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Pourquoi le cogito est-il le signe même de mon humanité ?

Publié le 12/01/2004

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Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même. En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant. Non que j'imitasse en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile. « (« Discours de la méthode «, 3ième partie).Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, qui tente de trouver « les premiers principes & les premières causes «. Descartes, dans ce temps d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examen le plus impitoyable. Cherchant quelque chose d'absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux tout ce qui peut paraître douteux.« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait [...] que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point après cela quelque chose [...] qui fut entièrement indubitable.

« La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ».

Il n'est pas l'individu concret.

Ce n'est pas Descartes,homme du XVIIième siècle, c'est tout individu pensant qui peut dire « je pense donc je suis », pour peu qu'il refasse,pour lui-même, l'expérience entreprise.Ce « je » est, par définition, désincarné ; tout ce que je peux affirmer, à ce moment, de l'itinéraire cartésien, c'estmon existence comme pensée, puisque, répétons-le, je dois encore, temporairement, nier l'existence du corps.Les deux conséquences majeures que Descartes tire de sa découverte sont d'une importance cruciale pour l'histoirede la philosophie.

D'une part Descartes montre que la nature de la pensée et celle de la matière sot différentes.

Ce qu'on nommedualisme : « Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser [...]En sorte que moi, cad l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps.

» Le corps, eneffet, n'est qu'une portion de matière, ayant une forme, et susceptible de recevoir du mouvement.

La pensée estradicalement différente, c'est la faculté de concevoir, imaginer, sentir, vouloir.

Descartes ne nie pas que –enl'homme- il y ait interaction du corps et de la pensée, et il consacrera même un ouvrage, « Les Passions de l'âme »(1649), à ce qu'on nommerait aujourd'hui biologie des passions.

Mais il jette grâce au dualisme les bases de lascience moderne, en limitant la physique à l'étude de la matière et de ses propriétés.

Il faut se souvenir qu'Aristoteconsidérait l'étude de l'âme comme le couronnement de la physique, et que Pascal aura à batailler contre l'idée quela « nature a horreur du vide », comme si la matière était animée d'intention.

D'autre part, dans l'expérience du « cogito », du « je pense », je prends conscience de moi-même commepensée.

Cela amènera notre auteur à identifier pensée et conscience, ce que contestera, outre Leibniz & Spinoza,Freud. Avec le « je pense donc je suis », Descartes place la conscience, le sujet, à la racine de toute connaissancepossible.

La conséquence essentielle est le primat de la conscience, et sa différence d'avec la matière.

Redonner àl'homme une place dans un univers infini et vide de Dieu, assurer la dignité de la conscience, et jeter les bases de lascience moderne, tels sont les objectifs que la métaphysique cartésienne s'est assignée. L'essence de l'homme, c'est la conscience L'homme se définit par sa conscience et n'existe que dans la mesure où il est conscient de son existence, en tantqu'être pensant.

Ainsi, l'essence de l'homme, c'est sa conscience, synonyme de pensée chez Descartes.Cette certitude que je suis, est la certitude de la pensée elle-même sans laquelle aucune autre certitude ne seraitpossible.

Cette vérité première fonde toutes les autres. Le "je pense" espère un "je suis libre" Être conscient implique une mise à distance du monde qui permet ainsi la connaissance.

L'homme se pose commesujet qui connaît et qui peut s'opposer à ce qu'il connaît.

«Penser, c'est dire non », affirme Alain.Être conscient, c'est donc décider, agir.

Et même si je ne décide rien, tel l'âne affamé et assoiffé qui hésite entreboire ou manger et qui finit par mourir et de faim et de soif, Descartes considère que cette non-décision signifienéanmoins ma liberté, certes le plus bas degré de la liberté, mais la liberté quand même.C'est pourquoi la conscience manifeste l'exercice de la liberté dans l'action : lorsque je fais, je signifie que je suislibre : «Le je prouve que j'agis par moi-même, que je suis un principe et non un résultat », écrit Kant.. »

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