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Platon et la démocratie

Publié le 11/01/2004

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platon
N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière ? Quel bien veux-tu dire ? La liberté, répondis-je. En effet, dans une cité démocratique tu entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saura habiter ailleurs que dans cette cité (...). Or (...) n'est-ce pas le désir insatiable de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l'obligation de recourir à la tyrannie ? (...). Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons (1), elle s'enivre de ce vin pur au delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie (...). Et ceux qui obéissent aux magistrats elle les bafoue et les traite d'hommes serviles et sans caractère. Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants. N'est-il pas inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout ? (...). Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la fin l'anarchie gagne jusqu'aux animaux ? (...). Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme des citoyens tellement ombrageuse qu'à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoir absolument aucun maître. Je ne le sais que trop, répondit-il. Eh bien ! mon ami, c'est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie.

POUR DÉMARRER Voici l'idée directrice de ce texte : la démocratie est minée par le principe même qui l'a créée, la recherche de la liberté ; lorsque cette dernière devient sans frein, elle conduit à un régime sans loi et, par conséquent, à la tyrannie. Vous noterez les résonances tout à fait modernes et contemporaines de ce texte, qui conduisent à en souligner son intérêt philosophique. CONSEILS PRATIQUES Vous devez ici vous livrer à un travail très soigneux de définition des termes, en n'oubliant pas de les replacer dans le contexte de l'Antiquité grecque et de la pensée de Platon. Les termes ou expressions de démocratie, liberté, désir insatiable, tyrannie, magistrat, anarchie, loi écrite et non écrite doivent être particulièrement bien définis, pour permettre une véritable compréhension de ce texte.

 

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« B - LA LIBERTÉ COMME SOURCE DE DÉSORDRE. La deuxième partie est constituée d'une démonstration de la thèse énoncée au début du texte. Le peuple, sensible à l'appel de la liberté, finit par négliger et combattre les autres exigences sociales.

Au regard dece besoin pathologique de liberté, tout lui apparaît comme une contrainte intolérable. La démocratie pourrait donc se définir comme le régime où nul ne supporte d'être gouverné, où règne l'individualismele plus radical, ce qui est contradictoire avec l'idée même de société qui implique un ordre, une architecture interne,une structure collective ayant un but collectif. C - NAISSANCE DE LA TYRANNIE. Le refus de tout maître et la corruption de la société par l'excès de liberté mènent au désordre, à l'insécurité, etfont le jeu des tyrans qui profitent de l'anarchie, s'emparent du pouvoir et confisquent toute liberté. C'est parce qu'en démocratie chacun est un tyran ne connaissant aucune mesure que ce régime se perd et sedégrade en tyrannie. Celle-ci naît donc de la liberté entendue comme principe exclusif de la chose politique. III - LES REFERENCES UTILES. ARISTOTE, La politique. MONTESQUIEU, L'esprit des lois. SPINOZA, Traité politique. IV - LES FAUSSES PISTES. Il fallait bien saisir le caractère critique de ce texte à l'égard de la démocratie et ne pas en affaiblir la teneur. Il était requis de montrer quelles sont les conditions de réalisation de l'idéal démocratique en insistant sur l'unité dela loi et de la liberté. Une critique de l'analyse de Platon pouvait être tentée mais sans lui donner une forme trop agressive. PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C.Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève del'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialementpour la musique et les mathématiques.

Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399,date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages enÉgypte et en Italie du Sud.

Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.

Letyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.

Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.

Rentré àAthènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.

Ilse rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.

Il mourut octogénaire, à Athènes,désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie.

Toutes les oeuvres de Platon sont desdialogues.

Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.

— C'est sous l'influencede Socrate que Platon conçut son système philosophique, premier système spiritualiste complet, qui fait duphilosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.

Pour les Pythagoriciens, la raison deschoses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de lanature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.

Platon fut le premier à poser un principe intelligent comme. »

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