Devoir de Philosophie

Pourquoi échangeons-nous ?

Publié le 29/01/2004

Extrait du document

Quant aux sociétés, elles ne peuvent vivre en autarcie et ont besoin des autres pour se maintenir. À quoi bon échanger ? Pourrait-on s'en passer ? On définit le fait d'échanger comme le fait de céder quelque chose en contrepartie d'autre chose, ce qui suppose qu'est présupposée une égalité dans l'échange comme condition du bon fonctionnement de celui-ci, égalité sans doute illusoire qu'il conviendra de questionner. Références utiles : Mauss, Essai sur le don ; Malson, L'Enfant sauvage ;la préface de Gilles Deleuze à Robinson ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier ; Aristote, Éthique à Nicomaque, livre V, chap.8 ; mais aussi Marx, Capital, livre I. Introduction & problématique: Pour sa survie même, tout être vivant entre en relation avec son milieu. La plante, par exemple, puise les nutriments nécessaires à son développement du sol. Sans échanges, toute forme de vie serait impossible.Chez l'homme, les échanges ne sont pas simplement bornés à la survie biologique et s'étendent jusqu'à la sphère du culturel.

« justice.

La pratique des échanges devient alors un domaine dont le lien avec les besoins réels n'est plus direct. II.

Une pratique sociale. Dérivés d'une fonction économique mais informés par la culture, les échanges ont alors, plus ou moins explicitement,une fonction sociale primordiale. • La reconnaissance des consciences. Pourquoi échangeons-nous? En partie pour manifester une reconnaissance mutuelle.

Nous n'échangeons qu'avecd'autres hommes; dans les sociétés à castes, on n'échange qu'avec un individu de même caste, de même rang.L'échange est la marque tangible de la réciprocité, le contraire donc de l'agression. • Sociabilité et rivalité. Et pourtant l'échange peut être un substitut de l'agression.

Les sociologues se sont très tôt intéressés à la pratiqueindienne du « potlatch » ou guerre des dons : les rivaux se font des cadeaux de plus en plus importants jusqu'à ceque l'un des deux ne puisse plus surenchérir; il a alors perdu la face. • L'échangeable et l'inaliénable. Le cycle des échanges permet également de hiérarchiser les possessions il y a les biens que l'on échangecouramment ou qui sont même en propriété collective, il y a ceux qu'on n'échange que de façon exceptionnelle etavec une valeur symbolique forte; il y a ceux enfin qui sont strictement inaliénables. III.

Identité et altérité. On voit donc que nous échangeons à la fois pour vivre et pour manifester une certaine identité.

C'est pourquoil'évolution très rapide des modalités et de l'échelle des échanges depuis quelques décennies fait de la question unenjeu polémique important : que doit-on privilégier entre la puissance économique et l'identité sociale? • Libre-échange ou protectionnisme? Le débat n'est pas nouveau et aboutit depuis toujours à une alternance de mouvements d'expansion ou de repliautarcique.

Les échanges doivent-ils être ouverts sur l'extérieur ou fonctionner en circuit fermé? • Mondialisation et identité. L'actualité récente montre bien les risques liés à l'absence de cloisonnement dans les échanges : les problèmessanitaires ou économiques s'exportent autant que les produits eux-mêmes; la rançon de la nouveauté est ladisparition de produits traditionnels qui symbolisaient une certaine identité ...

Le développement des échangessuscite souvent des peurs et des crispations identitaires. • Les risques de l'autarcie. S'il est certain que la dérégulation systématique des échanges entraîne de lourds problèmes, il faut cependant bienréfléchir aux risques de l'autarcie complète : notre identité se construit toujours par l'intégration d'apportsextérieurs, dans une relation vivante qui est une relation d'échanges.

Une identité ne peut se construire par la pureabsorption passive d'éléments extérieurs, mais en se coupant de tout rapport d'échange elle se voue à la sclérose. Conclusion. La réponse à la question « Pourquoi échangeons-nous ?» est donc plurielle et doit le demeurer afin que lesdifférentes composantes puissent s'équilibrer mutuellement.

Comprendre la raison d'être des échanges dans uneseule perspective à laquelle toutes les autres seraient subordonnées, que ce soit celle du profit économique, de lapuissance politique ou de l'identité nationale, ne peut que nuire à la qualité des échanges.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles