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Le vivant est-il entièrement connaissable ?

Publié le 12/01/2004

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«Puisque le savoir et la science arrivent, pour toutes les voies de la recherche dont il y a principes, causes ou éléments, en acquérant la connaissance de ceux-ci […], il est clair que pour la science de la nature aussi, il faut tenter de déterminer d’abord tout ce qui concerne les principes.«

 

            C’est ainsi qu’Aristote ouvre sa Physique (en 184a10). Il considère la science de la nature comme une autre science, et nous demande de procéder de la même façon : rechercher les principes, pour pouvoir étendre sa compréhension à tous les phénomènes. Mais le vivant est-il entièrement connaissable ? Le problème n’est pas de ce demander s’il y a un sens à tout connaître, mais de voir si le vivant n’enveloppe pas de spécificité capable de faire obstacle notre connaissance : Y a-t-il quelque chose qui nous échappe dans le vivant ? Après avoir examiné l’étendue spatiale et temporelle du vivant, nous nous interrogerons sur la complexité de ses principes, avant de voir sa dimension réflexive en l’humain.

« III - Avec quels moyens ? a) Toute science est liée à la technique et à ses progrès.

Descartes (5e du Discours) dissèque un veaumort pour connaître l'homme.

Moins par interdit de toucher le corps humain que limité par les appareilsgrossissants.

La valeur de la connaissance du Traité de l'Homme est liée au vocabulaire non spécifiquemais aussi à l'enregistrement des observations.

Le dessinateur répond à des règles d'art classique,sélectionne selon le savant et selon son oeil, et ne parvient pas à transmette la complexité. b) On comprend alors pourquoi Bruno Latour dans La Clé de Berlin et autres leçons d'un amateur descience (Éd.

La Découverte), donne aux objets de laboratoire un statut égal à celui de l'homme, dans cecollectif qu'est la connaissance.

Par leur valeur symbolique, par leurs relations avec le monde savant etnon-savant, ils modifient le vivant.

Non seulement la limite du savoir dépend de leur pouvoir mais estimprégné de leur valeur sociale. c) Qu'est-ce alors que le vivant ? Le microbe étudié par Pasteur est objet de laboratoire mais aussiinfluence l'utilisation des outils de laboratoire (stérilisation par exemple).

Et le microbe est acteur dansl'imaginaire des contemporains.

Nous héritons plus tard des représentations issues de la définition del'objet tel que le travaille à une époque, la science.

Le vivant déborde donc un savoir précis. Conclusion. Naturellement le vivant n'est jamais entièrement connaissable.

Sans doute parce que la vie estévolution, devenir, marquée par le temps irréversible. CITATIONS: « La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

» Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort, 1800. « La vie est l'ensemble des fonctions capables d'utiliser la mort.

» Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée, 1979. « La faculté d'un être d'agir selon ses représentations s'appelle la vie.

» Kant, Doctrine du droit, 1797. « La vie apparaît comme un courant qui va d'un germe à un germe par l'intermédiaire d'un organisme développé.

» Bergson, L'Évolution créatrice, 1907.Ce courant, c'est précisément l'élan vital, qui se transmet d'individu à individu, de génération à génération, d'espèce à espèce ens'intensifiant toujours davantage et en créant perpétuellement de nouvelles formes, plus complexes que les précédentes. « Je suppose que le corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de terre [...].

Dieu met au-dedans toutes les pièces qui sontrequises pour faire qu'elle marche, qu'elle mange, qu'elle respire...

» Descartes, Traité de l'homme, 1662 (posth.) « Chaque corps organique d'un vivant est une espèce de machine divine, ou d'automate naturel, qui surpasse infiniment tous lesautomates artificiels.

» Leibniz, La Monadologie, 1721 (posth.) « Lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en cela comme des horloges.

» Descartes, Lettre au Marquis de Newcastle, 1646. « Mettez une machine de chien et une machine de chienne l'une auprès de l'autre, et il en pourra résulter une troisième petite machine,au lieu que deux montres seront auprès l'une de l'autre, toute leur vie, sans jamais faire une troisième montre.

» Fontenelle, Lettres galantes, 1742. « La pensée du vivant doit tenir du vivant l'idée du vivant.

» Canguilhem, La Connaissance de la vie, 1952. « La vie est [...] la liberté s'insérant dans la nécessité et la tournant à son profit.

» Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919. La vie, pour Bergson, tranche radicalement sur la matière.

Le monde matériel obéit à des lois immuables et nécessaires.

Dans ce monderégi par le déterminisme le plus strict, le vivant introduit l'indétermination et la spontanéité ; d'une façon toujours imprévisible, il « senourrit» en effet de la matière pour la transformer à son profit. « Dieu et la Nature ne font rien en vain.

» Aristote, Du ciel, ive s.

av.

J.-C. « La biologie moderne a l'ambition d'interpréter les propriétés de l'organisme par la structure des molécules qui le constituent.

»François Jacob, La Logique du vivant, 1970. « Toutes les propriétés de la matière vivante sont, au fond, ou des propriétés connues et déterminées, et alors nous les appelonspropriétés physico-chimiques, ou des propriétés inconnues et indéterminées, et alors nous les nommons propriétés vitales.

» Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865.L'élan vital n'est invoqué, selon Claude Bernard, que pour expliquer les phénomènes obscurs et inexplicables, dont la physique et lachimie sont incapables de rendre compte : « quand nous qualifions un phénomène de vital, cela équivaut à dire que c'est un phénomènedont nous ignorons la cause prochaine ou les conditions ». « On voit dans les plantes mêmes les choses utiles se produire en vue de la fin, par exemple les feuilles en vue d'abriter le fruit.

»Aristote, Physique, Ive s.

av.

J.-C.Le finalisme postule que la nature ne fait en rien en vain, que tout ce qu'elle produit existe en vue d'une fin.

Ainsi, tous les organes de laplante s'expliquent par le fait qu'ils visent chacun un but précis, qui participe à la survie ou à la reproduction de la plante.

Si la forme desfeuilles est adaptée à la protection du fruit, c'est bien que cette protection constitue la « cause finale » (ou la fin) des feuilles. « Aucun organe de notre corps [...] n'a été créé pour notre usage; mais c'est l'organe qui crée l'usage.

» Lucrèce, De la Nature, nef s. av.

J.-C.. »

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