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Pourquoi écrit-on l'histoire ?

Publié le 11/01/2004

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histoire
Termes du sujet: HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie).1. On ne peut parler d'histoire, comme processus cumulatif, avec ses instances économiques, sociales, politiques, idéologiques, que pour des sociétés à écriture (l'invention de l'écriture étant contemporaine des premières sociétés néolithiques, produisant un surplus de biens).2. L'histoire antérieure (préhistoire) nous est connue par des traces. Mais celles-ci ne prennent sens que dans une description, qui tente de dire la succession et si possible l'enchaînement des événements.L'histoire (historia) se définit comme information, enquête, résultat de cette enquête, et enfin relation de ce qu'on a appris. Cette information est à fin d'archives, avec sa dimension économique (mémorisation d'un comptage) ou avec sa dimension politique (enregistrement de faits, de décisions, d'édits, de lois). L'important est l'inscription, comme manifestation dans le temps d'une puissance. D'où identité entre pouvoir et écriture.

Certainement pas pour en tirer un enseignement ! « L'histoire ne repasse pas les plats « (Marx) : on ne peut tirer un enseignement que de ce qui se répète, et l'histoire ne se répète jamais. Comme le remarque Hegel, s'il suffisait de connaître les anciennes erreurs pour ne plus les commettre, la paix régnerait sur Terre depuis bien longtemps... Nous faisons de l'histoire non pour prévoir notre avenir, mais pour garder trace de notre passé, parce que nous nous posons la question de notre propre identité : c'est parce que l'homme est en quête de lui-même, parce qu'il est un être inachevé qui ne sait rien de son avenir, qu'il s'intéresse à son passé. Par l'histoire, l'homme construit et maintient son identité dans le temps.

histoire

« l'instrument de l'histoire.

L'historien interprète donc, tout comme l'homme tire parfois les leçons de sesexpériences : il les conserve pour leur donner une valeur, un sens et une importance : c'est ce qu'onappelle le devoir de mémoire. § L'histoire, parce qu'elle est conservation du passé, est l'ennemie de l'oubli.

La discipline justifie ainsises hypothèses par leur confrontation avec le plus de faits avérés possibles. Mais ce devoir de mémoire, nécessaire à l'histoire ne provient-il pas de la diffusion de cette connaissance acquisepar la recherche historique ? Ne faut-il pas alors écrire l'histoire pour permettre cette diffusion ? II) Ecriture et diffusion de l'histoire. § Pourtant, on voit difficilement comment cette conservation du passé, seule, pourrait faire sens en cequi concerne l'histoire.

Nous pouvons pour le comprendre, faire appel à une analogie avec lefonctionnement du musée : celui-ci a pour vocation en effet la conservation des œuvres d'art entant qu'on les considère comme faisant parti de notre patrimoine.

Mais la vocation du musée nes'épuise pas dans cette fonction purement conservatrice : le musée a un autre mot d'ordre, essentielà la définition de son essence, à savoir la diffusion.

Il a pour but, en effet, de permettre à chacun depouvoir observer ce patrimoine qu'il conserve, il rend la culture à la portée de tous refusant de lalaisser aux mains de quelques collectionneurs. § Il en est de même pour l'histoire : si l'historien opère d'abord un travail d'historiographie, quicorrespond à la dimension conservatrice, il ne saurait s'en contenter.

On ne peut définiressentiellement l'histoire que comme une synthèse de conservation et d'explicitation de ce mêmematériau ainsi restauré et protégé.

Ce n'est qu'en écrivant l'histoire pour la diffuser et l'expliquer quecelle-ci trouve un réel fondement et un réel intérêt. § La dimension explicative et écrite de l'histoire est en effet aussi fondatrice de l'histoire commediscipline que sa dimension conservatrice.

On attend effectivement que l'historien soit capable, àpartir de son travail historiographique, de nous expliquer, en l'écrivant, ce qui a conduit à tel fait, àtelle guerre : c'est l'explication qui donne son sens à la discipline.

Car que vaudrait une simpleconservation du passé si l'on n'en avait auparavant pas explicité la valeur ? III) la synthèse de l'écriture et de la conservation de l'histoire explique le sens de l'histoire. § Néanmoins, cette alternative est tout à fait révélatrice du besoin de donner du sens au passé, ce quela synthèse rend d'ailleurs possible.

L'histoire, au sens étymologique, est une « enquête ».

Comme lesévénements que l'historien analyse ont disparu, il se fait alors détective (conservation de preuve etreconstitution explicative des faits par l'écriture) : il reconstitue les faits à partir de leurs traces ettente de comprendre comment et pourquoi ils se sont déroulés.

L'histoire, plus qu'une recherche purede sens, passe alors par l'écriture pour fonder l'histoire. § L'histoire semble alors être une production idéologique, dont le but n'est pas tant la vérité que lalégitimation des pouvoirs en place.

L'historien n'est donc pas celui qui recherche le sens mais celui àqui le pouvoir semble dicter le sens.

Il fonde le sens de l'histoire.

On s'aperçoit dès lors que la notionde sens de l'histoire n'est pas seulement une propriété intrinsèque à l'histoire elle-même mais estfabriquée, fondée et ne requiert pas seulement de la recherche.

En histoire, il n'y aurait donc pas desens à découvrir, mais des interprétations dictées par l'intérêt.

Le sens est construit par l'historien, etce au travers de l'écriture. § Le chercheur peut néanmoins refuser de s'illusionner : il sait que son activité produit au moins enpartie ce qu'elle prétend découvrir.

Mais il dispose de ce seul moyen pour donner à comprendre lepassé.

Il faut donc se contenter d'une « bonne subjectivité » selon l'expression de Ricœur dansHistoire et Vérité , et rester lucide sur notre capacité à découvrir un sens au passé.

Le sens de l'histoire n'est pas le fruit d'une recherche mais le produit d'un intérêt, avec toute la relativité quecela comporte, découverte du sens et intérêt se mêlant parfois.

La « bonne subjectivité » sera doncun moindre mal eu égard à une subjectivité toute arbitraire mais l'histoire ne saurait alors êtretotalement objective.

L'histoire n'est pas alors une pure fiction mais elle fait appel à la subjectivité.Cette subjectivité ne se donne a voir nulle part ailleurs que dans l'écriture. CONCLUSION. § L'histoire est donc une synthèse entre conservation et écriture.

Si elle apparaît comme conservationde prime abord, il n'en reste pas moins que ce savoir doit se diffuser.

L'écriture permet donc ladiffusion de l'histoire.

Qui plus est, elle est ce qui vient mettre en valeur l'histoire comme quête desens, comme interprétation subjective, toute interprétation de l'historien passant par l'écriture.. »

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