjà plus discutable. Et la compréhension ne peut-elle participer à la jouissance ? Par exemple, pour le tableau Guernica de Picasso, on peut tirer une jouissance esthétique plus grande en sachant qu'il évoque la guerre civile de 1936. Le sens de l'oeuvre vient fusionner avec la beauté formelle. L'oeuvre fait sens de manière certaine pour Hegel, puisqu'elle incarne la Vérité. Or l'art fait-il sens même quand je ne le comprends pas parce qu'il est habité de cette vérité ?

 Cette question pose l’éternel problème de la nature de l’expérience esthétique, si elle est purement sensible ou si elle nécessite une éducation intellectuelle. On réduit souvent notre contact avec les œuvres d’art à un plaisir sensible que tout à chacun pourrait ressentir. Cela serait ignoré le facteur culturel qui forge notre capacité à ressentir des émotions esthétiques, autrement dit le goût. Aussi la jouissance esthétique serait plus compréhensible si l’on se l’imagine comme étant un mixte de pur impression formelles et de culture. Il faut aussi faire la différence entre la culture et la compréhension. On peut connaître une culture sans véritablement la comprendre, par exemple pour l’Egypte antique que tout le monde connaît mais qui reste dans beaucoup de cas mystérieux, comme les étrusques, la culture des hommes préhistoriques. Dans ce cas, ces civilisations peuvent engendrer de belles œuvres d’art sans parfois qu’on comprenne la culture qui les a vu naître.

 

« individuel, influence les choix ultérieurs et développe les tendances majeures de la personnalité.

Il n'en reste pas moins que l'œuvre des peintres, des sculpteurs, des architectes peut exercer une influence décisive sur le goût,soit que les artistes s'imposent d'eux-mêmes et imposent leur propre conception de la beauté , soit qu'ils se trouvent mis en vedette, protégés, imposés par les puissants du jour.

Citons encore une fois Voltaire : « Le goût seforme insensiblement dans une nation qui n'en avait pas parce qu'on y prend peu à peu l'esprit des bons artistes.

Ons'accoutume à voir les tableaux avec les yeux de Le Brun, du Poussin, de Le Sueur ; on entend la déclamation notéedes scènes de Quinault avec l'oreille de Lulli, et les airs, les symphonies, avec celle de Rameau.

On lit les livres avecl'esprit des bons auteurs.

» Quant à l'art de cour, des palais minoens aux salons de la princesse Mathilde, certes ilimpose un style, mais il oriente aussi le goût, d'abord dans le pays où il est né, puis partout où s'exerce l'influencede celui-ci.

Dans ce cadre, la jouissance esthétique peut exister à la condition que l'individu ait reçu un minimumd'éducation artistique, qu'on lui ait montré ce qui valait la peine d'être aimé.

Plus un individu serait éduqué, plus ilserait à même d'éprouver du plaisir esthétique. 3) L'œuvre d'art est à comprendre. L'œuvre d'art est muette, l'interprétation a donc pour but d'expliciter le sens d'une œuvre d'art.

Rien n'estinsignifiant dans une œuvre d'art, tout a une signification .

Toute bonne interprétation est exhaustive mais aucune n'est définitive.

La signification artistique est donc inappropriable, car une œuvre d'art a une infinité de sens.

Pourune même œuvre d'art, il peut y a une interprétation philosophique, une interprétation religieuse au sujet, et uneinterprétation esthétique qui se réfère à l'histoire de l'art.

Aussi interpréter, veut dire expliciter la signification, faireressortir le sens.

Expliquer revient à donner les causes.

Un artiste ne sait jamais ce qu'il va peindre, la couleur parelle-même va produire une signification inattendue.

Le langage artistique n'est donc pas contrôlé par une intentionet une œuvre d'art en sait toujours plus que l'artiste lui-même.

Pour Wölfflin, dans les principes fondamentaux de l'histoire de l'art . Le langage artistique est autonome, tout est essentiel.

Pour lui « Le bon Dieu vit dans les détails » Il opère une psychologie des formes.

Ainsi l'esprit des peuples se révèle dans les formes.

Il adopte un couple de 5catégories pour interpréter les œuvres d'art.1) style linéaire : limite simple et clair qui sépare les objets.

Regardstatique à l'exemple de Dürer.

Style pictural : regard vagabond, Rembrandt.

2) plan / profondeur : attirer le regardvers le fond du tableau.

3) Forme fermée : présence de la totalité, forme ouverte : totalité excessive.

4)Unité/pluralité 5) clarté/ obscurité (goût du baroque, même la lumière peut cacher) Ces catégories recoupentessentiellement la distinction entre le classique et la baroque.

En cela ces catégories sont d'inspiration kantienne.Elles permettent de faire ressortir ce que nous dit l'art de l'esprit.

Il s'agit de formes de sensibilité plastiqueuniverselle et nécessaire comme chez Kant.

De même Cassirer, élargit à la culture les catégories kantiennes, avecl'idée de formes symboliques.

Il s'agit de principes intelligibles qui opèrent une synthèse sensible qui sont toujours àl'œuvre dans le sensible.

Panofsky contrairement à ce dernier ne sépare pas la forme du fond.

Panofsky reproche àla modernité de ne s'attarder que sur la forme.

L'œuvre d'art exprime un contenu.

La forme n'est pas un récipientvide.

L'œuvre d'art est du sens qui s'adresse au sens. On ne dit pas la même chose avec le style linéaire ou pictural.

La forme exprime un contenu particulier.

L'époque décide plus que l'artiste lui-même.

Panofsky veut rendre manifeste l'œuvre de l'esprit, pour lui il n' y a pas de sensible pur dans l'œuvre d'art.

On ne peut pas rester à lasurface des œuvres d'art, à ses formes mais rentrer dans le domaine de la culture et par là dans celui del'éducation.

On comprend qu'à partir du moment où l'on rentre dans le domaine de l'art, les simples impressions sensorielles ne suffisent pas, la compréhension, seule manière de comprendre le monde humain doitrentrer en ligne de compte. Conclusion. On peut tirer une jouissance esthétique de ce qu'on ne comprend pas que dans l'instant de ce plaisir esthétique.Aussi pour parler véritablement de cette jouissance esthétique, il faut rentrer dans le domaine de la culture et c'estindispensable pour mettre des mots sur les sensations.

Aussi le plaisir esthétique sera toujours un mixte de sensibleet d'intelligible.

Un domaine intelligible qui poussera toujours l'homme à interpréter ce qu'il voit, à lui donner un sens,à dépasser la pure surface des choses.. »

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