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Pourquoi l'égalité est-elle essentielle au droit ?

Publié le 11/08/2004

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L’égalité est un concept mathématique. Il établit une équivalence, une interchangeabilité entre deux choses. Ainsi A = B et B = A. Si A = C alors logiquement B = C. Le droit quant à lui est l’ensemble des mesures légales et juridiques dans un Etat. Il prescrit ce qu’il est permis ou non de faire. Or il apparaît nécessaire au droit de reposer sur l’égalité au risque sinon de n’être qu’arbitraire ou de laisser poindre des privilèges. S’il s’agit d’un élément essentiel, c’est-à-dire qui ne peut pas ne pas être en tant qu’il est nécessaire, c’est bien parce que l’égalité garantie une justice social. Or le pacte social sur lequel repose toute société a pour objet d’être avantageux pour tous et non pas seulement pour quelques-uns au risque de rendre le contrat caduc et de laisser place à un état de guerre équivalent à l’état de nature. Pourtant si cette égalité semble essentiellement, il n’en reste pas moins qu’elle semble être plus un idéal qu’ne réalité, c’est pourquoi, d’ailleurs, l’hypothèse d’un contrat social ou l’existence d’un fameux « voile d’ignorance « ne sont que des fictions théoriques. Néanmoins, cela ne signifie pas que le droit n’ait pas de valeur mais simplement que la marche vers une constitution la plus parfaite possible est le problème le plus difficile de la politique et suppose alors un effort pour tendance vers cette idée qui doit être régulatrice.

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« • Comme le montre Calliclès dans le Gorgias de Platon, la loi est faite par les faibles en vue de protéger leursintérêts.

L'égalisation des conditions aboutit ainsi à brider l'énergie des plus forts.

Donner raison et pouvoir à celuiqui vaut le moins par rapport à celui qui vaut le plus, revient à nier la liberté. En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est desubir l'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsiétablies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notiond'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité par le bas.Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montrequ'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

La nature est lesiège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseursd'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

La soumission à lajustice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables de dominer. Le discours de Calliclès. "Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonctiond'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ilsrépartissent des blâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur êtresupérieurs.

C'est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il estinjuste, d'avoir plus que les autres et que l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce qui plaîtaux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux à de tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime en seréférant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plusque le moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne,chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste. De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fit laguerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et sonpère ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, parZeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous enfaisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau etjuste.

Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduireen miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nosenchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave,se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait detout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av.JC Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimulederrière leur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs.

Elle n'est donc universelle qu'enapparence.Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

Elle n'estdonc juste qu'en apparence.Les valeurs prônées par cette loi n'ont pas de réalité propre : elles consistent dans le retournement axiologique. »

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