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Peut-on vivre sans travail ?

Publié le 27/12/2005

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travail
Une vie sans travail se résumerait donc à celle de la bête qui ne peut penser un autre état que celui dans lequel elle se trouve, ce serait nier la fonction sociale du travail. Perdre son travail, ce n'est pas uniquement perdre son moyen de subsistance, mais perdre une partie de son identité, cesser de coopérer au fonctionnement de la société, et par là, perdre le sentiment d'appartenance au tout sociétal. Là se pose la question de la reconnaissance qu'inclut le travail : l'individu est en effet reconnu par son travail, au même titre que dans la Cité idéale de Platon il existait des individus nés pour être artisans, d'autre dirigeants. Si de nos jours le mythe ne survit pas, subsiste ce besoin de reconnaissance de ses compétences et d'appartenance à un tout. Vivre sans travail, c'est vivre dénué de la reconnaissance de ses talents. Par ailleurs, ce que dénonce H. Arendt, ce n'est pas tant la vita activa que la transformation progressive de l'homo sapiens en animal laborans  : celui qui travaille sans qu'aucun acte créateur ne sous-tende son action. Or, cet acte créateur, il est présent non seulement dans le travail de la matière, mais aussi dans le travail de l'esprit : imaginer, concevoir, autant d'activités de la pensée, qui sont réalisées par l'homme tant dans son travail que sa vie hors de celui-ci. Imaginer un homme sans travail de cette sorte, c'est imaginer un homme qui ne soit pas doué de raison, c'est donc un homme réduit à l'état végétatif. Vivre sans travail, en utilisant le terme « travail » au sens de transformation de soi par ses actes, c'est être réduit à une bête de somme.

Avant la Chute, Adam et Eve jouissaient des richesses du jardin d’Eden, sans avoir à travailler. Cet état d’innocence et de béatitude est bien vite anéanti, et les hommes condamnés à gagner leur pain « à la sueur de leur front «. La paresse devient un des sept pêchés capitaux : l’oisiveté est prohibée tant par l’Eglise que par la morale. Pourtant, la tentation de vivre sans travailler reste forte : mais est-il possible de préserver des liens sociaux sans apporter sa contribution à la communauté ? Ne pas travailler, n’est-ce pas également éviter de se heurter à son environnement et à autrui ? Si les enjeux de ces interrogations s’avèrent tout à la fois relever de la morale et de la politique, c’est que le travail est synonyme de transformation tant de soi que de la nature : une vie sans travail, n’est-ce pas une vie sans résistance, menée uniquement dans le souci de soi et de l’instant ?

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« de vie sans travail.

Sans tomber dans un éloge de l'oisiveté, si c'est la perfectibilité qui définit l'homme, c'est enréfléchissant ses choix et actions que l'homme peut réellement se prétendre tel.

Il est donc nécessaire de suspendreson jugement, de cesser ses activités, pour revenir à une vie mesurée et morale.

[ici, un certain parallélisme avec ladémarche cartésienne est possible] 2.

Autre possibilité : on doit vivre sans travail si le travail aliène l'homme Ce que dénonce Marx dans l'organisation capitaliste du travail, c'est quel'individu n'est plus considéré que comme force de travail, effectuant unetâche répétitive qui en aucun cas ne peut contribuer à son bien-être.

Le« travail aliéné » réduit l'homme à une possibilité de profit pour la classedirigeante.

Refuser de travailler, faire la grève, c'est dès lors résister contrel'asservissement de l'homme par l'homme.

Dans le cas contraire, c'estaccepter que l'homme régresse vers l'animal, réduit à son travail pourrépondre à ses besoins, n'y trouvant aucune source de satisfaction. Marx: Capitalisme et lutte des classes 1.

L'histoire et la lutte des classesCependant, l'organisation sociale se transforme au cours de l'histoire.

Lesmodes de production changent (techniques et ressources utilisées), ainsi queles rapports entre les hommes qui en résultent, les classes qu'ils forment :maîtres et esclaves dans l'Antiquité, seigneurs et serfs au Moyen Âge, enfinbourgeois et prolétaires au XIXe siècle.

Les luttes pour le pouvoir politiqueexpriment un antagonisme fondamental entre ceux qui possèdent les moyens de production (usines, machines) et ceux qui en sont privés.

C'est pourquoi Marx peut affirmer (Manifeste du Particommuniste) que l'histoire de la lutte des classes est l'histoire des sociétés jusqu'à nos jours. 2.

Le capitalC'est l'état historique de son propre temps qui intéresse Marx en premier lieu.

La question est donc de savoircomment le système capitaliste engendre et maintient les rapports sociaux et économiques qui divisent les hommes.Il montre alors que, si toute valeur découle du travail effectué, il faut qu'à la rémunération de la force de travail duprolétaire s'ajoute un travail non payé qui permette à l'argent investi par le capitaliste de fructifier (Le Capital). Un autre type de position pourrait être défendu ici : discours moral/religieux : ce n'est que le jour où il s'agit d'honorer le Seigneur qu'il est défendu de travailler.

A son image, l'homme se doit de travailler six jours et de sereposer le septième.

Par le travail, l'homme peut lutter contre les vices qui hantent son âme, ne laisse pas sonimagination le pervertir, ne sombre pas dans la rêverie mélancolique.

Foucault souligne dans son Histoire de la Folie qu'à l'âge classique le travail était conseillé aux mélancoliques afin de parvenir à la guérison.

Ce qui n'est pas naturelpour l'homme, c'est de se laisser aller à l'oisiveté, aux histoires des romans.

Au terme de cette analyse, on peut donc dire qu'il est possible de vivre sans travailler, si l'on considèrecontemplation et réflexion comme les plus hautes activités humaines.

Dans le cas contraire, et dans la mesure oùc'est par le travail que l'homme éprouve tant la Nature que lui-même, une vie sans travail s'apparente d'avantage àune déshumanisation, à un état stagnant.

Il n'est pas certain que le bonheur se trouve dans l'absence de travail,plutôt dans un juste équilibre entre volonté et réflexion de l'individu avec ses actes. Si la morale peut condamner l'oisiveté, il n'en est pas moins que le refus de travailler peut être légitimé par cetteabsence de correspondance citée ci-dessus : un travail abêtissant doit être évacué de la vie humaine, sous peinede rebrousser le chemin de la perfectibilité.. »

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