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La poésie dans la littérature américaine

Publié le 23/10/2011

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Les Brahmines et consorts avaient l'intelligence de leur classe - celle de la bourgeoisie aisée de la Nouvelle Angleterre : intellectuellement et géographiquement, ils sont entièrement exprimés dans leur particularisme. Les poètes du mouvement sont eux aussi originaires de cette région - mais tous, avant de revenir l'illustrer, s'en sont d'abord détachés. Il ne faut donc pas oublier, en dépit de ces divergences d'attitudes et d'inspirations, une certaine communauté d'idées dans cette Amérique du xixe siècle, communauté due à la relative exiguïté du territoire dans lequel elles se faisaient jour.

« William Cullen Bryant voie à la poesie des Etats-Unis, et son origina­ lité lui vaudra d 'être étudié avec Whitman, le barde du « rêve américain » et le descen­ dant direct d'Emerson .

La résistance La poésie américaine née avec la Révolution américaine, atteint l'âge de raison au moment de la guerre civile.

Autrement dit, son enfance est étroitement liée à celle de la nation amé­ ricaine - comme elle , aussi confuse et com­ plexe.

C'est pourquoi, parler de résistance ou de mouvement peut paraître, au premier abord , quelque peu schématique.

Sans doute, le pre­ mier t erme décrit-il assez bien les aspirations politiques ct littéraires des « Connecticut Wits » , la première « école » poétique de l'his­ toire américaine qui regroupa , dans les années 1780-1790, des écrivains mineurs comme John TRUMBULL (1750-1831), TIMOTHY DWIGHT (1752- 1817), David HUMPHREYS (1752-1818) et, à un degré moindre, Joel BARLOW (1754-1812), l'au­ teur d'une épopée intitulée The Vision of Co­ l o mbus (1787).

Ces poètes faisaient remonter leur filiation à Pope et à Dryden , ou plus ré­ cemm ent à Goldsmith et à Thomson.

Néo-clas­ siques dans leurs productions littéraires, ils se réclam ent d 'autre part du calvinisme de la plus stricte obédience, et si leur patriotisme les pousse à se faire les partisans de l'Indépen­ dance, ils en refusent les appels démocratiques et égalitaires - se veulent Fédéralistes plutôt que Jeffersoniens .

Mais précisément ce por­ trait de la « résistance » l.a plus pure ne sem­ ble guère convenir à la persunne de William Cullen BRYANT (1794-1878).

Après tout, Bryant a rejeté très vite les traditions calvinistes et fédéralistes de ses premiers vers de jeunesse; c'est lui qui, à partir de 1829 , comme rédac­ teur en chef du journal new-yorlla is Evening Post, se fait le champ ion de toutes les causes démocratiques et humanitaires de son temps; c 'est lui enfin qui, dans son œuvre mêm e, évo­ lue insensiblement du néo-cl assici sme le plus traditionnel au romantisme.

II n'en demeure pas moins avant tout le poète d'un e époque de transition - à mi-chemin entre Pope et Wordsworth ou Coleridge; son art poétique pose la nécessité de la suggestion et du symbole, mais à condition de ne trait e r que des sujets les plus nobles et de p ourvoir ainsi le lecteur en leçons de sage ss e : l e trivial et le commun ne sont bons que pour la pro se.

Ainsi ses thè­ m es es s entiels seront-ils la mort (Thanatopsis , 1811) et la nature .

Ses prises de position libéra­ les ne viennent guère affecter l'œuvre de sa maturité .

Il ne fait pas de son talent un ins­ trument de rupture poétique déci sive.

Bryant présente des affinités avec Emerson, mais il per­ met en fait l'avènement d 'un Longfellow.

Poète de la Nouvelle-Angleterre, il reste tourné vers l'Europe, et au moment des grands choix, con­ tribuera peut-être à l'empêcher de regarder vers l'Ouest.

Le moment des grands choix, c'est évidem­ ment la période 1855-1870, celle de la guerre civile, de la rupture entre Nord et Sud, mais surtout de l'émergence de l'Ouest dans la réa­ lité américaine : dès lors, les Etats de la côte Est allaient jouer le rôle que l'Europe occiden­ tale avait joué du temps de l'Amérique colo­ niale : ils devinrent le siège d'une culture ré­ volue.

Bien plus, ils se raidirent dans un con­ servatisme littéraire, fait de décence et de sen­ timentalité, qui marqua l'agonie du roman­ tisme.

C'est l'ère des Brahmines, de ces man­ darins de la pensée américaine de la moitié du XIX' siècle, dont Henry Wadsworth LONGFEL­ LOW (1807-1882) devait devenir le principal représentant - un des poètes les plus populai­ res de tous les temps.

La recette du succès de Longfellow, il faut la chercher dans son art d'assigner à la jeune civilisation américaine un passé culturel combinant en une même my­ thologie abstraite et confuse les aspirations les plus vagues des deux continents.

Les vigoureux appels à l'autonomie littéraire lancés par Coo­ per et répercutés jusqu'à Whitman se perdent, chez Longfellow, dans un rumeur habile où s'apaisent enfin différences et conflits .

Cet Amé­ ricain d'Epinal fixa ainsi, dans trois poèmes narratifs : Evangeline (1847), The Song of Hiawatha (1855) et The Courtschip of Miles Standish (1858), les traits d'une légende tenace que les réalistes auraient du mal à détruire.

Avec plus de talent, James Russel LowELL (1819-1891) aurait peut-être surmonté les handi­ caps imposés par les Brahmines .

The Fable for Critics (1848) ne manquait pas d'observations spirituelles ct perspicaces sur les écrivains amé­ ricains de son époque.

Dans la deuxième par­ tie de ses Biglow Papers, écrits pendant la guerre civile, il s'adresse à John Bull avec des accents qui ne sont pas exactement anglophi­ les.

Et chaque fois qu'il le peut, il fait profes­ sion de foi américaine.

Mais on ne distingue­ rait pas son style du style d'un écrivain an-. »

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