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Peut-on vivre sans donner un sens a sa vie ?

Publié le 18/02/2005

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Pensées). S'ouvre alors à la pensée le caractère tragique inhérent de la condition humaine. Malgré cela Pascal reconnaît néanmoins une nature philosophique de l'homme. L'homme, ayant conscience de sa nature faible et misérable (conscience de sa « finitude », c'est-à-dire de son caractère essentiellement fragile et mortel), cherche à donner sens à cette expérience absurde et tragique primordiale. L'homme est une créature chimérique, égarée au sein d'un univers inintelligible. La philosophie est alors consacrée, avec Pascal, comme investigation spécifiquement humaine du sens (caché !) de l'existence. La pensée humaine, cette conscience du caractère tragique et fini de son existence est cela même qui constitue, dans la recherche de sens, la grandeur humaine. Dieu sera alors l'Être, d'abord caché, qui donnera suprêmement un sens à nos existences misérables. Pascal affirmera donc la nécessité fondamentale d'une recherche humaine de sens de l'existence. Kierkegaard reconnaît également la radicale nécessité d'une recherche de ce qui donnerait enfin un sens à nos existences d'abord apparemment absurdes.

« Mais ce sens paradoxal (car contradictoire parce qu'absurde !) est-il à hauteur humaine ? N'est-il pas fédérateurd'un désespoir infini et intenable ? II.

La vie lucide en vertu de l'absurde L'assomption du caractère radicalement absurde de l'existence conduit, des mots même de Kierkegaard, à une vieaustère, désespérée et recluse vouée à Dieu.

Kierkegaard réitère l'adage romain en parlant d'une vie vécue « envertu de l'absurde » ( credo quia absurdum signifie « croire en l'absurde » ).

Cette forme de vie est, selon le Danois, la seule qui soit à la hauteur du désespoir.

Ce dernier, loin d'être une fatalité négative, est ce « saut qualitatif »dans le « religieux » qui ouvre l'existant à une découverte de sens véritable de la vie.

En effet, seul ce saut dans lafoi permet à l'homme de découvrir une signification véritable à cette angoisse qui le poursuit.

Il prendra pourexemple Abraham qui « n'a pas cherché la vérité ailleurs qu'au fond de son propre désespoir ».

« Abraham a cru envertu de l'absurde » (Cf.

Étapes sur le chemin de la vie ).

Cependant l'homme qui donne un tel sens religieux, absolu, à son existence, s'expose à un sacrifice tout autant absolu.

Loin d'être en adéquation avec les règles éthiques etmorales de la vie courante, ce sens oblige l'homme à agir en dehors de l'échelle des normes morales.

Abraham,contre toutes les lois en vigueur, accepte le commandement divin (insensé) qui lui dicte de tuer son fils de sa propremain !L'homme qui donne donc un sens religieux absolu à sa vie s'expose à agir de manière scandaleuse aux yeuxdes siens et de la raison courante. N'est-il pas possible, donc, de redonner un sens nouveau (plus acceptable, plus vivable pour l'homme ?) à l'absurditéde son existence ? Schopenhauer sera l'instigateur de ce sens « irreligieux » (en dehors des considérations religieuses et de sesdogmes) qui préside à l'existence humaine.

L'absurde caractérise certes le vécu humain.

Mais cet absurde n'est pasle fait du divin.

Il est absurde radical, totale incompréhension de l'existence humaine par elle-même.

Au fondementde l'existence subsiste la « Volonté » nous dit Schopenhauer.

Certes, il admet un « besoin métaphysique » quicaractérise l'homme, sorte d'étonnement devant le monde, l'existence, la souffrance et la mort inéluctables quipousse ce dernier à rechercher la signification profonde de son existence dans un monde qui apparaît alors commeune grande énigme qu'il doit déchiffrer.

Dès lors Schopenhauer reconnaît, avec Kant (il parle d'une « maladienaturelle de la raison »), une nécessité humaine à vouloir trouver, par spéculations incessantes, un sens à cette viemystérieuse.

Mais Schopenhauer voit dans cette démarche une croyance illusoire en un sens objectif.

La racine del'existence est, selon lui, le « vouloir vivre ».

Mais ce vouloir vivre n'a aucune autre signification que lui-même ! « Le monde comme chose en soi est une grande volonté qui ne sait pas ce qu'elle veut parce qu'elle ne sait pasmais veut simplement, précisément parce qu'elle est une volonté et rien d'autre » (Cf.

Le Monde comme volonté et comme représentation ).

Ce « vouloir vivre » est pensé par Schopenhauer comme une puissance aveugle, sans origine, sans but et dépourvue d'un sens objectivable humainement.

Il est suprêmement et radicalement absurde.C'est justement par le « manque » que naît chez l'homme ce désir de signification.

Parce que l'homme estessentiellement manque (de repères, de buts et de certitudes) il est essentiellement désir de combler ce manque(illusoirement !). Sartre et Heidegger reconnaîtront à leur tour ce caractère contingent et finide l'existence humaine se découvrant elle-même.

La finitude existentielle,dont l'homme à conscience, est cela même qui le pousse à toujours d'abord lafuir et, dans un second temps, à donner singulièrement (individuellement) unsens à son existence « factice » (qu'il découvre ici et maintenant, sanscontexte, sans repères et sans but).

L'homme, dit Heidegger, est« configurateur de sens » (Cf.

Être et Temps ).

C'est-à-dire qu'il est à la fois prédisposé à construire par lui-même le sens manquant à son existence maiségalement qu'il n'y a aucun savoir sûr et objectif préalable qui préside auxchoix significatifs que l'existant fera dans sa vie.

L'absurdité fondamentale del'existence est, ici aussi, consacrée par la pensée existentielle.

Conclusion Ne pas donner de sens à sa vie c'est se plonger dans une solitude, uneignorance et un désespoir infini.

Une vie dans l'instant et dans le plaisirimmédiat conduit l'homme, infailliblement, à désespérer de cettesituation dans laquelle il se comporte plus comme un animal (qui vit dansl'instinct et l'immédiateté sourds) que comme un homme. Mais l'absurde peut être cela même, lorsqu'il est affirmé, qui conduit l'homme à donner un sens nouveau(religieux, existentiel...) à son existence.

Le fait est que l'homme, malgré tout, ne peut s'empêcher de créer unsens, certes, d'abord absent de cette vie découverte in medias res (en cours).. »

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