Devoir de Philosophie

Pourquoi avons-nous du mal à reconnaître la vérité ?

Publié le 29/12/2005

Extrait du document

Ce sujet, introduit par la question « pourquoi ?», demande que l'on définisse les causes et les raisons d'un fait précis - l'objet ici n'est pas de remettre en cause l'existence de ce fait. Ce fait est « avoir du mal à reconnaître la vérité ». Avoir du mal, c'est éprouver des peines et des difficultés à faire quelque chose, que cette difficulté provienne de l'objet lui-même ou du rapport que nous entretenons avec lui ; « reconnaître » a deux sens : cela signifie d'une part « concéder », « admettre », ce qui présuppose un moment d'erreur auparavant ; d'autre part, en un sens plus général, cela signifie repérer à nouveau une chose grâce à certaines connaissances préalables que nous avions sur elle. Le concept philosophique de « vérité » est très important et d'application très large ; en son sens général, il fait référence à la réalité des choses, à une vue sur les choses dépouillée de toute illusion et de toute erreur, ainsi qu'à un rapport de connaissance qui soit en adéquation avec cette réalité. La vérité est comprise comme étant nécessairement au fondement de toute connaissance et de tout rapport juste au monde. Le sujet pose donc un problème grave, puisqu'un rapport difficile à la reconnaissance de la vérité prive l'homme des conditions dans lesquelles il pourra connaître le monde et construire un rapport juste avec lui. La définition des causes de ce problème devra être au centre du travail.

« Maintenant, repris-je, représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et àl'ignorance.

Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeurune entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés de sortequ'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leurvient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée :imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettesdressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.

Je vois cela, dit-il.

Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur,et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, et en toute espèce de matière ; naturellement, parmices porteurs, les uns parlent et les autres se taisent.

Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers. Ils nous ressemblent, répondis-je ; et d'abord, penses-tu que dans une telle situation ils aient jamais vu autre chosed'eux-mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? Et comment ? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie ? Et pour les objets qui défilent, n'en est-il pas- de même ? Sans contredit.

Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombresqu'ils verraient ? Il y a nécessité.

Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendreautre chose que l'ombre qui passerait devant eux ? Non, par Zeus, dit-il. Assurément, repris-je, de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués. C'est de toute nécessité.

Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse deleur ignorance.

Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, àmarcher à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement l'empêcherade distinguer ces objets dont tout na l'heure il voyait les ombres.

Que crois-tu donc qu'il répondra si quelqu'un luivient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers desobjets plus réels, il voit plus juste ? si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l'oblige, à forcequestions, à dire ce que c'est ? Ne penses-tu pas qu' il sera embarrassé, et que les ombres qu'il voyait tout àl'heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu'on lui montre maintenant ? Beaucoup plus vraies, reconnut-il.

Et si on le force à regarder la lumière elle-même, ses yeux n'en seront-ils pas blessés ? n'en fuira-t-il pas la vue pourretourner aux choses qu' il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernières sont réellement plus distinctes quecelles qu'on lui montre ? Assurément.Et si, repris-je, on l'arrache de sa caverne par force, qu'on lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu'on nele lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu' à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-ilpas de ces violences ? Et lorsqu'il sera parvenu à la lumière, pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat,distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ? II ne le pourra pas, répondit-il ; du moins dès l'abord.

Il aura, je pense, besoin d'habitude pour voir les objets de la région supérieures D'abord ce seront les ombres qu'ildistinguera le plus facilement, puis les images des hommes et des autres objets qui se reflètent dans les eaux'ensuite les objets eux-mêmes.

Après cela, Il pourra, affrontant la clarté des astres et de la lune, contempler plusfacilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui-même, que pendant le jour le soleil et sa lumière. Sans doute.

A la fin, j'imagine, ce sera le soleil non ses vaines images réfléchies dans les eaux ou en quelque autre endroit maisle soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourra voir et contempler tel qu'il est.

Nécessairement, dit-il.

Après cela il en viendra à conclure au sujet du soleil, que c'est lui qui fait les saisons et les années, qui gouverne. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles