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Pour quelles raisons les besoins et les désirs sont-ils indissociables ?

Publié le 14/02/2004

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Mais cela ne signifie pas qu'il y ait une rupture entre le désir amoureux et l'origine biologique de la pulsion sexuelle.Certaines aspirations humaines ne se laissent pas ranger dans une seule de ces deux catégories : la recherche scientifique exprime simultanément le besoin qu'éprouve la société de remédier à ses problèmes, et le pur désir de savoir.Enfin, on peut supposer que ce sont parfois des désirs, insatiables en eux-mêmes, qui suscitent, ou permettent, l'apparition de besoins toujours nouveaux, portant sur des objets qui en sont l'incarnation ou le substitut. L'alcool, la cigarette, sont d'abord des objets de désir, mais ils peuvent se transformer en des manques objectifs, jusqu'à devenir des besoins. Par ailleurs, le besoin de posséder des biens de consommation peut traduire le désir d'être reconnu par les autres.Il apparaît donc que nos besoins et nos désirs sont à la fois distincts et en interaction. La raison en est qu'on ne peut ni confondre ni séparer le corps et l'esprit, la nature et la culture.Sujet 4169: Peut-on identifier désir et besoin ?Le besoin caractérise l'état de l'organisme lorsqu'il est privé de ce qui assure son fonctionnement : on distingue le besoin vital - boire et manger -, qui concerne la conservation de l'individu, et le besoin sexué: qui assure la survie de l'espèce.S'ajoutent à ces besoins physiologiques les besoins dits « artificiels », créés par la société.

« désir).

C'est quoi toutes les sagesses antiques ont dénoncé les besoins artificiels comme vecteurs du malheur.

Épicure distinguait 3 catégories de besoins : les naturels et nécessaires, lesnaturels et non nécessaires, les non naturels et non nécessaires.

Les premierscorrespondent à une stricte nécessité naturelle (manger quand on a faim) ;les seconds ajoutent aux premiers une dimension de plaisir (manger un platraffiné) ; les troisièmes qu'Épicure condamne absolument comme contraires àtoute sagesse et à tout bonheur, ne sont que les produits de l'imagination, ilscorrespondent à ce que nous appellerions désirs : gloire, richesse, honneurs. 2) Le corps & l'esprit. La distinction du besoin et du désir recoupe celle du corps et de l'esprit, celleaussi de la nature et de la culture.

Dans le besoin, la dimension physique estprévalente, dans le désir, c'est la dimension psychologique qui domine.Alors que le besoin est fini – la satisfaction y met fin, du moinsprovisoirement-, le désir est infini car aucune satisfaction ne saurait lecombler.

Le besoin peut dire : « Assez ! ».

Le désir crie : « Encore ! ».

Quipeut se croire assez aimé ou assez riche ? On observe couramment des gensqui ne manquant de rien sont frustrés de tout, donc malheureux alors qu'ilsdisposent des « conditions objectives » du bonheur.

C'est pourquoi lebouddhisme voit dans le désir la cause du malheur des hommes, et dansl'extinction du désir, la voie de la délivrance (cf.

cours sur le bonheur). 3) Artificialité du besoin et nécessité du désir. Pourtant cette claire opposition entre le besoin lié au corps, donc naturel et un désir lié à l'âme, donc artificiel, n'estpas aussi indiscutable qu'il y paraît.Les besoins ne constituent pas une donnée immuable.

Marx avait fait observer qu'un besoin dépend de son mode de satisfaction : manger avec un couteau et une fourchette est déjà différentde se nourrir comme un animal.

L'Histoire est aussi celle d'une constantecréation de besoins (la possession d'une voiture correspond aujourd'hui à unréel besoin pour nombre d'hommes).

Ce qui nous amène à dire que les désirsd'hier seront les besoins d'aujourd'hui.Rousseau est lui-même conscient du caractère historique du besoin.

Ainsi,vouloir comme Epicure, limiter l'illimité des désirs à l'aune du besoin -toujoursnaturel donc nécessaire- est une entreprise aussi castratrice que vaine.Qu'est-ce en effet qu'une règle (celle du besoin) qui se dérègle régulièrement? Qu'est-ce qu'un étalon qui doit périodiquement se redéfinir ?Inversement, le désir n'est pas une marque de contingence dont l'hommeserait frappé.

Un petit enfant a autant besoin de sourires, de paroles, decaresses que de nourriture.

Le désir n'a pas seulement une dimension socialedont on voit mal comment l'homme pourrait se passer.Ainsi, même si la distinction entre besoin et désir paraît commode, bien destraits de l'un peuvent être reconnus dans l'autre.. »

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