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LE PHYSICIEN A-T-IL AFFAIRE À LA RÉALITÉ ?

Publié le 15/03/2004

Extrait du document

physicien
. ... Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure... Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments... Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marque théorique... » Gaston BACHELARD (introduction) (Explication et commentaire) « ... Si nous étions livrés à nous mêmes, c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre représentation.» La connaissance immédiate, préscientifique n'est pas une connaissance objective.
physicien

« [Plus la science physique progresse, plus le physicien s'éloigne du réel tel qu'il nous apparaît concrètement.

Un concept physique comme l'atome rompt totalement avec l'expérience sensible.] Le physicien ne parle pas du réelIl n'y a aucun rapport entre le temps du physicien et celui vécu.

Le temps mesuré par le scientifique est untemps objectif, homogène, spatialisé.

En revanche, le temps vécu est subjectif, hétérogène, durée pure.

Uneseconde pour le physicien vaut n'importe quelle autre seconde.

Au contraire, une heure passée auprès del'aimé semble n'avoir duré qu'une fugitive seconde.

Or, précisément, le fait que tous les temps se valent exclutle temps véritable, celui que nous vivons et qui ne fait jamais surgir deux fois la même réalité.

Jankélévitchparlera de "primultimité", chaque première fois et aussi toujours la dernière.

Chaque amour est à la fois premieret dernier.

Lorsque le physicien cherche des lois, il met de côté le fait que l'homme ne connaît pas cetterépétition des événements dont la science a besoin pour formuler ses lois.

En effet, sans répétition desphénomènes, sans déterminisme, aucune science ne serait possible.Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

Lesinformations fournies par les sens, le vécu sont source d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierretombe plus vite que ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et «léger» et àconclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leur masse.

Or les scientifiques ont établi que, dans levide, tous les corps tombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de la chute descorps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception. TEXTE : Les concepts scientifiques en rupture avec l'expérience immédiate. « Les philosophes aiment à donner comme exemple de loi physique la loi universelle de la chute des corps:tous les corps tombent.

Mais ils explicitent rarement la contradiction qui donne vie à la loi.

Oui, tous lescorps tombent, même ceux qui ne tombent pas.

Le vol est une chute niée.

La feuille morte qui descend enune capricieuse spirale vers le sol tombe verticalement.

Si les souffles de l'air d'automne troublentapparemment la verticalité de la chute, ils sont comptés pour accidents par la pensée rationnelle qui adécouvert la loi profonde de la chute droite malgré les apparences de chute oblique.

La rationalité de la loide chute, pourvue d'une algèbre simple, est inscrite dans le mouvement de tous les corps à la surface de laterre.

Il faut convertir l'immense variété de la phénoménologie de la chute des corps en l'absolue universalitéde la nouménologie du mouvement de la chute des graves.

Et ainsi le verbe tomber passe du langageempirique au langage rationnel; la chute, dès qu'on a réduit les aspects immédiats, les aspectsphénoménaux, reçoit son noumène.

Elle peut donner lieu à des problèmes rationnels, à des problèmesmathématiques.Ainsi la science n'est pas le pléonasme de l'expérience.

Ses concepts ne sont nullement les concepts d'unempirisme par principe attaché aux objets séparés présentés par l'aperception.

Nous aurons à revenir, pourles caractériser philosophiquement, sur les inter-concepts qui forment la contexture d'une scienceparticulière.

Pour l'instant, il suffit de noter le travail d'extension des notions en dessous des apparencesimmédiates, par l'action d'une essentielle réflexion qui critique sans cesse les données premières.

En sommel'empirisme commence par l'enregistrement des faits évidents, la science dénonce cette évidence pourdécouvrir les lois cachées.

Il n'y a de science que de ce qui est caché.

» (BACHELARD, Le.

rationalisme appliqué, p.

38.) Le fait scientifique est introuvable dans la natureLe physicien néglige un nombre considérable de circonstances accessoires ou contingentes qui, pour lui, n'ontaucune influence sur le fait étudié.

Aristote disait qu'il n'y a de science que du général et non du particulier.Aux faits « colorés et divers » de la perception commune elle substitue un univers de quantités abstraites : à la place du sensible sonore et coloré elle découvre des vibrations dont on peut mesurer longueur d'ondes etfréquence : à la diversité empirique elle substitue l'unification rationnelle : non seulement, pour la chimie, lescorps infiniment divers se ramènent à une centaine de corps simples, mais encore ceux-ci sont-ils composésd'atomes, d'électrons : là où la perception immédiate voit des êtres, la science ne connaît que des rapports ;toutes les propriétés apparentes des choses se ramènent à des relations avec d'autres choses ; la chaleurapparente d'un corps s'explique par sa « conductibilité », le poids dépend du champ de gravitation , la couleur d'un objet de la lumière qu'il réfléchit.De plus, les faits ne sont remarqués que s'ils correspondent à une idée préalable, que s'ils possèdent unesignification par rapport à elle.

Cette signification est solidaire d'une théorie. Les faits scientifiques ne sont rien moins que des données.

Ce sont des « construits » si l'on peut dire, qui ne trouvent leur pertinence, leur intelligibilité et leur être même qu'à travers un réseau de médiationsinstrumentales et donc théoriques, puisque les instruments sont la réalisation technique ou technologique de. »

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