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En politique, la fin justifie-t-elle les moyens ?

Publié le 23/02/2004

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La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou pour fonder une république. Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse. » Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout à fait dénué de machiavélisme. Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manoeuvres tortueuses, le recours au secret. Rien de tout cela ici, mais seulement un exposé lucide dans lequel il n'est pas toujours facile de percevoir la marge d'ironie. Ce « machiavélisme » apparaît cependant dans les conseils complémentaires. Le prince doit « savoir entrer dans le mal s'il y a nécessité », mais il veillera cependant à sauver sa réputation. Il fera prendre les mesures impopulaires par quelqu'un d'autre, se réservant celles qui ont la faveur du peuple. Il sera renard : « Mais il est besoin de savoir bien colorer cette nature, bien feindre et bien déguiser. » Machiavel ajoute que les hommes sont si simples et tant soumis aux nécessités du présent que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un prêt à se laisser tromper.
La politique est le règne de la force. Comme le montre Machiavel, l'efficacité des moyens repose sur une totale amoralité que justifie la moralité des fins. Afin de préserver la paix et la sécurité, tous les moyens sont bons. Mais, il n'existe plus aucune limite à l'action politique dès lors qu'on en appelle à une fin morale pouvant justifier toutes les transgressions de la moralité. L'immortalité n'a jamais engendré la vertu et n'a jamais permis à un Etat de se maintenir en place.

« pour se conserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose de répondre à cettequestion.Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.

En étudiant le comportement des grands hommes,en analysant les causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager les principes surlesquels pourra se fonder une action politique.

Sa conclusion est claire : on ne fait pas de bonne politiqueavec de bons sentiments.Il n'est pas important pour le « Prince » d'être bon ou de ne pas l'être.

Celui-ci doit avoir la ruse du renard «pour connaître les filets » et la force du lion « pour faire peur aux loups ».

L'exemple à suivre est celui del'empereur Sévère qui « fut un très féroce lion et un très astucieux renard ».« Il faut donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par des lois, l'autre par la force ; la premièreforme est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; comme la première bien souvent ne suffit pas, ilfaut recourir à la seconde.

Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquer la bête et l'homme.

»La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage necondamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchieou pour fonder une république.

Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse.

»Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout à faitdénué de machiavélisme.

Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manoeuvrestortueuses, le recours au secret.

Rien de tout cela ici, mais seulement un exposé lucide dans lequel il n'estpas toujours facile de percevoir la marge d'ironie.

Ce « machiavélisme » apparaît cependant dans les conseilscomplémentaires.

Le prince doit « savoir entrer dans le mal s'il y a nécessité », mais il veillera cependant àsauver sa réputation.

Il fera prendre les mesures impopulaires par quelqu'un d'autre, se réservant celles quiont la faveur du peuple.

Il sera renard : « Mais il est besoin de savoir bien colorer cette nature, bien feindreet bien déguiser.

» Machiavel ajoute que les hommes sont si simples et tant soumis aux nécessités du présentque celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un prêt à se laisser tromper.

Il importe donc avant tout depréserver ce que l'on n ‘appelait pas encore son « image de marque » : « il n'est donc pas nécessaire à unPrince d'avoir toutes les qualités dessus nommées, mais bien il faut qu'il paraisse les avoir.

»Un exemple parmi d'autres de ces pratiques, qui laissa Machiavel frappé de stupeur, mais sans doute aussiadmiratif : César Borgia, pour faire régner l'ordre en Romagne, donna toute puissance à l'un de ses hommes deconfiance connu pour être cruel & expéditif.

La paix établie, pour éviter que l'opprobre ne s'attache à sapropre personne, il fit exécuter l'officier, exposant son corps coupé en deux morceaux sur une place publique.Bel exemple de duplicité et de détermination.

Borgia possédait la « virtù ».Le Prince ne se souciera donc pas de ce qu'exige la morale, mais il veillera à manipuler l'opinion pour asseoir saréputation.

La chose est aisée du fait de la crédulité du peuple.

« Les hommes, en général, jugent plutôt auxmains qu'aux yeux.

»« Qu'un Prince donc se propose pour but de vaincre, et de maintenir l'Etat ; les moyens seront toujoursestimés honorables et loués de chacun ; car le vulgaire ne juge que de ce qu'il voit et de ce qui advient ; oren ce monde il n'y a que le vulgaire ; et le petit nombre ne compte pour rien quand le grand nombre a de quois'appuyer.

» Rousseau estime que ce penseur politique a été encore plus subtilement machiavélique qu'on ne le pense.

Enfaisant semblant de donner des conseils à un prince sur la façon de manipuler les foules, il aurait en faitdévoilé aux peuples la manière dont ils sont grugés : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en adonné de grandes aux peuples.

Le Prince de Machiavel est le livre des républicains.

»Spinoza pensait déjà de même : « Peut-être Machiavel a-t-il voulu montrer qu'une masse libre doit, à toutprix, se garder de confier son salut à un seul homme [...] Cette dernière intention est, quant à moi, celle queje serais porté à prêter à notre auteur.

Car il est certain que cet homme si sagace aimait la liberté et qu'il aformulé de très bons conseils pour la sauvegarder.

» Tous les moyens sont bonsSi la religion constitue une force sociale déterminante, le candidat au pouvoir, même s'il est athée, doitl'utiliser.

S'il lui faut flatter le peuple ou bien lui mentir, aucune raison morale ne doit l'en empêcher.

La force,la ruse, voire même l'assassinat sont autant de moyens de parvenir le plus rapidement possible au pouvoir. Une seule obligation: ne pas se faire haïr par le peupleLa seule limite à ne pas dépasser est là: qui veut le pouvoir doit avoir l'habileté de se faire craindre tout enévitant impérativement de se faire haïr.

Machiavel dira: A un prince, il est nécessaire d'avoir l'amitié du peuple.C'est au chapitre neuf du « Prince » (1513) que Machiavel énonce, pour le réfuter, le proverbe : « Qui sefonde sur le peuple se fonde sur la fange », auquel il rétorque : « Je conclurai seulement qu'à un prince il estnécessaire d'avoir l'amitié du peuple.

»Ce chapitre (comme bien d'autres passages du « Prince ») est donc consacré à montrer que tout princeprudent ou vertueux doit s'appuyer sur le peuple.Machiavel fait partie des auteurs dont le nom passe dans la langue commune, et il en subit le sort : l'image du« machiavélisme » correspond mal à la réalité des écrits de Machiavel.

Des tentatives de l'auteur italien,longtemps haut fonctionnaire florentin, pour fonder la politique, la débarrasser de considérations morales quilui sont étrangères, y substituer une éthique propre, l'imagerie populaire n'a retenu que la caricature ducynisme, de la cruauté et de la soif du pouvoir.Notre auteur avait parfaitement conscience d'écrire sur un ton nouveau et de s'écarter des sentiers battusvoire rebattus de la politique.

Il récuse la morale traditionnelle au nom du réalisme et de l'efficacité : « Il m'a. »

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