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En politique, ne faut-il croire qu'aux rapports de force ?

Publié le 28/01/2004

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C'est un devoir d'obéir à la justice, tandis que céder à la force n'est qu'une maxime de simple prudence. Ainsi, contre le sophiste Calliclès qui faisait de la force l'unique mesure du droit, Rousseau affirme l'essence morale du droit : céder à la force n'est nullement un devoir ; ce n'est qu'aux « puissances légitimes » qu'on est tenu d'obéir. Les tyrans l'ont bien compris, qui cherchent toujours à masquer la force brutale sous des prétextes honorables. Car la force nue est sans pouvoir sur les consciences. Pour régner durablement, la force a tout intérêt à se faire passer pour le droit. L'hypocrisie des propagandes est, d'une certaine façon, l'hommage que la force brutale rend au droit.  "Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets.

La politique est toujours une lutte pour le pouvoir mais aussi, comme le montre Marx, une lutte entre les intérêts divergents des classes sociales. L'art du politique est de soumettre par la force et la contrainte les hommes. MAIS, là où il y a politique, il y a la recherche d'un intérêt général (Rousseau). Celui-ci ne peut se fonder sur la force mais sur la concorde et l'acceptation de tous. La force divise les hommes sans les rassembler. Un pouvoir qui n'userait que de la force serait condamner à disparaître.

« B.

Force ne fait pas droit. • Rousseau, dans le Contrat social, réfute avec éloquence la thèse quiidentifie le droit à la force.

« Qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la forcecesse ? » demande-t-il à propos du prétendu « droit du plus fort ».

« Ce motde droit n' ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout.

» Affirmer quela puissance fonde la légitimité, c'est confondre en effet le domaine du fait(ce qui est) avec celui du droit (ce qui doit être).

Or, ce n'est pas parce quel'esclavage existe qu'il est juste.

Et un crime reste un crime, même s'ildemeure impuni.En outre, se soumettre à la force est un acte de nécessité ; obéir à la justiceest un acte de volonté.

C'est un devoir d'obéir à la justice, tandis que céderà la force n'est qu'une maxime de simple prudence.

Ainsi, contre le sophisteCalliclès qui faisait de la force l'unique mesure du droit, Rousseau affirmel'essence morale du droit : céder à la force n'est nullement un devoir ; cen'est qu'aux « puissances légitimes » qu'on est tenu d'obéir.

Les tyrans l'ontbien compris, qui cherchent toujours à masquer la force brutale sous desprétextes honorables.

Car la force nue est sans pouvoir sur les consciences.Pour régner durablement, la force a tout intérêt à se faire passer pour ledroit.

L'hypocrisie des propagandes est, d'une certaine façon, l'hommage quela force brutale rend au droit.

"Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, etl'obéissance en devoir.

De là le droit du plus fort; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi enprincipe.

Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique; je ne vois point quellemoralité peut résulter de ses effets.

Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plusun acte de prudence.

En quel sens pourra-ce être un devoir ?Supposons un moment ce prétendu droit.

Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable; car, sitôt que c'est laforce qui fait le droit, l'effet change avec la cause: toute force qui surmonte la première succède à son droit.

Sitôtqu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement; et, puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit quede faire en sorte qu'on soit le plus fort.

Or, qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir parforce, on n'a pas besoin d'obéir par devoir; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé.

(...)Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes." Rousseau, DuContrat social (1762), livre 1, chap.

3, " Du droit du plus fort " CITATIONS: Calliclès : « La justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins bon et le plus fort plus que le moinsfort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes lesraces humaines et dans toutes les cités ! » Platon, Gorgias, Ive s.

av.

J.-C. La loi dont le sophiste Calliclès fait ici l'apologie est la loi du plus fort, qui s'oppose à la justice conventionnelle deshommes en ce qu'elle légitime la domination du puissant sur le faible. « Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « La force elle-même, en tant qu'elle est vraiment force, ne se conserve que par l'effet de la loi et du droit.

»Jamblique, Protreptique, IIIe-IVe s.

apr.

J.-C. Bien avant Rousseau, Jamblique montre que le souverain, même «doté d'une nature invulnérable », ne saurait conserver longtemps sa puissance s'il ne cesse de commettre desinjustices.

En effet, la masse, sûre de son bon droit, ne tarderait pas à se révolter et à renverser son tyran. « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, etl'obéissance en devoir.

» Rousseau, Du contrat social, 1762. « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes.

»Rousseau, Du contrat social, 1762. « Les droits : des degrés de puissance reconnus et garantis.

» Nietzsche, Aurore, 1881.. »

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