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Y a-t-il du plaisir à ne rien faire ?

Publié le 21/03/2004

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Pensée désespérante, dit Schopenhauer : le bonheur nous manque quand nous souffrons, et nous nous ennuyons quand nous ne souffrons plus. La souffrance est le manque du bonheur, l'ennui son absence (quand il ne manque plus). Car l'absence d'une absence, c'est une absence encore. « Ah ! que je serais heureux, disait-il, si j'avais cette maison, cet emploi, cette femme !... » Voici qu'il les a ; et certes il cesse alors (provisoirement) de souffrir - mais sans être heureux pour autant. Il l'aimait quand il ne l'avait pas, il s'ennuie quand il l'a... C'est le cercle du manque : tantôt nous désirons ce que nous n'avons pas, et nous souffrons de ce manque ; tantôt nous avons ce que nous ne désirons plus (puisque nous l'avons), et nous nous ennuyons... Schopenhauer conclut, et c'est la phrase la plus triste de l'histoire de la philosophie : « La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui... » (ibid., IV, 57).

Rousseau pense que le travail est une activité contre nature, puisque « Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l’homme après celle de se conserver «.  Il est tout à fait normal de penser que l’homme préfère se reposer plutôt que de donner un effort physique. Mais, pour autant, l’inaction donne-t-elle toujours du plaisir ? N’amène-t-elle pas avec l’ennui presque inéluctablement ? Le plaisir n’a-t-il pas sa source dans l’action, dans le mouvement plutôt que dans le repos et la quiétude ? Le repos, l’absence d’action ne devient plaisir qu’après l’effort et l’action. La simple absence d’action ne peut être source de plaisir, cette absence est bien plutôt une nécessité pour l’homme qui doit se reposer, dormir pour pouvoir agir par la suite et non un plaisir.

 

 

« Schopenhauer, mieux que Platon ou que quiconque, a dit ici l'essentiel.L'homme est désir et le désir est manque.

C'est pourquoi, pour Schopenhauercomme pour le Bouddha, toute vie est souffrance : « Vouloir, s'efforcer, voilàtout leur être ; c'est comme une soif inextinguible.

Or tout vouloir a pourprincipe un besoin, un manque, donc une douleur...

» (Le Monde commevolonté et comme représentation, IV, 57).

Bien entendu, si le manque estsouffrance, la satisfaction est plaisir.

Mais cela ne fait pas un bonheur :« Tout désir naît d'un manque, d'un état qui ne nous satisfait pas ; donc il estsouffrance tant qu'il n'est pas satisfait.

Or nulle satisfaction n'est de durée ;elle n'est que le point de départ d'un désir nouveau [...].

Pas de terme dernierà l'effort, donc pas de mesure, pas de terme à la souffrance...

» (IV, 56).

Iln'y a donc pas, il ne peut y avoir d'expérience du bonheur : ce que nousexpérimentons, c'est d'abord l'absence du bonheur (le désir, le manque, lasouffrance...), puis (satisfaction) l'absence de son absence.

Sa présence,donc ? Non, et c'est ici que Schopenhauer est le plus profond : ce que nousexpérimentons, quand le désir enfin est satisfait, ce n'est certes plus lasouffrance (sauf quand un nouveau désir, et cela ne saurait tarder, aussitôtrenaît...), mais ce n'est pas non plus le bonheur.

Quoi ? Au lieu même de saprésence attendue, le vide encore de son absence abolie.

Cela s'appellel'ennui : en lieu et place du bonheur espéré, le creux seulement du désirdisparu...

Pensée désespérante, dit Schopenhauer : le bonheur nous manquequand nous souffrons, et nous nous ennuyons quand nous ne souffrons plus.La souffrance est le manque du bonheur, l'ennui son absence (quand il ne manque plus).

Car l'absence d'uneabsence, c'est une absence encore.

« Ah ! que je serais heureux, disait-il, si j'avais cette maison, cet emploi, cettefemme !...

» Voici qu'il les a ; et certes il cesse alors (provisoirement) de souffrir - mais sans être heureux pourautant.

Il l'aimait quand il ne l'avait pas, il s'ennuie quand il l'a...

C'est le cercle du manque : tantôt nous désirons ceque nous n'avons pas, et nous souffrons de ce manque ; tantôt nous avons ce que nous ne désirons plus (puisquenous l'avons), et nous nous ennuyons...

Schopenhauer conclut, et c'est la phrase la plus triste de l'histoire de laphilosophie : « La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui...

» (ibid.,IV, 57).

Misère de l'homme.

Le chômage est un malheur, mais chacun sait bien que le travail n'est pas pour autant,en tant que tel, un bonheur.

Et il est affreux de n'avoir pas de domicile ; mais qui serait heureux, simplement, d'enavoir un ? On peut mourir d'amour, enfin, mais point en vivre : déchirement de la passion, ennui du couple...

Il n'y apas d'expérience du bonheur, il ne peut y en avoir.

C'est que le bonheur, explique Schopenhauer, n'est rien depositif, rien de réel : il n'est que l'absence de la souffrance, et une absence n'est rien.

« La satisfaction, le bonheur,comme l'appellent les hommes, n'est au propre et dans son essence rien que de négatif...

Le désir, en effet, laprivation, est la condition préliminaire de toute jouissance.

Or avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquentla jouissance aussi » (IV, 58).

Le désir s'abolit dans sa satisfaction, et le bonheur se perd dans ce plaisir.

Il manquedonc toujours (souffrance), même quand il ne manque plus (ennui).

Il n'existe qu'en imagination : tout bonheur estd'espérance ; toute vie, de déception.

Dès lors, il s'agit de combattre - plutôt, de fuir - l'angoisse et l'ennui, quisont les deux maux de l'homme, et c'est ce qui nous occupe, et qui nous perd.

« Tout le malheur des hommes vientd'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » (Pensées, 139)...

Mais commentle pourraient-ils ? Il faudrait accepter l'ennui, donc l'angoisse, et c'est ce que l'on fuit : « Rien n'est si insupportableà l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application.

Il sentalors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.

Incontinent, il sortira dufond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir » (Pensées, 131).

Ledivertissement n'est pas un bonheur (Pensées, 170 et 171), mais la dénégation de son absence.

Les hommess'amusent pour oublier qu'ils ne sont pas heureux.

Conclusion.

Ne rien faire peut être un plaisir qu'après l'effort et l'action, si elle dure trop longtemps elle devient ennui.

C'estl'ennui qui pousse l'homme à agir sans arrêt et à ne jamais se contenter de ce qu'il possède, le plaisir se conquiertpar l'action, il vient de surcroît dans une action correctement accompli.

Le feignant, loin de vivre une vie de plaisir,doit agir pour obtenir ce qu'il veut au prix de devenir une caricature d'humain.. »

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