Devoir de Philosophie

Pourquoi cherchons-nous la vérité?

Publié le 12/04/2005

Extrait du document

L'un veut qu'on le laisse seul et l'autre ne fait que rechercher la compagnie : faut-il en déduire qu'il y a des lustres, l'homme était à la fois social et asocial ? Cela serait incohérent. Tout désir ne provient donc pas de quelque chose dont on a été privé, et si l'homme désire la vérité, ce n'est donc pas forcément parce qu'il l'a possédé un jour. b) D'où peut donc provenir en réalité le désir ? On pourrait considérer que l'homme désire ce qui lui fait plaisir, ce qui l'arrange, et peut-être aussi ce qui lui permet d'affirmer sa puissance. Si donc l'homme cherche la vérité, c'est parce que celle-ci lui procure ces sortes de satisfaction. Comment cela est-il possible puisqu'il ne trouve jamais la vérité ? Cela est possible parce que même s'il ne trouve pas la vérité, cela ne l'empêche pas de prétendre l'avoir trouvée, d'autant plus si cette vérité l'arrange : « Il est nécessaire qu'il y ait des choses tenues pour vraies, non pas des choses vraies », affirme Nietzsche (Volonté de puissance, Tome 1, Livre 1, §192) Or, comment cette vérité pourrait-elle ne pas l'arranger puisque c'est lui-même qui décide du contenu de cette vérité ? Ainsi peut-on en déduire que la vérité n'est qu'une forme parmi d'autres d'illusion, mais une illusion qui fait comme si elle n'en était pas une. Comme l'écrit Nietzsche : « les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont.

Le fait que l’ensemble de l’humanité semble préoccupé par la question de la vérité nous pousse à considérer que la recherche de la vérité serait quelque chose de nécessaire à l’homme. Pourtant, cette évidence mérite elle aussi d’être interrogé : avons-nous vraiment besoin de la vérité ? Les artistes nous bercent de mensonges qui paraissent souvent bien plus doux que la vérité. Et aussi, il faut rappeler que nous ne sommes jamais sûrs de posséder la vérité : quel sens y a-t-il à chercher quelque chose dont nous ne sommes jamais certains de disposer un jour ? En définitive, nous pourrions ramasser le problème en une seule question : La vérité est-elle une valeur ou bien encore, a-t-elle de la valeur en tant que telle ?

« à Nicomaque.

Comme l 'excellence de l'homme passe par l'accomplissement le plus parfait de ses capacités, et notamment de sa capacité la plus haute, son excellence passe par la culture de son intellect.

L'intellect ayant pourtâche de s'interroger sur la vérité, la recherche de la vérité n'incarnerait donc pas chez l'homme seulement un désirdésincarné, mais également une vertu vers laquelle la nature nous pousse. Transition : Toutefois, le fait que nous ne soyons jamais sûrs de la vérité ne met-il pas en péril l'idée selon laquelle nous serions fait pour chercher la vérité ? La recherche de la vérité n'est qu'un divertissement. 2. L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence de tout désir fait place à la considérationde soi-même et à la conscience de sa vanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pour autant qu'ils nous portent à croire queleur réalisation nous rendrait heureux, sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désir n'est donc pas dans son objet mais dansl'agitation qu'il excite : « nous ne recherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais ledivertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussinuisible.

Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser. a) Comment expliquer en effet que l'homme ne parvienne pas à la vérité si lanature l'a fait tel que sa plus haute vertu réside dans son intellect ? L'hommea beau user de sa raison, toutes ses recherches sont, à l'exemple desmathématiques, formelles et vides.

La physique, par exemple, ne peut prédireles choses qu' « en gros », et en dernière analyse, il lui faut toujours s'enremettre à l'expérience.

La raison ne peut même pas se fournir ses propresprincipes, qui viennent du « cœur » (de l'intuition), or « le cœur a ses raisonsque la raison ne connaît point » (Pascal, Pensées, 423, édition Lafuma).

Ainsi, la raison semble n'être qu'une esclave des passions, et par conséquent, cetteraison apparaît en dernière instance bien faible.

Il est peu probable en réalitéque la raison soit ce qu'il y a de plus accompli en nous, et pourtant, il sembleimpossible de renoncer à la recherche de la vérité : « Nous avons uneimpuissance de prouver invincible à tout le dogmatisme.

Nous avons une idéede la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme » (Pascal, Pensées , 406, édition Lafuma) b) Comment rendre compte de cette contradiction ? Comment se peut-il quel'homme recherche tant la vérité si celle-ci le fuit toujours ? Peut-êtrepourrions-nous avancer que si tel est le cas, c'est parce que l'homme a unjour possédé cette vérité, parce qu'elle ne lui a pas toujours échappé.Désormais dépossédé de cette vérité, il resterait pris avec le désir de lavérité.

C'est ce que soutient Pascal qui affirme que l'homme a le souvenir d'une grandeur perdue, d'un temps lointainoù cette vérité était sienne.

Déchu de cet état où il était en symbiose avec la vérité, l'homme se sent désormaismisérable.

Or, n'est-il pas vrai que l'homme ressent sa condition comme une misère ? Comment en rendre comptesinon en affirmant qu'il souffre du souvenir ? En effet, « qui se trouve malheureux de n'être pas roi, sinon un roidépossédé ? (…) Qui se trouve malheureux de n'avoir qu'une bouche ? et qui ne se trouvera malheureux de n'avoirqu'un œil ? On ne s'est peut-être jamais avisé de s'affliger de n'avoir pas trois yeux ; mais on est inconsolable den'en point avoir » écrit Pascal (Pascal, Pensées , 117, édition Lafuma).

Pascal impute cette déchéance au péché originel, par lequel l'homme, ayant profité du fruit de l'arbre de science, aurait été banni du Jardin d'Eden par Dieu. c) Ainsi, l'homme rechercherait la vérité parce que persisterait en lui le souvenir de son ancienne condition.

Mais sanouvelle condition étant une condition de misère, son rapport à la vérité aurait changé également.

Ne pouvant plusatteindre la vérité, l'homme s'oublierait dans cette impulsion qui le pousse vers la vérité, et dans le même temps, ilen oublierait l'objectif de cette impulsion elle-même, il en oublierait la vérité.

La quête de la vérité ne deviendraitalors plus pour lui qu'un moyen parmi d'autre d'oublier la misère de sa condition.

La recherche de la vérité deviendraitalors un divertissement : un expédient pour penser à autre chose qu'à sa nature déchue. Transition : Cette conception de la vérité comme étant quelque chose qui fait défaut à l'homme, comme étant quelque chose qui lui manque ne pose-t-elle pas problème ? La recherche de la vérité considérée comme un moyen de s'approprier le monde. 3. a) Il est effectivement curieux que Pascal lie nécessairement le désir et le manque.

S'il est vrai que l'on ne désireardemment que ce qui n'est pas encore en notre possession, il semble faux de croire qu'on ne désire que ce à quoinous avons goûté auparavant.

Comment pourrait-on expliquer avec une telle théorie l'existence en l'humanité dedésirs contraires ? L'un veut qu'on le laisse seul et l'autre ne fait que rechercher la compagnie : faut-il en déduirequ'il y a des lustres, l'homme était à la fois social et asocial ? Cela serait incohérent.

Tout désir ne provient doncpas de quelque chose dont on a été privé, et si l'homme désire la vérité, ce n'est donc pas forcément parce qu'il l'apossédé un jour.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles