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Que peux-t-on savoir du moi ?

Publié le 27/02/2005

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Or, il y a une chose que je ne peux révoquer en doute, c'est le fait précisément que je doute : je ne peux douter de ce mouvement de la pensée qui est réflexif, et m'apprend qu'il existe un moi qui pense, donc qui est (cogito ergo sum). Le moi est donc la connaissance première et immédiate, fournie directement par la conscience que je pense. Le moi est ainsi connu comme substance pensante, qui s'oppose à la substance étendue qu'est la matière et dont fait partie le corps : lorsque je doute, je ne peux douter qu'il y a un moi qui doute, mais je peux douter de l'existence de mon corps, qui pourrais être le résultat d'une hallucination ou d'un rêve. Ce que l'on peut en toute certitude savoir du moi, c'est donc que mon âme existe comme substance stable et permanente qui est le sujet de mes pensées.               2° On peut connaître du moi ce que nous faisons accéder à la conscience             Le moi tel que le révèle la conscience cartésienne nous donne à connaître qu'il y a un sujet qui pense. Mais, d'une part, cette connaissance ne m'apprend pas ce qui caractérise singulièrement mon moi : elle n'est pas connaissance de mon moi psychologique, mais de l'essence de toute âme humaine, qui s'oppose aux différents états du moi au cours du temps. D'autre part, cette connaissance suppose que tout ce que je peux connaître du moi m'est directement fourni par la conscience. Freud, à partir de l'hypothèse de l'inconscient, s'oppose à ces deux affirmations : chaque sujet est en prise avec la tentative de connaître son moi propre, qui est le résultat de son histoire psychologique singulière. Mais le moi n'est qu'une instance de ma vie psychologique, qui est aussi constituée par l'inconscient, qui comprend la ça et le surmoi. Il faut alors admettre qu'une partie de ce que je suis échappe au moi conscient par nature, que ce que je peux connaître du moi n'est pas donné directement et que je ne pourrais jamais connaître tout ce qui est refoulé dans l'inconscient.

Quel type de connaissance de nous-mêmes la conscience peut-elle alors nous apporter ? S’agit-il d’une connaissance du moi comme substance ou du moi psychologique ? La connaissance du moi est-elle vraiment une connaissance simple et privilégiée qui nous est fournie par le caractère réflexif de la conscience ? Nous nous demanderons dans un premier temps ce que la conscience peut nous apprendre sur le moi, avant de nous demander dans quelle mesure nous pouvons opérer un travail pour connaître un moi qui ne se donnerait pas d’emblée par la conscience, mais dont une part nous résisterait, avant de nous demander si la connaissance du moi n’est pas une illusion qui repose sur notre besoin de stabilité et d’identité.

« L'empiriste Hume s'oppose à l'idée selon laquelle il existerait véritablement un moi auquel nous aurions un accès direct, et qui serait le substrat de nos représentations et de nosaffects, stable et identique dans le temps.

Selon lui, nous ne possédonsaucune impression d'un tel moi comme substance : lorsque nous pensonssaisir le moi, nous saisissons toujours telle ou telle de ses caractéristiques, deses sensations ou de ses souvenirs, mais non une entité qui envelopperait ceséléments sans se confondre avec eux.

La question de ce que l'on peut savoirdu moi en tant que tel est donc vide d'objet, puisqu'il n'y a pas unesubstance ou une instance sur laquelle s'imprimerait toutes nos sensations.Ce que nous pouvons connaître est donc les différents éléments, idées,perceptions, souvenirs particuliers qui composent notre esprit, mais neforment pas un moi identique à lui-même et unifié à travers le temps. 1.

L'illusion substantialiste (la thèse de Hume) - Dans son Traité de la nature humaine (Livre 1, IVe partie, section VI), Hume cherche à expliquer la croyance en un être nommé " moi ", c'est-à-direla tendance de l'esprit à forger la fiction de l'identité. - De même que l'on voit un bâton brisé dans l'eau à cause de la réfraction,ainsi l'on croit sentir un principe d'existence ininterrompu en soi (le moi), alorsque nous avons seulement pris l'habitude d'associer des impressionssemblables, et de les associer de si nombreuses fois que nous n'avons plusconscience de passer de l'une à l'autre.

