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Platon: dialogue et mauvaise foi

Publié le 29/04/2005

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platon
SOCRATE - J'imagine, Gorgias, que tu as eu, comme moi, l'expérience d'un bon nombre d'entretiens. Et, au cours de ces entretiens, sans doute auras-tu remarqué la chose suivante : les interlocuteurs ont du mal à définir les sujets dont ils ont commencé de discuter et à conclure leur discussion après s'être l'un et l'autre mutuellement instruits. Au contraire, s'il arrive qu'ils soient en désaccord sur quelque chose, si l'un déclare que l'autre se trompe ou parle de façon confuse, ils s'irritent l'un contre l'autre, et chacun d'eux estime que son interlocuteur s'exprime avec mauvaise foi, pour avoir le dernier mot, sans chercher à savoir ce qui est au fond de la discussion. Il arrive même, parfois, qu'on se sépare de façon lamentable : on s'injurie, on lance les mêmes insultes qu'on reçoit, tant et si bien que les auditeurs s'en veulent d'être venus écouter pareils individus. Te demandes-tu pourquoi je parle de cela ? Parce que [...] j'ai peur de te réfuter, j'ai peur que tu ne penses que l'ardeur qui m'anime vise, non pas à rendre parfaitement clair le sujet de notre discussion, mais bien à te critiquer. Alors, écoute, si tu es comme moi, j'aurai plaisir à te poser des questions, sinon, j'y renoncerai. Veux-tu savoir quel type d'homme je suis ? Eh bien, je suis quelqu'un qui est content d'être réfuté, quand ce que je dis est faux, quelqu'un qui a aussi plaisir à réfuter quand ce qu'on me dit n'est pas vrai, mais auquel il ne plaît pas moins d'être réfuté que de réfuter. En fait, j'estime qu'il y a plus grand avantage à être réfuté, dans la mesure où se débarrasser du pire des maux fait plus de bien qu'en délivrer autrui. [... ] Donc, si toi, tu m'assures que tu es comme moi, discutons ensemble ; sinon, laissons tomber cette discussion et brisons là. Platon

Rappel : comment comprendre l'intérêt philosophique d'un texte ?  D'un point de vue philosophique, un texte présente un intérêt décisif lorsqu'il permet de penser un problème posé pour lui-même, ou du moins de l'éclairer. La lecture du texte, approfondie jusqu'à son élucidation la plus exigeante, prend tout son sens lorsqu'est mis en évidence l'à-propos du texte ou, si l'on veut, ce dont il traite effectivement. Il ne faut pas ici se contenter de définir le « thème « qu'il aborde, mais s'efforcer de formuler un enjeu essentiel qu'il permet de comprendre et de mettre en lumière. Le texte, ainsi saisi, n'est jamais la fin ultime de l'explication, car il s'agit de viser à travers lui la question philosophique qui lui donne toute sa raison d'être.

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