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Peut-on voir dans l'amour un mode de connaissance ?

Publié le 10/02/2004

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amour
(« philo », amour et « sophia », sagesse, en grec ancien) Pourtant, l'association entre amour et connaissance, ou, par extension, amour et rationalité, est contre-intuitif, on lie plus volontiers l'amour et la passion, passion elle-même opposée à la rationalité. Il semblerait donc que la connaissance, l'objet de la sagesse, soit également objet d'amour, si l'on s'en tient à une simple analyse étymologique du substantif philosophie. Mais qu'appelle-t-on « amour », aujourd'hui ? Il s'agit à la fois d'une passion et d'un sentiment. Le substantif « amour » (qui vient du latin « amor ») est largement polysémique. Il évoque l'attachement affectif, allant du degré le plus faible jusqu'à l'exclusivité, d'un sujet à des objets qui peuvent être variés. Un individu peut aimer une chose, une activité, une abstraction : le jardinage, la musique, Dieu (s'il est croyant) ou sa patrie ; il peut ressentir de l'amour pour un ou plusieurs individus : lui-même (« amour propre » ou « amour de soi »), un autre ou sa famille toute entière par exemple. On parle également de « l'amour » pour qualifier la sexualité dans son ensemble ou pour évoquer l'acte sexuel, auquel cas on dit « faire l'amour ». Empédocle, philosophe présocratique, conscient de la richesse du terme, parlait déjà de l'amour en terme d'« affinité universelle » ayant part dans un ordre cosmologique (ordre selon lequel le monde est organisé), en opposition avec un principe de désordre. L'intensité du ressenti amoureux peut être très variable.
amour

« Comment démarrer votre dissertation et trouver le plan. 1.

Ce sujet fait bien évidemment appel à des connaissances classiques acquises dans vos cours sur les passions, ledésir, la conscience, etc., qui constituent les matériaux de votre dissertation.2.

En analysant, dès l'abord, les termes « amour » (émotion de l'âme) et connaissance (acte de saisie d'un objet parl'esprit), vous ferez surgir l'opposition qui permet de poser le problème : peut-on accéder au réel par le sentiment etl'affectivité ?3.

Cette analyse des termes va vous conduire au plan de ce devoir.

En effet, vous disposez de deux sens pour laconnaissance (abstraite ou concrète) et pour l'amour (personnel et égoïste ou spirituel).

Par ailleurs, on a déjà notéleur opposition initiale.On peut donc utiliser soit le plan progressif, outil de base dans la rédaction de la dissertation, soit le plan parcomparaison des notions.

En fait, une combinaison de ces deux plans paraît ici souhaitable.

On caractérisera doncles deux notions dans leurs acceptions successives en étudiant d'abord leur opposition, puis leur unité.4.

La réflexion sémantique est donc bien évidemment le moteur de la discussion. A.

Introduction Si nous définissons, avec Descartes, l'amour comme une émotion de l'âme qui l'incite à se joindre de volonté auxobjets qui paraissent lui être convenables et la connaissance comme l'acte par lequel l'esprit saisit un objet etparvient à une compréhension complète de cet objet, la question se pose de savoir s'il existe une connaissancepropre à l'amour.Or l'amour est un sentiment et l'affectivité, d'une manière générale, n'est pas conçue sous un angle cognitif.

Leproblème inscrit en filigrane derrière la question elle-même est alors le suivant : sentiment et affectivitéreprésentent-ils des voies d'accès au réel et sont-ils en mesure, malgré le discrédit dont ils sont généralementl'objet, d'être compris comme des activités spirituelles ouvrant sur le vrai? B.

Développement 1.

Antinomie première de l'amour et de la connaissance (réponse négative) Tout semble opposer, sous un certain angle, l'amour et la connaissance.

En effet, l'amour est subjectif, alors que laconnaissance est objective.

Le premier semble un élan appartenant à la conscience de l'individu, mais la secondes'attache avant tout — comme la définition de ce terme nous le suggère — à l'objet conçu avec un caractère stableet indépendant du sujet, objet fondamentalement distinct de toute opération de pensée.

Cette première oppositionest classique et on la retrouve dans bien des analyses.

La littérature s'est complue dans la description de lasubjectivité du sentiment : Ils (les amants) « comptent les défauts pour des perfections », nous dit Molière dans leMisanthrope.

Proust, dans Un amour de Swann, conclut amèrement et ironiquement le récit par ces mots : « Direque j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui neme plaisait pas, qui n'était pas mon genre ! » Chez Proust, le narrateur n'aime pas Odette parce qu'elle estfondamentalement aimable, son amour ne lui révèle aucun objet réel, il n'est qu'une manière subjective de construireautrui et d'édifier son image.

En aucun cas, il n'est un mode de connaissance.Ajoutons que la connaissance sous cet angle se donne comme universelle alors que l'amour est individuel.

Lapremière fait participer à son objet et à son projet toutes les consciences et tous les esprits, alors que l'amour —subjectif — apparaît comme une réaction touchant l'individu, c'est-à-dire l'existant humain concret, distinct desautres.

Si la première s'étend à tous les êtres, l'amour ne semble aucunement susceptible d'une extensionuniverselle puisqu'il appartient en propre à un individu singulier. 2.

La connaissance concrète : l'amour, mode du savoir Néanmoins, la connaissance envisagée jusqu'ici ne nous fait pas sortir de la sphère de l'abstraction.

A ce niveau, cequi semble importer c'est la représentation abstraite.

Quel type de connaissance s'offre alors à nous? Celui de lamathématique ou de la physique, celui des cadres objectifs du savoir.

Dès lors, s'il existe un type de connaissanceautre que cette représentation abstraite, l'amour peut sans doute être étudié sous un jour nouveau.

Or, laconnaissance, ce n'est pas seulement le savoir abstrait, mais aussi l'activité d'un sujet se transcendant et sedépassant vers le monde.C'est ce qu'a bien saisi la Phénoménologie husserlienne, qui précisément s'attache à la connaissance (concrète) et àl'amour saisi comme mode du savoir.

Avec Husserl, avec Sartre, les réactions affectives, et en particulier l'amour,cessent d'être des réactions subjectives pour devenir des manières de découvrir le monde, des connaissancesconcrètes : dans l'amour, quelque chose de réel est atteint et aimé, car tout phénomène psychique contientquelque chose à titre d'objet.

C'est une connaissance immédiate et concrète que représente l'amour.

Laphénoménologie du sentiment atteint l'objet et Sartre note à juste titre dans L'Imaginaire : tout sentiment estsentiment de quelque chose, c'est-à-dire qu'il vise son objet d'une certaine manière.Ainsi, l'amour redevient, dans cette perspective phénoménologique, un mode de connaissance : il n'est qu'une. »

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