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Pourquoi des artistes ?

Publié le 29/12/2005

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L'art, au contraire, est à lui-même, sa propre finalité, et n'a besoin d'aucune justification. c) L'artiste isolé Ceci peut expliquer le développement de l'image de l'artiste marginal : incompris comme Chatterton de Vigny, ou l'Albatros de Baudelaire ; révolté comme Rimbaud, reclus comme Flaubert. L'artiste, qui ne trouve pas sa place dans la société, se réfugie dans son univers, mais apparaît comme la figure de l'altérité. Il n'est pas étonnant qu'un rapprochement s'établisse entre le fou et le poète, le peintre et le vagabond, lorsque poètes et peintres refusent de suivre la voie de l'art officiel. L'histoire de notre siècle montre que l'artiste nuisible, parce qu'isolé socialement n'est pas une idée passée de mode. Les régimes dictatoriaux ne tolèrent qu'un art officiel ; les créateurs originaux sont souvent pour¬chassés et considérés comme anti-sociaux. 2 - L'artiste : un inventeur ? a) L'artiste et la connaissance La méfiance des conformismes à l'égard de l'artiste nous montre peut-être que la fonction est avant tout d'apporter sur le monde un éclairage nouveau. L'artiste original nous montre, dans notre environne¬ment, des rapports qui n'étaient pas perçus avant lui ; la lumière des impressionnistes ou celle de Delaunay, le pouvoir intrinsèque des mots et des images chez Mallarmé ou Rimbaud. En d'autres termes, il dérange les habitudes et les conventions, il offre une nouvelle manière de voir et de comprendre.

La place de l'artiste a varié selon les époques : protégé par les plus riches et les plus prestigieux mécènes à la Renaissance, souvent consi¬déré comme un marginal ou un être différent, de nos jours, l'artiste paraît privé de toute fonction sociale. Beaucoup de stéréotypes qui s'appliquent à lui l'excluent de la communauté et l'entourent de mystère ou de scandale. Cette difficulté à penser la fonction de l'artiste est peut-être le signe de sa particularité.  

« miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avonspu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

Lalaideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beaucheval ou un beau corps d'athlète, leur œuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Lepoète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. b) L'artiste inutileL'idée de l'artiste sans fonction définie est très commune, au xixe siècle, dans une société fondée sur des valeursutilitaires, l'artiste paraît oisif : il ne produit rien, ne présente aucune efficacité ; son activité ne s'intègre pas àcelle de l'ensemble.

Le développement de « l'Art pour l'Art » montre que les créateurs eux-mêmes revendiquentcette inutilité : pour un Th.

Gautier, un Baudelaire, un Oscar Wilde, l'art est « suprêmement inutile », etparfaitement désintéressé.

Baudelaire se flatte de ne pas travailler et ne cesse de récriminer contre son époque quis'attache à la recherche des biens matériels, de l'argent, du progrès scientifique et technique.

L'art, au contraire,est à lui-même, sa propre finalité, et n'a besoin d'aucune justification. c) L'artiste isoléCeci peut expliquer le développement de l'image de l'artiste marginal : incompris comme Chatterton de Vigny, oul'Albatros de Baudelaire ; révolté comme Rimbaud, reclus comme Flaubert.

L'artiste, qui ne trouve pas sa place dansla société, se réfugie dans son univers, mais apparaît comme la figure de l'altérité.

Il n'est pas étonnant qu'unrapprochement s'établisse entre le fou et le poète, le peintre et le vagabond, lorsque poètes et peintres refusent desuivre la voie de l'art officiel.L'histoire de notre siècle montre que l'artiste nuisible, parce qu'isolé socialement n'est pas une idée passée de mode.Les régimes dictatoriaux ne tolèrent qu'un art officiel ; les créateurs originaux sont souvent pourchassés etconsidérés comme anti-sociaux. 2 - L'artiste : un inventeur ? a) L'artiste et la connaissanceLa méfiance des conformismes à l'égard de l'artiste nous montre peut-être que la fonction est avant tout d'apportersur le monde un éclairage nouveau.

L'artiste original nous montre, dans notre environnement, des rapports quin'étaient pas perçus avant lui ; la lumière des impressionnistes ou celle de Delaunay, le pouvoir intrinsèque des motset des images chez Mallarmé ou Rimbaud.En d'autres termes, il dérange les habitudes et les conventions, il offre une nouvelle manière de voir et decomprendre.

Cette fonction de rupture explique que l'artiste ne soit jamais complètement intégré ; en brisant ce quiest, il devient une puissance de contestation. b) L'artiste contestataireMême lorsque l'artiste n'est pas, à titre personnel, un révolté qui recherche volontairement l'affrontement avec sonenvironnement social, son œuvre peut être source de scandale.

Ainsi Manet, qui menait une existence paisible et. »

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