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Platon: Le plus souvent la nature et la loi s' opposent

Publié le 17/04/2009

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Le plus souvent la nature et la loi s' opposent l'une à l'autre. [...] Car, selon la nature, tout ce qui est plus mauvais est aussi plus laid, comme de souffrir l'injustice, tandis que, selon la loi, c'est la commettre. Ce n'est même pas le fait d'un homme, de subir l'injustice, c'est le fait d'un esclave, pour qui la mort est plus avantageuse que la vie, et qui, lésé et bafoué, n' est pas en état de se défendre, ni de défendre ceux auxquels il s'intéresse. Mais selon moi, les lois sont faites pour les faibles et parle grand nombre. C'est pour eux et dans leur intérêt qu'ils les font et qu'ils distribuent les éloges et les blâmes ; et, pour effrayer les plus forts, ceux qui capables d'avoir l'avantage sur eux, pour les empêcher de l'obtenir, ils disent qu'il est honteux et injuste d'ambitionner plus que sa part et que c'est en cela que consiste l'injustice, à vouloir posséder plus que les autres ; quant à eux, j'imagine qu'ils se contentent d'être surie pied de l'égalité avec ceux qui valent mieux qu'eux. Platon
  • mouvement du texte et explication

►    Opposition entre la nature et la loi (c'est-à-dire ce qui relève des conventions et des institutions humaines), laquelle était habituelle à la sophistique. L'interlocuteur de Socrate est en effet le sophiste Calliclès (texte tiré de Gorgias, 482 e). ►    Critique de la thèse de Socrate qui estimait « préférable de subir l'injustice plutôt que de la commettre « (474 c). — Car... commettre. Laid a ici un sens éthique, non esthétique. Le laid se définit comme « le douloureux et le nuisible « (cf. 475 a). De même mauvais signifie désavantageux. Du point de vue de la nature donc il n'est pas laid de commettre l'injustice.

  • élément de réflexion

— Ne peut-on rapprocher la thèse de Calliclès de la position nietzchéenne sur la « volonté de puissance « et la « morale des esclaves « ? Cependant, contre un tel rapprochement, cf. J. Granier, Le problème de la Vérité chez Nietzsche, p. 419.

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« faut se référer ici à l'intégralité de la discussion entre Socrate et Calliclès.

Ce dernier défend une conception de lajustice fondée sur sa vision de la nature : sera juste ce qui sera conforme à l'expression de la puissance.

Il seranormal, par exemple, que, dans la conduite des affaires de la Cité, les plus forts gouvernent les faibles.

La penséede Calliclès est la première d'une lignée qui refuse de dissocier la force du droit, et proclame la prérogative naturelledes puissants à diriger les autres. 3 - La loi, expression de la morale des faiblesDans une semblable perspective, qui identifie droit et force, ou fait découler le premier de la seconde, toute loi quientrave l'exercice du désir est destinée à brider les puissants en leur inculquant mauvaise conscience ; « il esthonteux et injuste d'ambitionner plus que sa part...

».

La loi, expression de la morale égalitaire, qui veut maintenir unéquilibre, est, au sens étymologique, une dénaturation.

Elle vise à rectifier l'ordre naturel, en imposant des valeursartificielles qui en détruisent la logique.

En d'autres termes, il n'existe pas, pour Calliclès, d'autres valeurs quel'enseignement de la nature. Éléments de discussion I - Les ambiguïtés de CalliclèsII existe dans le texte quelques ambiguïtés qui doivent être relevées etdiscutées :• L'identité du plaisir et du Bien.

Peut-on admettre comme postulat qu'il n'y ait rien à opposer à cette conception !Dans la suite du dialogue, Socrate s'attache soigneusement à ruiner, sur ce point, la thèse de Calliclès.• L'ambiguïté de la notion de forts : qui sont-ils ? En un sens, le plus grand nombre n'est-il pas le plus fort et, dumême coup, n'a-t-il pas raison d'employer sa force à se.

protéger ? C'est un argument que développe égalementSocrate. 2 - Le fondement de la loiLe propos de Calliclès peut être lu également comme un révélateur.

Il oblige, en particulier, à justifier la distinctionentre le droit et la force, et par conséquent à réfléchir sur les fondements du premier.

Il est significatif que lacritique des fondements de la morale dans la philosophie de Nietzsche aboutit à retrouver, contre Socrate et Platon,des accents qui rappellent ceux de Calliclès.

En effet, seule la croyance en des valeurs distinctes de l'exercicespontané des facultés de chacun peut permettre de justifier la dissociation de la force et du droit. 3 - Loi et natureCalliclès oppose, dans le texte, les deux notions.

Mais il le fait en postulant que la nature n'est que le lieu oùs'expriment les désirs et les instincts dans une sorte de violence pure qui ne connaît d'autres limites que sa proprepuissance.

On peut discuter ce point de vue de deux manières différentes :• Pourquoi serait-il condamnable de modifier l'ordre naturel par la loi ? Lorsque Rousseau, par exemple, étudie lepacte social, il reconnaît qu'il remonte non à la nature, mais à une première convention.

La dénaturation que produitla loi n'est peut-être que le signe d'une « humanisation » de l'homme, qui s'écarte toujours davantage de son étatpremier.

Vivre selon la nature renvoie alors à un état primitif de l'homme qui serait à dépasser : « car l'impulsion duseul appétit est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté » (Contrat social, livre I, chapitreVIII).

La discussion s'oriente alors vers l'analyse des rapports entre la nature et la civilisation, des capacités quepossède l'homme à s'arracher à sa situation première dans la nature.• La nature se réduit-elle à l'appétit, à l'exercice brutal et incontrôlé de la force et du désir ? Ne peut-on admettre,au moins à titre potentiel, que la raison fait partie de la nature, de celle de l'être humain ? Dans ce cas, lorsque laloi se trouve être l'expression de la raison, ne peut-on considérer qu'elle est en conformité avec la nature ?En tout état de cause, la discussion doit faire une part importante aux présupposés de Calliclès touchant à la notionde nature, soit que l'on conteste la définition qui en est implicitement posée, soit que l'on se refuse à lui accorder lerôle de modèle auquel on doit conformer son action.

PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C.Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève del'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialementpour la musique et les mathématiques.

Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399,date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages en. »

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