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La politique est-elle nécessairement violente ?

Publié le 08/10/2005

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La politique est la discussion et l'action qui s'ensuit, qui vise à instituer le champ du politique, qu'on appellera la cité, l'État ou la République. Ce champ vise à construire l'unité d'une pluralité d'individus, en référence à un bien commun, c'est-à-dire un bien qui concerne chaque membre de la cité, chaque citoyen. De ce point de vue, on voit que la violence, sous la forme de la guerre effective, ou de la simple menace, paraît s'opposer à la possibilité de la constitution de ce champ politique. Car toute violence est destructrice, et s'oppose donc au bien de la personne à qui il est fait violence, l'excluant du même coup du politique. D'un autre côté, l'unité d'une pluralité suppose parfois de frustrer des désirs, donc de violenter les individus, pour le bien de la communauté. On pensera ici au gouvernement, qui a pour charge d'appliquer les lois, et qui doit pouvoir utiliser une force. Enfin, chaque nation ou Etat, dans sa souveraineté, c'est-à-dire son pouvoir ultime de décider d'elle-même et de son avenir, doit pouvoir utiliser la violence contre d'autres nations si elle le juge nécessaire. On voit donc ici le problème : d'un côté la politique vise à promouvoir le bien commun, incompatible avec la violence, et d'un autre elle doit parvenir à ses fin, parfois contre la volonté de certains individus eux-mêmes.

« • Un article de Jacques Texier dans La Pensée no 139, juin 1968: « Gramsci, théoricien des superstructures.

Sur leconcept de société civile.

»concept de société civile.

»• Julien Freud, L'Essence du politique (Sirey).On y trouvera des essais de distinction entre force, puissance et violence.• Max Weber, Le savant et le politique (Pion). plan indicatif Analyse du sujet ● Le sujet met en relation deux notions (la politique et la violence) et se pose la question du statut de cetterelation : la nécessité. ● La politique : l'action qui consiste à constituer ou préserver « le » politique, c'est-à-dire lechamp d'interaction des individus dans le domaine du bien commun, qui concerne chaque membrede la cité ou République.

La politique, en tant qu'action, suppose donc une puissance ou une force,qui est son moyen. ● Violence : force qui vise à détruire ce qui s'oppose à elle pour pouvoir triompher.

Mais la violence n'est pastoujours force effective, elle a un rôle dissuasif par la menace.

Emploi illégal (contraire aux lois) de la force,mais parfois légitime (révolte). ● La nécessité : ce dont le contraire est impossible.

Ce qui ne peut pas ne pas être.

Il faut alors distinguerce qui est nécessaire en droit (le contraire est logiquement impossible) et ce qui est nécessaire en fait (lecontraire est pratiquement impossible, ou infaisable, même si c'est théoriquement possible). Problématique La politique est la discussion et l'action qui s'ensuit, qui vise à instituer le champ du politique, qu'onappellera la cité, l'État ou la République.

Ce champ vise à construire l'unité d'une pluralité d'individus, en référence àun bien commun, c'est-à-dire un bien qui concerne chaque membre de la cité, chaque citoyen.

De ce point de vue,on voit que la violence, sous la forme de la guerre effective, ou de la simple menace, paraît s'opposer à la possibilitéde la constitution de ce champ politique.

Car toute violence est destructrice, et s'oppose donc au bien de lapersonne à qui il est fait violence, l'excluant du même coup du politique.

D'un autre côté, l'unité d'une pluralitésuppose parfois de frustrer des désirs, donc de violenter les individus, pour le bien de la communauté.

On pensera iciau gouvernement, qui a pour charge d'appliquer les lois, et qui doit pouvoir utiliser une force.

Enfin, chaque nationou Etat, dans sa souveraineté, c'est-à-dire son pouvoir ultime de décider d'elle-même et de son avenir, doit pouvoirutiliser la violence contre d'autres nations si elle le juge nécessaire.

On voit donc ici le problème : d'un côté lapolitique vise à promouvoir le bien commun, incompatible avec la violence, et d'un autre elle doit parvenir à ses fin,parfois contre la volonté de certains individus eux-mêmes. I) La contradiction de la violence et de la politique – On doit en premier lieu remarquer que le propre de la politique est d'instaurer des rapports entre membresd'une même communauté politique (cité, Etat ou République) qui ne soient justement pas des rapports de force,mais des rapports de droit, qui définissent le passage d'un état de guerre à un état de paix.

En effet, hors de lasociété civile, les hommes ont droit à tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver leur vie.

C'est ce quemontre Hobbes dans le Léviathan .

Ce principe que tout homme est libre des moyens qu'il estime les mieux adaptés pour conserver sa vie, et qu'il a donc droit à tout ce qu'il peut acquérir, conduit inévitablement à laguerre.

L'état de nature est un état de guerre où « l'homme est un loup pour l'homme » ( Du citoyen ).

C'est que l'homme est mu par des passions qui le conduisent à craindre son semblable et à chercher à se faire craindre delui.

Ainsi, même dans une société qui protège les individus par des lois, chacun ferme sa maison à clé et se méfiede son voisin.

Qu'en serait-il sans les lois ? Mais cet état de nature est un état de guerre et de violencepermanente car chacun chercher à attaquer l'autre avant que ce dernier ne le fasse.

La recherche de la sécuritéest donc l'origine de la société civile.

La politique naît dès lors que la violence des individus est rejetée comme lemoyen légitime d'acquérir.

La loi permet de tenir les individus à distance.

Chacun remet donc sa liberté naturellepour une liberté civile, restreinte par les lois de l'Etat, seule solution pour amener la paix. – De ce point de vue, si le but de la politique est de conduire à la paix, on ne voit pas comment la politiqueserait nécessairement violente.

Tout acte de violence, dans ce cadre, est une sortie hors du champ politique, unretour à l'état de nature.

L'acte violent est donc par essence l'acte non politique.

En effet, ce dernier suppose leconsentement des individus, or la violence est justement ce qui agit contre le consentement des individus.

Si lalégitimité du politique se construit sur le contrat, c'est-à-dire un consentement réciproque, alors toute violenceen est exclue.

La politique est donc nécessairement non violente. – On peut donc de cela conclure que tout acte de violence à l'égard d'un individu s'accompagne pour ce dernierd'un droit à répondre par la violence car le contrat est alors rompu.

Néanmoins, dans la perspective de Hobbes,ceci ne vaut pas entre les individus puisque chacun s'est démis de son pouvoir de décider ce qui était le plus. »

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