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La philosophie a-t-elle pour rôle de donner des certitudes ?

Publié le 22/02/2012

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philosophie

La philosophie a-t-elle pour rôle de donner des certitudes ?

La philosophie a-t-elle pour rôle de donner des certitudes ?

philosophie

« On dit couramment que la philosophie est l'amour de la sagesse.

Pouvons-nous cependant nous contenter d'unetelle définition ? Ce serait là à vrai dire nous contenter de peu.

Examinons donc les choses d'un peu plus près.

Sansvouloir entrer dans des analyses qui nous entraîneraient trop loin, nous ferons toutefois simplement remarquer, enprenant deux exemples, que la définition de la philosophie comme amour ou étude de la sagesse est formelle, voiremême dans certains cas purement ornementale.

Certes, cette définition se trouve chez Platon.

A la fin du dialogueintitulé Phèdre (279 a, b), Platon fait dire à Socrate que si la possession de la sophia (mot que l'on traduit parsagesse) est plutôt l'apanage des dieux, l'amour ou le désir de la sophia échoit en partage aux mortels.

Les hommessont donc ceux à qui il revient d'aimer (en grec : philein) la sagesse (sophia), d'où le nom de philo sophia(philosophie).

Certes, Descartes, dans la lettre qu'il adresse à l'abbé Picot qui avait traduit son livre : les Principesde la Philosophie (texte original en latin : 1644, traduction en français par Picot : 1647) déclare que le mot «philosophie signifie l'étude de la sagesse » (Principes de la Philosophie, Vrin, p.

30).

Mais il ne faut pas s'en tenir àces définitions formelles.

Car Platon, lorsqu'il parle du philosophe, entend surtout par là celui qui a le souci constantde la vérité.

Quant à la véritable définition de la philosophie chez Platon, c'est au fond l'équivalence quasi totale destermes : « philosophie », « science » [le savoir suprême et non pas la science reposant sur les mathématiques] et «dialectique » qui nous la donne.

« La dialectique est pour ainsi dire le faîte et le couronnement des sciences »(République, VII, 534 e).

Elle ne fait qu'un pour Platon avec le déploiement du discours philosophique, et ledialecticien (ou philosophe) est celui qui sait voir l'unité à travers la multiplicité et qui, en procédant à une série dedivisions, remonte ainsi jusqu'au principe de chaque chose.

En ce qui concerne Descartes, il serait aisé de montrer,ne serait-ce qu'en s'appuyant sur le texte même de la lettre-préface à l'abbé Picot, que l'important ne réside pasnon plus pour lui dans la définition de la philosophie comme « étude de la sagesse ».

C'est là en effet, selon sespropres termes, une définition « vulgaire » [c'est-à-dire tout juste bonne pour le commun des hommes : latinvulgus], autrement dit triviale et banale.

C'est bien plutôt, pour ne prendre qu'un exemple, le fait que la philosophieprocède « par ordre » (Principes..., p.

44) qui importe aux yeux de Descartes. La définition de la philosophie comme amour de la sagesse se révèle donc être insuffisante.

« Tous cesextraordinaires pionniers de l'humanité qu'on appelle des philosophes et qui eux-mêmes ont rarement cru être lesamis de la sagesse mais plutôt de désagréables fous et de dangereux points d'interrogation, se sont toujoursassigné une tâche dure, involontaire, inéluctable, mais dont ils ont fini par découvrir la grandeur, celle d'être lamauvaise conscience de leur temps » (Nietzsche, Par-delà le Bien et le Mal, 6e partie, n° 212).

Notons au passageque ce texte de Nietzsche qui rejette avec force la définition de la philosophie comme amour de la sagesse nousfournit déjà quelques indications sur le rôle ou la tâche de la philosophie.

Nous dirons succinctement que laphilosophie est une façon bien particulière de penser qui apparaît avec Platon.

Il s'agit de s'interroger sur l'êtremême des choses, sur l'être de ce qui est.

