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Peut-on tout expliquer de l'histoire ?

Publié le 03/09/2005

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histoire

Expliquer quelque chose revient à rendre raison de ce quelque chose, c'est-à-dire à déterminer la cause d’un effet (cause efficiente) ou la raison de cet effet (cause finale, pensée comme le « ce vers quoi « tend cette chose). L’acte d’expliquer est donc orienté vers une compréhension de ce qui cause une chose, et de la fin vers laquelle elle tend.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir. Lorsque nous parlons de cours de l’histoire, nous faisons référence à l’histoire conçue dans sa continuité, dans sa capacité à évoluer avec le temps : il s’agit dans ce cas de l’évolution historique. 

A première vue, la thèse qui consisterait à soutenir que l’on peut tout expliquer de l’histoire ne saurait que nous surprendre. En effet, une telle thèse implique qu’il serait possible de rendre raison de l’ensemble des causes des évènements historiques, et de l’ensemble des fins de ces évènements : or une telle activité nécessiterait un degré de connaissance et de savoir dont l’être humain n’est nullement susceptible. Cependant, s’il n’est pas possible de tout expliquer de l’histoire, peut-être est-il envisageable de déterminer vers quoi elle tend, non dans le détail des évènements historiques, mais au moins dans son mouvement global. Enfin, nous verrons que sur le fondement de cette connaissance de la fin vers laquelle tend globalement le mouvement historique, il est possible d’expliquer la cause finale de celui-ci.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer dans quelle mesure il est possible de rendre raison des causes efficientes et des causes finales à l’œuvre dans l’histoire. 

histoire

« Ce texte nous montre que nous devons distinguer deux sortes de traces : les unes, s'intégrant de manière diffusedans les représentations collectives, constituent une mémoire nationale ; les autres sont les documents quel'historien examine pour départager la vérité du mensonge et écrire l'histoire.

Les choses servent donc en toutpremier lieu comme supports à l'activité de l'historien.

En effet, notre concept d'histoire implique que celle-ci soit l'ensemble des changements qui se sont succédés dans toutes les sociétés humaines et tous les domaines d'activité– technique, artistique, économique, politique, religieux… Mais une histoire ne peut être conçue que pour autant quedes documents écrits ont été consignés.

Une enquête historique suppose de disposer de documents, d'archives :elle dépend de l'écriture, qui seule permet d'accéder à la pensée des peuples du passé.

Si l'histoire dépend detraces, de documents pour être écrite, il est impossible de tout expliquer de l'histoire car il nous manquera toujoursdes documents qui seront susceptibles de surgir.

Par exemple, on a longtemps cru que les temples de la Grèceantique étaient d'une blancheur immaculée parce qu'ils nous apparaissent tels aujourd'hui.

Or, de nouvellestechniques nous ont permis de découvrir, à l'aide d'infimes traces de pigments, qu'ils étaient en vérité multicolores.Nous dirons donc qu'il est impossible de tout expliquer de l'histoire, car notre connaissance des documentsnécessaires à cette fin est toujours insuffisante. II.

Si nous ne pouvons tout expliquer de l'histoire, en revanche nous pouvons rendre raison de son mouvement général a.

« L'Histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté » (Hegel) Cependant, nous ne pouvons nous poser la question « Peut-on tout expliquer de l'histoire ? » sans nous demanders'il ne serait pas possible de découvrir un mouvement générale de cette dernière.

Certes, l'histoire dans le détail estimpossible à expliquer pour les raisons que nous avons exposées plus haut (insuffisance de notre entendement et denotre connaissance) mais il demeure envisageable de rendre raison de la fin vers laquelle elle s'achemine.

En effet,n'est-il pas possible de distinguer un sujet de l'histoire dont les actions pourraient être orientées vers une fin ? Leterme « sujet » désigne l'être pensant, agissant, qui s'exprime par ses actes et a conscience de lui-même.

Quant auterme « histoire » il est également polysémique puisqu'il ne désigne pas seulement la discipline historique, mais lacontinuité temporelle.

A ce titre, nous pouvons nous demander s'il n'y a pas une entité, concrète ou non, qui réalisel'histoire, qui la fait advenir sciemment et donc de manière orientée vers une fin précise.

Telle est précisément lathèse défendue par Hegel, pour qui l'histoire obéit à une rationalité.

Celle-ci peut-être considérée comme undéveloppement linéaire, organisé, qui ne se produit pas au hasard et selon la contingence des circonstances, mais,au contraire, qui obéit à un plan que l'entreprise philosophique a pour tâche de comprendre, de saisir, d'identifier.Telle est la thèse fameuse défendue par Hegel dans La raison dans l'Histoire (1822) : « Dieu gouverne le monde, le contenu de son gouvernement, l'accomplissement de son plan, est l'histoireuniverselle.

Saisir ce plan, voilà la tâche de la philosophie de l'histoire, et celle-ci présuppose que l'Idéal se réalise,que seul ce qui est conforme à l'idée est réel.

A la pure lumière de cette Idée divine, laquelle n'est pas un simpleidéal, s'évanouit l'apparence que le monde est un devenir insensé.

La philosophie veut connaître le contenu, laréalité de l'idée divine, et justifier la réalité méprisée ». b.

Le cours de l'histoire est explicable dans son ensemble mais non dans le détail des évènements historiquesparticuliers A la lumière de cette thèse, nous pouvons préciser en quel sens il nous est possible d'expliquer non l'ensemble del'histoire, mais son mouvement général : parce que l'histoire permet la réalisation progressive de la liberté, au fur età mesure d'étapes successives.

Comme l'écrit Hegel « l'histoire est le progrès dans la conscience de la liberté ».

Il suffit pour l'établir de reconnaitre les principales étapes du processus de reconnaissance de la liberté : démocratiegrecque, Réforme, Révolution.

Certes, Hegel montre bien que la rationalité historique n'implique pas la linéarité deson développement.

En effet, le devenir historique ne se fait que par l'effort des hommes, au hasard des conditionsmatérielles, plus ou moins favorables.

S'il y a bien une nécessité historique du développement de la liberté, ceprogrès n'est pas comme une évolution naturelle assurée et irrésistible.

Il peut fort bien stagner, même régresser,selon le degré de conscience que les hommes acquièrent et conservent de leur liberté : voilà pourquoi il estimpossible de tout expliquer de l'histoire, car dans le détail, des comportements sont à rebours de l'histoire, la fontstagner, sinon involuer.

Mais il existe bien une rationalité historique par laquelle s'affirme la liberté de l'humanité.. »

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