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Platon et la nécessité des lois

Publié le 01/05/2005

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platon
Il est, décidément, indispensable aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois ; autrement, il n'y a aucune différence entre eux et les animaux qui, sous tous les rapports, sont les plus sauvages. Et voici quelle en est la raison : il y a absolument pas d'homme qui naisse avec une aptitude naturelle, aussi bien à discerner par la pensée ce qui est avantageux pour l'humanité en vue de l'organisation politique, que, une fois cela discerné, à posséder constamment la possibilité comme la volonté de réaliser dans la pratique ce qui vaut le mieux. En premier lieu, il est difficile en effet de reconnaître la nécessité, pour un art politique vrai, de se préoccuper, non pas de l'intérêt individuel, mais de l'intérêt commun, car l'intérêt commun fait la cohésion des États, tandis que l'intérêt individuel les désagrège brutalement ; difficile en outre de reconnaître que l'avantage, à la fois de l'intérêt commun et de l'intérêt individuel, de tous les deux ensemble, est que l'on mette en belle condition ce qui est d'intérêt commun, plutôt que ce qui est d'intérêt individuel. En second lieu, à supposer que d'aventure, on ait acquis dans les conditions scientifiques voulues la connaissance de cette nécessité naturelle ; à supposer, en outre de cela, que dans l'État, on soit investi d'une souveraineté absolue et qui n'ait point de comptes à rendre, il ne serait jamais possible que l'on demeurât toujours fidèle à cette conviction, c'est-à-dire que, tout au long de la vie, on entretînt à la place maîtresse l'intérêt commun, et l'intérêt individuel en état de subordination à l'égard de l'intérêt commun. Platon
platon

« se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.

» Les éléments fondamentaux sont mis en place :• parce que l'homme est poussé par un insatiable appétit de domination et qu'il cherche aussi à se protéger contreles agressions d'autrui par des actions préventives, la situation (« état de nature ») qui précède la vie en société seramène à une guerre perpétuelle ;• la paix entre les hommes ne peut être obtenue que si tout le monde se soumet à une autorité (« un pouvoircommun ») qui contraint (« les tient en respect ») les hommes à ne plus attenter à la vie d'autrui. Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.

Dansl'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dans la vie ensociété, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue.Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « laguerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». Dans le système de Hobbes, comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chezRousseau, un contrat liant gouvernant et gouvernés.

Le contrat Hobbesien est un contrat qui ne lie que lesgouvernés entre eux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pas attenter à ta vie et, enéchange, tu t'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptons d'obéir à une autorité dont lafonction sera d'imposer le respect des termes du contrat.La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la « fin » de cetteconvention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.

Chacunréfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessé par autrui.

Enconséquence pour Hobbes, si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autresactions qui peuvent entraîner la mort), je me trouve en état de légitime défense et j'ai le droit de résister.

Certainesnuances sont apportées à ce droit de résistance ; ainsi, s'il y a promesse de pardon, je dois m'incliner.

De plus, sesmodalités de mise en œuvre pourraient être mieux précisées.

Mais l'essentiel est qu'il demeure un droit de résistancese rattachant à l'idée que l'organisation sociale a pour but de protéger le corps de l'homme et qu'elle perd son senssi, portant atteinte à ce corps, elle recrée la situation de l'état de nature qu'elle avait pour mission de supprimer.L'individu concerné pourra alors protéger sa vie de la même manière qu'il l'aurait fait à l'état de nature.Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de la collectivité.L'organisation sociale a pour but de protéger l'individu.

Le pouvoir qui fait régner l'ordre est quasi absolu à seule find'éviter la guerre civile qui n'est, en fait, qu'un retour à l'état de nature.

Mais quasi absolu seulement, car cepouvoir souverain est limité par un principe de cohérence qui veut qu'il ne fasse pas ce qu'il a pour fonctiond'empêcher.On voit donc apparaître ici, conjointement au souhait d'un pouvoir concentré et fort, l'idée de droits inaliénables del'être humain, la nécessité d'un respect de l'individu dans son corps, éléments qui peuvent être perçus comme lesprémisses des droits de l'homme.Le meilleur résumé de la façon dont s'établit le contrat est à chercher dans « Léviathan », l'œuvre majeure duphilosophe.

Au chapitre 17, celui-ci écrit : « La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre lesgens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à les protéger detelle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir et vivre satisfaits, c'est deconfier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou à une assemblée, qui puisse réduire toutes leursvolontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté.

»Cela revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoueet se reconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et lasécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun, par conséquent, soumette sa vol et sonjugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée.Cela va plus loin que le consensus ou concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne,unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme si chacun disait àchacun : « J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne le droit de me gouverner moi-même, àcette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes se actions de la même manière.

»Cela fait la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une REPUBLIQUE, en latin CIVITAS.

Telle est lagénération de ce grand LÉVIATHAN, ou plutôt, pour en parler avec plus de révérence, de ce « dieu mortel, auquelnous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection.

»Pour Hobbes, le propre de cette souveraineté est qu'elle est indivisible.

Sur ce point, il s'oppose aux tendances,défendues à son époque, qui aboutiront à cette distribution des pouvoirs mise en œuvre dans la constitutionanglaise et dont Montesquieu s'inspirera.Hobbes refuse que le parlement détienne une partie de la souveraineté.

Ce parlement est seulement auprès du roipour un rôle de conseil.

Lui allouer ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir reviendrait à introduire le germe de laguerre civile dans l'État.Il importe avant tout que la souveraineté ne soit pas divisée, car les troubles commencent quand le citoyen « voitdouble ».

Le guerre civile naît lorsque les gouvernés ne savent pas à qui obéir.Les préférences de Hobbes vont à la monarchie absolue (la souveraineté dans la main d'un seul), mais elles vont,d'une manière plus générale, à un pouvoir concentré et fort.

A choisir entre une monarchie parlementaire, où lasouveraineté est partagée entre le parlement et le roi, et une démocratie dans laquelle la souveraineté seraiteffectivement et uniquement détenue par l'ensemble du peuple, il opterait pour ce dernier système.Le contrat social, qui, avant lui, était présenté comme une convention entre gouvernant et gouvernés pour mettreen cause une monarchie défaillante ou le principe même de la monarchie absolue, devient un contrat entre. »

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