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Platon vs Gorgias: le beau et le juste selon la Nature

Publié le 30/04/2005

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platon
Gorgias : Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais te le dire franchement ! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer. Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela. C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que le dérèglement est une vilaine chose. C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme. Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![...] En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordre et une vie de dérèglement, ne ressemble pas à la situation suivante. Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux. Les tonneaux de l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes de choses. Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir et qu'on obtient qu'au terme de maints travaux pénibles. Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à ses tonneaux, il est tranquille. L'autre homme, quant à lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus pénibles peines. Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? [...] Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate. Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement le type d'existence dont je parlais tout à l'heure : il vit comme une pierre. S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine. Au contraire, la vie de plaisirs est celle où on verse et reverse autant qu'on peut dans son tonneau ! PlatonLe Gorgias pose la question de savoir ce qu'est la rhétorique, donc son utilité. Or Gorgias la définit comme la science des discours. Dès lors le problème est de savoir de quel type de discours elle est la science : c'est du juste et de l'injuste. Mais au fil du dialogue, la rhétorique apparaît comme étant à l'âme ce qu'est la cuisine pour le corps. Les orateurs sont regardés alors comme des flatteurs mais selon Polos se sont les citoyens les plus puissant. C'est alors que s'engage une discussion sur la valeur de cette puissance avec comme exemple le cas du tyran. Or, en tuant ou bannissant, il fait tout ce qu'il y a de plus contraire à son bien, puisqu'il fait une injustice. Il n'est donc ni puissant, ni heureux. Cependant, comme Polos le soutient, tout le monde tient pour un homme heureux le roi de Macédoine Archélaos, qui est parvenu au trône à force de crimes. Mais : l'opinion du grand nombre ne compte pas ici et pour dire si le grand roi lui-même est heureux, il faut connaître le fond de son âme et savoir s'il pratique la justice. Ainsi dans sa discussion avec Polos, Socrate insiste particulièrement sur ces deux points : qu'il vaut mieux subir l'injustice que de la commettre et que le plus grand des maux est de n'être pas puni quand on a mérité de l'être ; et qu'il y a plus de mal encore à n'être pas puni d'une faute qu'à la commettre. Dès lors la question se porte sur la valeur du plaisir, de l'avantage et du bien et c'est dans ce contexte que se pose la question qui dirige l'ensemble de notre texte (492a) qui est de savoir : quelle est le genre de vie qu'il faut choisir en vue d'être heureux c'est-à-dire quel est la valeur du désir et de son rapport avec le bonheur ?
platon

« l'homme au plaisir.

L'homme raisonnable est celui qui distingue les plaisirs nécessaires et les plaisirs superflus.b) Il faut alors remarquer que la tempérance est ici l'une des quatre vertus « cardinales » comme le montre laRépublique au livre IV.

Au demeurant, il apparaît que l'homme raisonnable ne possède pas simplement cette vertu mais il est aussi juste, courageux et pieux qui sont les trois autres vertus « cardinales ».

Mais surtout c'est dire quel'homme raisonnable qui est l'homme bon participe à la fois de la tempérance, de la justice, du courage et de lapiété.

En ce sens, il y a une complémentarité de la participation et commerce entre les formes.

Cet hommeparfaitement est bon, en ce sens il participe aussi du Bien, ainsi que les formes précédentes.

La justice estl'exercice de sa propre fonction, mais surtout elle est le facteur d'équilibre et d'harmonie dans un tout.

Dès lors lapersistance dans l'exercice de son devoir suppose alors le courage parce qu'il est la vertu consistant à savoir cequ'il faut redouter ou non.

Mais surtout si la justice et la tempérance d'une telle âme assurent aussi son couragec'est que ce dernier est bien le juste milieu entre deux excès, c'est-à-dire entre l'intrépidité aveuglante et lacouardise infamante.

De même, si l'homme tempérant est l'homme qui s'acquitte de ses devoirs alors il est un hommepieux dans la mesure il s'acquitte de ses devoirs non seulement envers les hommes mais aussi envers les dieux.

Eneffet, la piété correspond au respect des traditions et à l'obéissance à la loi.

Autrement dit, l'homme raisonnable estl'homme bon parce qu'il participe au bien et que la justice, le courage, la piété, et la tempérance participent du bienqui est la forme absolue.

Il y a donc une unité des vertus cardinales.c) Or c'est ce rayonnement de la vertu qui assure le bonheur d'un homme.

La vertu est l'exercice d'une excellence,d'un fonction propre ordonnée.

Et il faut remarquer que ces différentes vertus correspondent à différentes manièresd'agir ou de faire les choses de manière convenable selon les circonstances.

La tempérance est alors une sagessepratique : possédant cette vertu on connaîtra toujours le succès dans ses actions.

L'homme tempérant est doncl'homme prudent car la vertu n'est rien d'autre que la connaissance d'un certain savoir c'est-à-dire une aptitude àagir correctement.

