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Pour le moment - Pierre REVERDY - Plupart du temps (Commentaire)

Publié le 10/03/2011

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reverdy

La vie est simple et gaie Le soleil clair tinte avec un bruit doux Le son des cloches s'est calmé Ce matin la lumière traverse tout Ma tête est une rampe allumée Et la chambre où j'habite est enfin éclairée Un seul rayon suffit

Un seul éclat de rire Ma joie qui secoue la maison

Retient ceux qui voudraient mourir

Par les notes de sa chanson Je chante faux

Ah que c'est drôle

Ma bouche ouverte à tous les vents

Lance partout des notes folles

Qui sortent je ne sais comment

Pour voler vers d'autres oreilles

Entendez je ne suis pas fou

Je ris au bas de l'escalier

Devant la porte grande ouverte

Dans le soleil éparpillé

Au mur parmi la vigne verte

Et mes bras sont tendus vers vous C'est aujourd'hui que je vous aime

Pierre REVERDY Plupart du temps, I , 1915-1922.

Vous donnerez de ce poème un commentaire composé, en montrant par exemple comment il constitue une ouverture sur le bonheur.

Introduction    • Situation de Plupart du Temps dans l'œuvre :    • Le Reverdy de 1916 : Art et Dieu : « une manière de Salut «.    • « Pour le moment « : déjà sensibilité et efficience d'expression de la maturité.    • Annonce des thèmes.    I. La matière même du texte : sensation ténue qui va en s'irra-diant.    • Harmonie impalpable mais « simple «, « gaie «.    • Perception du soleil par presque tous les sens.    • Correspondances : rayon, rire, joie, vie...    • Passage de la sensation au sentiment, en un « moment « privilégié.    • Qualité de la joie. Son expression.    II. Transmission et transcription de cet état subtil.    • Complexité d'un art dont l'apparence seule est simple...    • ... pour traduire un état d'attente de sentiment, d'où pureté totale de la joie.    • L'être est « devant «. - Sensation simple éprouvée par lui seul.    • Subtilité complexe : prise de vie où « seul « et « tout « sont associés.    • A cette matière fugace correspond un art (vocabulaire-métri-que-structure-absence de ponctuation...) mouvant et achevé à la fois.    Conclusion    • « Mon cœur ne bat que par ses ailes «. Reverdy.    • Poème à la fois transparent et énigmatique.

reverdy

« • Annonce des thèmes. I.

La matière même du texte : sensation ténue qui va en s'irra-diant. • Harmonie impalpable mais « simple », « gaie ». • Perception du soleil par presque tous les sens. • Correspondances : rayon, rire, joie, vie... • Passage de la sensation au sentiment, en un « moment » privilégié. • Qualité de la joie.

Son expression. II.

Transmission et transcription de cet état subtil. • Complexité d'un art dont l'apparence seule est simple... • ...

pour traduire un état d'attente de sentiment, d'où pureté totale de la joie. • L'être est « devant ».

- Sensation simple éprouvée par lui seul. • Subtilité complexe : prise de vie où « seul » et « tout » sont associés. • A cette matière fugace correspond un art (vocabulaire-métri-que-structure-absence de ponctuation...) mouvantet achevé à la fois. Conclusion • « Mon cœur ne bat que par ses ailes ».

Reverdy. • Poème à la fois transparent et énigmatique.

Devoir rédigé Réunis en 1946 chez Gallimard, les premiers poèmes en prose, puis les premières plaquettes de vers écrits par PierreReverdy au début de sa carrière poétique quand il quitte son Narbonne natal pour découvrir Paris et ses milieuxartistiques d'avant-garde, constituent un ensemble intitulé Plupart du temps.

« Pour le moment » prend place dansLa Lucarne ovale, recueil daté de 1916.

On est encore assez loin alors du Reverdy qui va se retirer en l'abbaye deSolesmes (1926), « choisissant Dieu librement », mais surtout recherchant un asile solitaire et pur loin de cette «impossibilité d'adaptation » que l'univers représente pour lui.

Cependant la poésie est déjà pour Reverdy ce qu'ellesera intensément dans sa retraite, « cette réalité particulière ...

qui participe de l'éternel...

et s'incorpore dans letemps»; bref, tout comme Dieu, l'art est très vite pour Reverdy « une manière de salut ».

Ce poème en vers librestraduit donc - malgré sa date prématurée dans l'œuvre d'un poète dont l'influence, depuis le surréalisme jusqu'à nosjours, est à compter parmi les très importantes - l'extrême sensibilité d'âme et « l'absolue efficience » d'expressionqui sont les marques des grands artistes.

C'est d'ailleurs sur la matière même du texte : la sensation, d'abord ténuepuis s'irradiant de vers en vers pour s'ouvrir sur le bonheur, que peut être centré le 1er thème d'analyse du poème.On pourrait ensuite (2e thème) tenter de montrer comme elle est traduite et transmise grâce à la subtilité et à lacomplexité très réelles d'un art dont l'apparence seule est simple. * * * C'est bien tout d'abord quelque chose de plus primaire qu'un sentiment, une simple sensation, qui est éprouvée parle poète, mais une des sensations les plus impalpables qui soient.

Elle consiste en la perception d'un état d'harmonieentre l'être et l'existence.

Tout est ressenti comme « simple » et par conséquent « gai » (noter le vocabulaire sansla moindre recherche, volontairement, du 1er vers), peut-être simplement parce qu'un « soleil clair » baigne lachambre où se trouve l'artiste.

Il reçoit cette arrivée du soleil par l'intermédiaire de plusieurs de ses sens :auditivement - « tinte avec un bruit » - autant que tactile-ment, car l'adjectif «doux» établit une correspondanceau niveau auditif, tandis qu'il conserve le sens tactile qui lui est original.

Particulièrement peu doué pour la musique -il le répète souvent et précise d'ailleurs ici, un peu plus loin, qu'il « chante faux » - Reverdy éprouve mieux cetteharmonie, parce que « le son des cloches » (c'est un son grave, prenant, qui s'impose) « s'est calmé ».

Mais, biensûr, le soleil est essentiellement perçu visuellement dans la force de sa « lumière » qui « traverse tout » du faitmême de l'étendue de son rayonnement.

Le terme précis est d'ailleurs utilisé pour montrer cette puissance d'impact: « un seul rayon a suffi ».

La répétition de l'adjectif « un seul » en tête de vers insiste sur la correspondance entrele soleil et le poète; dans : « un seul éclat de rire » en effet, l'imagé se rapporte aussi bien à la luminosité de l'astrequ'à celle de l'âme ouverte par lui à la joie.

Même parallélisme d'ailleurs entre le résultat matériel : « la chambre oùj'habite est enfin éclairée » et moral : « ma tête est une rampe allumée ».

L'image évoque d'ailleurs théâtre,spectacle.

Sans doute la naissance de sa «joie» -le terme est enfin prononcé nettement en tête du 9e vers - lui. »

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