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Pourquoi craindre la mort ?

Publié le 04/02/2004

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En effet, l'artiste a le sentiment d'échapper au sort de l'humanité moyenne, c'est-à-dire, à l'absolue disparition de son être. Il sait que quelque chose demeurera de lui, quelque chose d'unique et qui perpétuera son souvenir après sa mort. L'art peut le délivrer de la peur de la mort, en tant qu'il le délivre du sentiment d'absurdité attaché à la vie. Son existence a un sens puisqu'elle travaille à produire un quelque chose échappant au devenir. De même qu'une journée bien remplie donne joie au sommeil, une vie consacrée à l'art donne joie à la mort. Nous dirons donc que pour l'artiste, il n'y a pas de sens à craindre la mort. b.      L'art libère-t-il de la crainte de la mort ceux qui ne créent pas ?  Mais ce qui est vrai pour l'artiste l'est-il pour le reste des hommes ? Nous dirons que l'art peut délivrer de la peur de la mort, lorsqu'il assume la fonction de la philosophie, c'est-à-dire la diffusion d'un discours consolant sur la crainte de la mort.

- Cette question apparemment classique n'est pas facile à traiter : il s'agit de la crainte de la mort en elle-même, et de ses causes (éviter un point de vue moralisateur : il ne s'agit pas de se demander pourquoi il faudrait - ou non - craindre la mort). - Ne pas s'égarer dans l'énumération des « solutions « permettant d'échapper à cette crainte : cela ne traiterait pas directement la question. Éviter aussi de restreindre la copie à l'attitude religieuse. - La crainte de la mort implique-t-elle un attachement à la vie ? On peut essayer d'en préciser la nature.

« II.

La philosophie, moyen de se libérer de la crainte de la mort ? a.

La mort n'est pas à craindre car elle est réductible à une représentation parmi d'autres Nous nous demanderons dans ce développement si la crainte de la mort que nous sommes susceptibles d'éprouver,et dont nous avons vu en fonction de quelles causes et de quelles fins elle se manifestait, ne peut pas faire l'objetd'une lutte à l'efficacité telle qu'il devienne possible de lutter contre la crainte de la mort (à défaut de remporter lecombat contre ce « maître absolu » qu'est la mort elle-même).

Epicure, dans la « Lettre à Ménécée », déclare ceci :« Familiarise toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation ;or, la mort est la privation de cette dernière ».

Nous avons donc la faculté de lutter contre la mort en acceptant l'idée qu'elle n'est rien, puisque nous ne pouvons avoir d'expérience de la mort, qui est privation de toute sensation.En ce sens, la mort n'existe pas pour nous. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle duplatonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas uneévasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien,puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résidentdans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière."Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous seronsheureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La penséede la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions àchoisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'estjamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

Deplus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucientpas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes,mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne fautdonc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Unechose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est quedéjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sapropre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instantprésent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instantprésent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapportavec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour lespremiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée nicomme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le pluslongtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie est. »

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