L'excellence éthique est aussi une excellence cognitive et pratique.

L'homme raisonnable estdonc celui qui agit conformément à l'ordre des choses tandis que par contraste, l'homme qui agit mal est déréglé.Les deux portraits sont radicalement opposés.

L'action fait donc signe vers l'excellence ou pas d'une âme : elle estson révélateur.

Et c'est en ce sens que Socrate s'oppose à Calliclès puisque dans le passage précédent c'est biend'un homme déréglé, intempérant, poursuivant tous les plaisirs, dont ce dernier faisait l'éloge.

Or c'est bien l'unitédes vertus sur le fondement de l'excellence de l'homme qui constitue l'ordre de l'âme.

En effet, l'excellence dechaque chose consiste de la présence en celle-ci de la forme d'un ordre qui lui est propre.

Pour l'âme donc l'ordrefondamentale découle de toutes ces vertus.

L'âme est alors en harmonie, elle est réglée.

L'âme qui possède un telordre est alors l'âme bien arrangée comme une âme sage.

Cette sagesse peut être alors considérée comme unevertu principale qui contient toutes les autres.

En ce sens, la tempérance exprime le bon ordonnancement de l'âmeet assure la présence de toutes les autres vertus cardinales. Transition : Ainsi la vie réglée est la vie heureuse selon Socrate car elle est manifestation de l'ordre de l'âme.

Il s'agit alors desavoir le rapport que le désir et le bonheur peuvent entretenir ensemble.

C'est en ce sens que Socrate produit cetteallégorie des deux tonneaux.

II – La métaphore des tonneaux a) La seconde partie est constituée par la réponse de Socrate.

Dans ce cas, si l'ordre dans l'âme permet la réussitede l'action donc d'atteindre le bonheur, c'est dire que la tempérance doit être le but à atteindre ; c'est pourquoi cesecond moment du texte insiste sur le modèle de vie que constitue l'homme raisonnable.

En effet, c'est bien pourSocrate une vérité que l'homme raisonnable ait une âme réglée et soit heureux.

Dès lors, il faut voir le double statutde cette vérité puisqu'elle se définit comme un axiome c'est-à-dire que tout homme tend à promouvoir ou désirer ;donc corrélativement, tout homme doit chercher à être vertueux.

Mais bien plus, si la vérité se définit commel'exactitude ou l'adéquation entre un discours sur un objet et cet objet il faut voir alors que Socrate propose encreux une définition du bonheur et établi le rôle de la rhétorique en tant que science des discours.

Le bonheur estainsi une excellence qui repose sur la possession d'un caractère tempérant car c'est celui qui dispose de la vie lameilleure.

Or si Socrate en vient à parler de la valeur du bonheur ici c'est bien parce que la question du règlementou du dérèglement est de premier ordre notamment dans le rapport aux plaisirs du corps.

L'être humain se définitcomme l'association d'une âme et d'un corps, le bonheur se définit donc en fonction de l'état de l'âme dans sarelation avec le corps mais aussi avec elle-même.

Un homme réglé a donc une âme ordonnée mais aussi une relationâme-corps harmonieuse ce qui préfigure par ailleurs le mythe eschatologique final.

C'est pourquoi il faut s'intéresseraussi à la santé du corps et ne pas la délaisser.

Un corps malade est le signe d'une âme déréglée.

Une âmeheureuse se soucie donc de son corps.

Dès lors c'est bien vers la tempérance en tant que modération que nousdevons nous tourner comme mode de vie ou modèle de vie.

Non seulement la rechercher mais aussi la pratiquer carune vertu n'est pas qu'un savoir, ici distinguer ce qui bon pour l'ordre de l'âme ou pas, mais surtout l'exercice de cesavoir.

Alors par contrariété, il apparaît que la recherche de la tempérance exclue le dérèglement donc renvoie à lanécessité de la fuite : ce qui renvoie alors à la vertu du courage, mais exclut aussi l'injustice.

Et c'est en ce sensalors que l'on peut introduire le rapport et la métaphore des deux tonneaux, insistant sur la valeur du désir.b) Justice et tempérance alors comme les deux vertus principales.

Or s'il est important que l'on agisse avec ellesc'est dans la mesure où l'homme doit avoir un rôle actif dans son rapport au désir et aux passions.

Contrairement àl'homme déréglé qui pense à tort être actif quand il se laisse dominer par ses passions, la modération lui permettrade régler ses désirs en vue d'une bonne santé du corps et de l'âme donc sans entrer dans le cercle infernal et infinide la satisfaction de tous les désirs suivant l'image du tonneau des Danaïdes, ni ne mener la vie d'un « vaurien ».Dès lors faut-il reprendre correctement le calcul de l'avantage et du désavantage du vice et de la vertu, c'est-à-. »

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