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Le bonheur est-il inaccessible à l'homme ?

Publié le 08/01/2004

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L'objet de la « Dialectique « de la raison pure pratique, c'est le souverain bien , défini comme l'accord de la vertu et du bonheur, dont nous avons besoin en tant qu'êtres doués d'une sensibilité. La vertu et le bonheur sont liés dans le concept du souverain bien. Par suite, il faut déterminer la nature de cette liaison, de cette unité. Ou bien elle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur ; ou bien elle est synthétique et il faut dire alors que la vertu engendre le bonheur. Les deux grandes écoles morales de l'antiquité, stoïcisme et épicurisme, ont adopté le principe commun de l'identité du bonheur et de la vertu, mais elles l'ont conçu de façons différentes. Tous deux se trompaient en ceci qu'ils considéraient l'unité du concept de souverain bien comme analytique, alors qu'elle est synthétique ; en d'autres termes, leur erreur commune était de considérer comme identiques deux éléments hétérogènes ou du moins de regarder l'un des deux comme faisant partie de l'autre : « Le stoïcien soutenait que la vertu est tout le souverain bien et que le bonheur n'est que la conscience de la possession de la vertu, en tant qu'appartenant à l'état du sujet. L'épicurien soutenait que le bonheur est tout le souverain bien -et que la vertu n'est que la forme de la maxime à suivre pour l'acquérir, cad qu'elle ne consiste que dans l'emploi rationnel des moyens de l'obtenir. «

A partir de l'analyse des termes du sujet, il faut poser la double question du droit au bonheur, pour l'individu au singulier et l'homme en général. Les difficultés de l'existence et les différentes formes de la souffrance rendent-elles illusoire toute quête du bonheur ? Est-ce la fugitivité qui caractérise le bonheur ou est-il une fois conquis un élément stable et durable ? Mais alors, quels sont les critères qui permettent de discerner cette stabilité eventuelle, toujours susceptible d'être mise en doute ? Il faut donc éprouver les leurres et les illusions qui peuvent infléchir la sensation du bonheur. Le fait que la question concerne l'homme invite à rattacher la problématique du bonheur à celle de la conscience. Qu'est-ce en effet qu'être heureux ? Est-ce ressentir un perpétuel état identifié comme tel ou s'agit-il au contraire d'une absence complète de souci à ce propos ? Dès lors, se pose la question de l'universalité d'un tel sentiment.

 

« pénibles.

Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'aplus à y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand ilpense à ses tonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant à lui, serait aussicapable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles àrecueillir, mais comme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de lesremplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus pénibles peines.

Alors,regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, delaquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'hommedéréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je teconvaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ?[...] Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.

Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, ila exactement le type d'existence dont je parlais tout à l'heure : il vit comme unepierre.

S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine.

Au contraire, la vie deplaisirs est celle où on verse et reverse autant qu'on peut dans son tonneau ! » Platon , « Gorgias ». c) L'homme ne sait même pas ce qu'il veut lorsqu'il veut un tel bonheur : voué à une multitude de circonstancesempiriques, il ne sait pas déterminer par principe, avec certitude, ce qui le rendrait heureux.

Le bonheur est un idéalde l'imagination, non de la raison. Le bonheur chez Kant. « Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans monétat présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il estimpossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on lesuppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il paspar là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ?Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour luireprésenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présentse dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien quecharger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peineà satisfaire.

Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps adétourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il estincapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principece qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudraitl'omniscience.

[...] Il suit de là que les impératifs de la prudence, à parlerexactement, ne peuvent commander en rien, cad représenter des actionsd'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenirplutôt pour des conseils que pour des commandements de la raison ; leproblème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle actionpeut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rendheureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur desprincipes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteintela totalité d'une série de conséquences en réalité infinie...

» Kant , « Fondements de la métaphysique des moeurs ».

L'objet de la « Dialectique » de la raison pure pratique, c'est le souverain bien , défini comme l'accord de la vertu et du bonheur, dont nous avons besoin en tant qu'êtres doués d'une sensibilité.

La vertu et le bonheur sont liésdans le concept du souverain bien.

Par suite, il faut déterminer la nature de cette liaison, de cette unité.

Ou bienelle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur ; ou bien elle est synthétique et il faut direalors que la vertu engendre le bonheur.

Les deux grandes écoles morales de l'antiquité, stoïcisme et épicurisme, ontadopté le principe commun de l'identité du bonheur et de la vertu, mais elles l'ont conçu de façons différentes.

Tousdeux se trompaient en ceci qu'ils considéraient l'unité du concept de souverain bien comme analytique, alors qu'elleest synthétique ; en d'autres termes, leur erreur commune était de considérer comme identiques deux élémentshétérogènes ou du moins de regarder l'un des deux comme faisant partie de l'autre : « Le stoïcien soutenait que la vertu est tout le souverain bien et que le bonheur n'est que la conscience de la possession de la vertu, en tantqu'appartenant à l'état du sujet.

L'épicurien soutenait que le bonheur est tout le souverain bien –et que la vertun'est que la forme de la maxime à suivre pour l'acquérir, cad qu'elle ne consiste que dans l'emploi rationnel desmoyens de l'obtenir. ». »

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