Hume va donc montrer que c'est l'accoutumance de glisser d 'une chose àune autre qui induit le mirage ou la fiction du moi.

Il s'agit donc d'un effet de croyance : " nous n'avons aucune idéedu moi " (Hume, op.cit.). - Qu'est-ce que l'esprit ou le moi ? " Rien qu'un faisceau ou une collection de perceptions différentes qui se succèdent les unes aux autres avec une rapidité inconcevable et qui sont dans un flux et un mouvement perpétuels" (Hume, ibid.) - Quand je regarde ce qui se passe en moi, je tombe toujours sur une perception particulière : chaleur, froid, amour,haine, plaisir, douleur.

Je ne peux me saisir moi-même sans une perception. Nous sommes un faisceau de perceptions différentes qui se succèdent; pensées, sens, facultés changent constamment : " L'esprit est une sortede théâtre, où des perceptions diverses font successivement leur entrée, passent, repassent, s'esquivent et semêlent en une variété infinie de positions et de situations " (op.cit., p 344).

Il n'y a pas dans notre esprit d'identité. - La croyance en l'identité est le fruit de l'imagination et de l'esprit qui ont naturellement tendance, que ce soit pour les choses extérieures ou les perceptions intérieures, à associer les impressions toujours distinctes, à unir cequi est séparé, à rassembler nos multiples expériences discontinues.

Principe de connexion qui se subdivise en trois principes : 1.

Le principe de ressemblance (il régit notre imagination ).

Par analogie, nous imaginons que deux idées simples, correspondant à deux impressions distinctes, sont semblables : par exemple, j'associe l'idée de cheval,animal familier que j'aime, à la vertu, qualité orale que j'apprécie, et je forme l'idée de cheval vertueux. 2.

Le principe de contiguïté (il régit notre perception ) : j'associe deux phénomènes perçus simultanément : j'associe, par exemple, la froideur à la neige.

Comme nous avons pris l'habitude d'associer des impressionssemblables de si nombreuses fois, nous n'avons plus conscience de passer de l'une à l'autre.

En passantfacilement, habituellement, d'une chose à une autre, l'esprit ne remarque pas ce passage : de là la fiction del'identité.

Exemple du ralenti cinématographique : la succession très rapide des images nous donne l'impressiond'une action, alors qu'au ralenti nous percevons une somme d'actes discontinus.

Lorsque la succession est troprapide, trop coutumière pour qu'on l'aperçoive, on croit voir la même chose. 3.

Le principe de causalité (il régit notre raison ) : de la conjonction répétée de deux phénomènes perçus simultanément, notre esprit conclut à une relation de causalité; à l'apparition d'un premier phénomène – parexemple, la source de chaleur – je m'attends à celle d'un second phénomène – l'ébullition.

Les pseudo-liaisonsnécessaires ne sont que des connexions de fait , des habitudes .

La connaissance est la construction d'une habitude : celle-ci est si forte qu'elle entraîne une croyance en l'existence objective de relations là où il n'existe que des successions habituelles.

- Toute connexion est donc produite par notre esprit, elle ne dit rien sur l'essence des objets qui demeure cachée.C'est notre esprit qui imagine que les objets se ressemblent, bien qu'en réalité ils sont toujours distincts.

Notreesprit procède toujours suivant le principe d'union avec régularité, avec méthode.

En réalité, les objets sontdistincts les uns des autres, les événements ne se répètent pas, notre esprit ne sait rien des lois qui les régissent. - Il en est de même en ce qui concerne la conscience ou le moi.

L'individu n'a que des sensations externes ouinternes reliées par des associations contingentes, et non par un sujet.

Il n'est que la constatation d'un défilé d'images et de sensations .. »

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