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Le philosophe doit-il s'engager ?

Publié le 17/03/2004

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L'engagement politique, entre obligation et vocation. A. Le savoir et l'acuité intellectuelle qui découlent de l'étude philosophique font obligation à ceux qui les ont acquis de se consacrer à la direction des affaires publiques. Par exemple, le philosophe de la République de Platon a pour devoir de « redescendre dans la caverne « (livre VII) pour éclairer ses concitoyens. De lui-même, il serait plutôt enclin à éviter les charges politiques pour se consacrer à ses réflexions théoriques, mais cette obligation est comme la rançon de sa science.

B. On peut même considérer, à l'instar de Jean-Paul Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme, que l'engagement politique est moins un impératif contraignant qu'une véritable vocation. La confrontation de ses pensées avec la réalité sociale est, pour le philosophe, une étape indispensable à la construction de sa pensée : elle le rappelle à la réalité et à ses responsabilités.Néanmoins, la philosophe ne risque-t-il pas alors de se priver lui-même de sa liberté en s'astreignant à soutenir un régime, un parti ou un homme politique ?

La philosophie n'est qu'un inutile exercice intellectuel tant qu'elle demeure détachée du monde. Si le philosophe pense, c'est pour mieux aider l'humanité à se libérer des servitudes dont elle est l'objet.

MAIS...

La grandeur de la philosophie tient au fait qu'elle est tout entière dévouée à la connaissance désintéressée du vrai. Dès lors que le philosophe s'engage, il trahit sa mission purement spirituelle.

« B.

La politique n'est pas seulement la condition nécessaire mais insuffisante de la réflexion philosophique.

Elles sontliées de façon encore plus étroite dans la philosophie politique.

Celle-ci s'efforce de prendre en compte laparticularité de son objet sans renoncer à le juger et à le critiquer SUPPLEMENT: « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ouque ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment etsérieusement philosophes [...] il n'y aura de cesse aux maux des cités, ni, ce mesemble, à ceux du genre humain.

» Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », latradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique.

Cicéronaurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la philosophie du ciel pour l'établirdans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à faire desrecherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec celivre majeur que constitue la « République ».Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.

Tout y estprésenté sous la forme habituelle mais hautement complexe du dialogue.

Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate développe une image de la cité idéale.

Socrate n'est-il que le porte-parolede Platon, un simple personnage dont le philosophe se sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué? A l'inverse, Platon n'est-il rien d'autre que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noterscrupuleusement la pensée ? Et dans ce jeu mobile et contradictoire où s'enchaînent et s'entraînent questions etréponses sans que l'ironie soit jamais totalement absente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ?Derrière la fausse simplicité d'une conversation entre philosophes, l'art du dialogue soulève d'insurmontablesdifficultés qu'il nous faudra ici ignorer pour tenter de cerner l'image du politique qui se dégage de la « République ».Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale.

Il décrit une société fortementhiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communauté parfaite.Au livre V, Glaucon, qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussi parfaite quecelle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.

Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que sa réponse peut avoirde ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à qui veut changer radicalement lasociété: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie.

Socrate déclare : « Tant que lesphilosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pasvraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pasdans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts defaçon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux mauxdes cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne seraréalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour.Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune.

Il esten effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers.

»Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue que commeun insoutenable paradoxe.Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie.

En ce sens, la « République » est autantun traité de la philosophie qu'un traité de la politique.

Par là même se marque combien, aux yeux de Platon, sontindissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir.Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes ».

Socrate les présente comme « ceux qui aiment lespectacle de la vérité ».

Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine Platonicienne, entre lascience et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des apparences, sont incapables des'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom de « philosophe » - «qui aime la sagesse» - mais celui de « philodoxe » - « qui aime l'opinion ».C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité.

Au début du livre VI,Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué de mémoire,de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce » ; il est « parent de la vérité, de la justice, ducourage et de la tempérance ».

Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de la cité ?Rendant hommage à l'habileté de la démonstration de Socrate, un autre des interlocuteurs (Adimante) s'insurgecontre les conclusions auxquelles il aboutit.

Il objecte : « On voit bien que ceux qui s'appliquent à la philosophie, etqui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais y restent attachés,deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à fait pervers, tandis queceux qui semblent les meilleurs, gâtés néanmoins par cette étude que tu vantes, sont inutiles aux cités.

»Socrate n'en disconvient pas.

Il souligne cependant que l'inutilité de la philosophie n'est pas le fait des philosophes,mais des citoyens qui se refusent à chercher conseil auprès d'eux.

Socrate s'explique au moyen d'une image.

Ilcompare la société à un navire dans lequel les marins, ignorants es lois de la navigation, se disputent le gouvernailet méconnaissent le seul vrai pilote qui pourrait les guider, préférant le tenir pour un « bayeur aux étoiles », « unvain discoureur » et « un propre à rien ».En ce qui concerne la perversité des philosophes, Socrate s'attache à en expliquer les causes.

Il décrit lesdégradations du naturel du vrai philosophe en montrant que celui-ci, doué à l'origine de toutes sortes de hautesqualités, peut déchoir si de néfastes influences s'exercent sur lui : « Si donc ce naturel que nous avons attribué auphilosophe reçoit l'enseignement qui lui convient, c'est une nécessité qu'en se développant il parvienne à toutes les. »

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