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Pour quelles raisons devrait-on respecter la nature

Publié le 20/03/2004

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  • La nature. Dans cette question, le mot nature désigne tout ce qui est, V univers, la réalité tout entière. Mais le sens de ce concept doit être précisé avec attention, car les réponses que l'on peut proposer dépendent d'abord de cette analyse.
  • Respecter. On dit par exemple de quelqu' un qu' il respecte ses engagements, ou encore qu'il respecte la tradition, les coutumes. Cela signifie que, pour lui, engagements passés ou manières d'agir ont toujours de la valeur et méritent donc d'êtres conservés.

Sur un autre plan, le croyant respecte ce qu'il juge sacré : des objets, des lieux, des êtres ou des idées qui doivent être honorés parce qu'ils ont, à ses yeux, une éminente valeur religieuse. Lorsqu'on dit qu'il faut respecter la personne humaine, donc s'interdire ou interdire aux autres tout ce qui peut lui porter atteinte, on affirme qu'elle a pour nous une valeur absolue, inconditionnelle. Ainsi, de manière générale, le respect désigne un sentiment et des attitudes qui résultent d'une reconnaissance : nous nous inclinons devant un être ( une règle, une chose ) lorsque et parce que nous en reconnaissons la valeur morale.

1. La nature divinisée    a) La nature selon les Stoïciens    b) Le respect de la nature    2. La nature, objet de la connaissance scientifique    a) La pensée scientifique de l'univers  b) Pascal : «Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie«  c) Descartes : «Devenir comme maîtres et possesseurs de la nature«  d) Kant : On ne peut respecter que des personnes    Conclusion  

« • L'esprit scientifique réduit en effet l'univers à un ensemble de forces indifférentes, une sorte de machinerie sansvaleur intrinsèque, dont on peut simplement connaître les lois et prévoir les mouvements.

Pascal, témoin de l'essorde cette pensée, perçoit clairement ses conséquences sur l'idée qu'on se fait de la nature.b) Pascal : «Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie»• Pascal ne conçoit plus l'univers que les sciences donnent à penser commeune Nature où l'on pourrait habiter sans crainte, mais comme « une île déserteet effroyable» (Pensées, éd.

Brunschwicg, n° 693), un «cachot» ou encoreune sorte d'océan sans rivage au sein duquel «nous voguons [...] toujoursincertains et flottants» (n° 72).• Que pourrait bien signifier l'idée d'un respect de la nature, dès lors que celle-ci, en elle-même, est étrangère au monde des valeurs, puisqu'avec la penséescientifique s'opère, comme l'observait A.

Koyré, un «divorce» total entre lemonde des valeurs et le monde des faits ?• Mais la substitution d'une nature-univers, impersonnelle, indifférente, à laNature-Cosmos, mystérieuse et divine, conduit à privilégier la pensée humainequi, dans la nature, occupe une position exceptionnelle.

«Par l'espace, écritPascal, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point ; par la pensée,je le comprends» (ibid.

n°348).

N'est-ce pas la pensée consciente, conditiondes sciences, qu'il faut désormais admirer ? «Quand l'univers l'écraserait,l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, etl'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien». REMARQUEPascal cherche finalement dans la religion chrétienne l'équivalent spirituel duCosmos disparu : Dieu est ce centre que n'est plus l'univers.

La philosophie de Descartes tire d'autres conséquencesde la disparition du Cosmos. c) Descartes : «Devenir comme maîtres et possesseurs de la nature»• Que la pensée consciente soit le privilège de l'homme, Descartes le souligne lui aussi.

Le «je pense donc je suis»constitue le premier point fixe à partir duquel la conscience de soi et la science, la connaissance du monde, peuventse déployer.• Mais les sciences ne nous donnent pas que la connaissance des lois de la nature.

Elles rendent possibles desapplications techniques dont Descartes se réjouit.

Perces techniques, en effet, les hommes peuvent espérer devenir«comme maîtres et possesseurs de la nature» (Discours de la Méthode, 1637, 6e partie).• On voit que la nature n'est plus du tout, dans cette problématique, ce devant quoi l'homme doit s'incliner, mais aucontraire ce que l'homme peut souverainement soumettre.

Il ne s'agit plus de s'adapter à la nature, mais del'adapter à soi.

Nous sommes les jouets de la nature tant que nous n'en connaissons pas le fonctionnement.

Lascience nous libère de cet asservissement.

Bien plus, l'homme peut légitimement désirer occuper la place de Dieu,conçu traditionnellement comme le maître de l'univers.

L'idée d'avoir à respecter la nature s'efface. d) Kant : On ne peut respecter que des personnes• « Le respect, observe Kant, s'applique toujours uniquement aux personnes,jamais aux choses.»En effet, si l'on veut être rigoureux, selon Kant, on doit clairement opposerdeux types d'êtres :– Les êtres raisonnables ou personnes, c'est-à-dire ces êtres qui ont seuls lepouvoir de se déterminera agir parla raison.

Ces êtres n'ont pas seulementune valeur pour nous, mais une valeur absolue, littéralement une valeurincomparable.– Les choses, c'est-à-dire tous les autres êtres qui ne possèdent pas deraison.

Leur valeur, si grande qu'elle puisse être sur tel ou tel plan, n'estcependant jamais absolue mais relative : les choses sont toujours desmoyens.

Si les personnes ne doivent pas être traitées simplement comme desmoyens, c'est parce qu'elles sont aussi des fins.• «Les choses peuvent exciter en nous de l'inclination et même de l'amour, sice sont des animaux (par exemple des chevaux, des chiens, etc.) ou aussi dela crainte, comme la mer, un volcan, une bête féroce, mais jamais de respect.Une chose qui se rapproche beaucoup de ce sentiment, c'est l'admiration, etl'admiration, comme affection, c'est-à-dire l'étonnement, peut aussis'appliquer aux choses, aux montagnes qui se perdent dans les nues, à lagrandeur, à la multitude et à l'éloignement des corps célestes, à la force et àl'agileté de certains animaux, etc.

Mais tout cela n'est point du respect» (Kant, La raison pratique, Grands Textes, P.U.F., p.

69).• Dans la perspective de cette philosophie, il est donc impossible de trouver des raisons de respecter la nature.Cette dernière, dans la mesure où elle est un ensemble de choses, peut toujours être mise au service despersonnes, seules respectables. Conclusion. »

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