Pour ce faire, Platon opère une distinction, ou plutôt une séparation,entre le sensible et l'intelligible.

Le monde sensible [si l'on veut, le monde des sens] est instable, chatoyant ettrompeur.

C'est un monde « morveux » dit Platon, un monde qui s'écoule.

Le vrai monde, le lieu permanent et stablede la vérité des choses, c'est le monde des idées ou monde intelligible.

C'est vers lui que le philosophe tourne sesregards.

Le monde intelligible permet de rendre raison du monde sensible.

L'événement qu'est cette scission de deuxmondes est du même coup l'avènement de la philosophie ou métaphysique.

« Que visaient les anciens avec lamétaphysique ? La connaissance du supra-sensible [c'est-à-dire de l'intelligible].

Cette distinction est aussiancienne que la philosophie » (Kant, Les Progrès de la Métaphysique..., Vrin, p.

101).

En s'interrogeant sur l'être dece qui est, la philosophie rencontre la question de la vérité.

Par exemple pour Platon le monde intelligible est lavérité du monde sensible. Ce n'est toutefois qu'avec Descartes que l'on assiste à l'interprétation de la vérité comme certitude.

Cetteinterprétation philosophique répond à la certitude religieuse de la foi dans le christianisme.

La foi était l'adhésionconfiante à la parole divine.

Mais saint Paul avait bien précisé que c'est Dieu qui donne à l'homme cette suprêmecertitude qu'est la foi.

Or pour Descartes c'est en lui-même que l'homme trouve le chemin, ou la méthode, vers unsavoir indépendant de la foi mais tout aussi sûr qu'elle.

La philosophie a donc bien ici pour rôle de donner à l'hommela méthode pour atteindre la certitude, c'est-à-dire la vérité.

Dès lors la vérité est évidente et indubitable.

Pour biencomprendre ce que dit Descartes, il convient de se demander si aux deux types de certitudes que nous avonsprécédemment évoqués (la certitude au sens faible qui n'est pas fondée et la certitude au sens fort qui l'est), necorrespondraient pas deux types d'incertitudes.

D'un côté nous aurions une incertitude au sens faible qui ne viseraità atteindre aucune vérité certaine, et de l'autre une incertitude au sens fort qui apparaîtrait comme le moyen deparvenir à une certitude indubitable.

De même qu'il y aurait certitude et certitude, il y aurait ainsi doute et doute. Descartes a toujours tenu à se séparer de ceux qu'il nomme « les sceptiques ».

Toutefois, lorsqu'il s'en prend audoute sceptique, Descartes vise en réalité davantage une certaine attitude de pensée, — celle dont Molière semoquera dans Le Mariage force —, que l'école sceptique grecque.

« Les sceptiques, écrit-il, ne doutent que pourdouter et affectent d'être toujours irrésolus...

; au contraire, tout mon dessein, poursuit Descartes, ne tendait qu'àm'assurer et à rejeter la terre mouvante et le sable pour trouver le roc et l'argile (Discours de la Méthode, 3epartie).

Le doute sceptique selon Descartes serait à lui-même sa propre fin, se complairait dans le doute et n'enfinirait pas de douter.

Le doute cartésien au contraire est au sens propre du terme propédeutique [il prépare la voieau savoir] et par là même provisoire.

L'incertitude sous la forme du doute n'est présente chez Descartes qu'en vued'un savoir absolument certain.

Si nous nous souvenons du mouvement général des Méditations, nous constatonsque le doute total qui clôt la première Méditation prépare en quelque sorte le terrain à la découverte, qui a lieu dansla seconde Méditation, du critère de certitude, c'est-à-dire de vérité qu'est le cogito ergo sum (« je pense donc jesuis »).

La première Méditation a pour titre : De iis quae in dubium revocari possunt, autrement dit, pour reprendrela traduction usuelle : « Des choses que l'on peut révoquer en doute ».

On peut dire, assez schématiquement, que. »

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