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Peut-on vouloir etre dépendant d'autrui ?

Publié le 27/12/2005

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Une telle acception de la notion de vérité est déjà présente durant la période scolastique, et se prolonge avec Spinoza et Leibniz pour qui la liberté consiste en une adhésion consciente de la volonté à ses propres déterminations, c'est-à-dire en une dépendance lucide (le déterminisme).   II. La dépendance envers autrui  La volonté de la dépendance est donc possible. Vouloir être dépendant n'est pas une négation de la volonté comme principe de la liberté. Vouloir la dépendance (envers la loi comme autre de soi (Kant)) n'entraîne pas de contradiction, mais est au contraire la condition de l'indépendance. Mais qu'en est-il d'autrui, quelle peut être ici son identité ? L'oeuvre de Levinas développe avec la plus grande profondeur une pensée éthique du rapport à l'autre, de l'altérité. Autrui, pour Levinas, impose au sujet la responsabilité éthique : la volonté du sujet est toujours déjà sous la dépendance d'autrui puisqu'en celui-ci réside sa responsabilité. Pour être sujet, et sujet comme volonté éthique, il faut être dans la dépendance d'autrui. Il ne s'agit pas de savoir si l'on peut vouloir être dépendant d'autrui puisqu'on l'est à l'origine : telle est la responsabilité de l'homme, la responsabilité de l'autre, dont on dépend.

Le thème de cet énoncé articule volonté et dépendance qui, sans aucun préjugé, peuvent être de prime abord conçus comme des opposés. De manière implicite, la volonté est toujours supposée libre, libre de toute dépendance. Alors qu’au contraire, la dépendance est souvent comprise comme la négation de la liberté, c’est-à-dire de la volonté libre. Il s’agit alors de se demander s’il est possible de vouloir la négation de la volonté, d’une volonté qui est au principe de la liberté, autrement dit s’il est possible de pouvoir vouloir être dépendant. Dans cette possibilité qu’aurait la volonté de renoncer à elle-même pour choisir la dépendance, ou choisir de ne plus choisir, s’éprouvent en un certain sens les limites de la volonté. De manière plus explicite, pouvoir vouloir ne plus être libre de vouloir pose le problème de la libre aliénation, ou encore, de la servitude volontaire (La Boétie). Un tel problème peut se structurer en deux temps qui assurent la progression du propos : premièrement, interroger la signification du pouvoir de la volonté, c’est-à-dire penser les conditions de la liberté et de sa négation ; puis, dans un second mouvement, chercher à déterminer le sens de la dépendance envers autrui pour savoir s’il s’agit d’une négation de la liberté, c’est-à-dire du pouvoir de la volonté (auquel cas il serait impossible de vouloir être dépendant d’autrui, car cela mettrait la volonté en contradiction avec elle-même).

 

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