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Pourquoi l'homme a-t-il besoin d'interdits ?

Publié le 27/02/2008

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§  L’interdit semble se définir de prime abord comme ce qui vient poser une borne, une limite à la liberté de l’homme. En effet, libre par nature, l’homme, par l’interdit, vient se confronter à un obstacle qu’il n’a pas le droit de franchir. L’interdit semble donc venir se légitimer par le droit, et de fait il semble qu’il prenne en général la forme des lois positives de la société.

§  Poser à l’homme des interdits apparaît donc dans un premier temps paradoxal au sens où c’est soumette l’homme à ce qui vient mettre un frein à sa liberté essentielle et naturelle. L’homme qui se voit limité par des interdits apparaît donc comme un homme fondamentalement soumis.

§  D’autre part, si l’interdit prend le plus généralement la forme des lois positives, il apparaît bien comme nécessaire malgré tout, au sens où les lois sont les conditions de possibilité de la vie sociale, de la vie en communauté de l’homme. Comment en effet vivre ensemble si l’homme n’est soumis qu’à lui-même à ses passions, sans interdit ?

§  Se manifeste alors une tension entre la nécessité de l’interdit, comme condition de possibilité du vivre ensemble et la liberté fondamentale de l’homme qui le définit et représente pour lui un droit naturel.

§  Le problème semble alors être le suivant : Les interdits, nécessaires à l’homme et à sa vie en communauté, viennent-ils nécessairement le soumettre, toute soumission à l’interdit étant toujours en même temps perte de liberté pour l’homme, ou est-il possible de concilier interdit et liberté, les deux instances étant des conditions de possibilité de la vie humaine comme vie sociale ?

I)                   L’homme est par nature un être fondamentalement libre.

 

II)                La loi comme asservissement nécessaire de l’homme.

 

III)             L’autonomie comme soumission à la loi que l’on s’est prescrite : interdit et liberté.

« de peur qu'est l'état de nature.

Selon Hobbes, le premier but des lois, qui apparaissent comme desinterdits, c'est-à-dire des moyens de limiter la liberté de l'homme, est alors de maintenir la paix, c'est-à-dire d'assurer la sécurité entre les individus.

Tout vivre ensemble suppose alors des interdits, maisceci se fait au prix de la liberté naturelle des hommes.

En effet, Hobbes décrit le passage à la légalitépositive comme un contrat passé entre les individus.

Ce pacte stipule en outre que tous les individusdoivent renoncer à leurs droits naturels, sauf un, le souverain, à qui tous ces droits sont remis.

Dèslors, le souverain, dépositaire des lois, n'est pas lui-même soumis à ces lois.

Il contraint donc lesindividus à se soumettre à des interdits et à lui-même, sans droit de révolte possible.

Le pacte passéentre les individus, et qui marque le passage de la nature aux lois positives, apparaît donc chezHobbes comme un pacte de soumission.

Les lois, en voulant maintenir la paix et la sécurité au moyend'un pouvoir absolu remis entre les mains du souverain, asservissent donc le peuple qui perd touteliberté.

Interdit et liberté semblent alors incompatibles, et ce notamment parce que les lois semblentn'être pas légitimes, le pacte étant un pacte de soumission et le pouvoir du souverain semblantpouvoir dériver facilement en pouvoir despotique. § La crainte des autres qui était à l'œuvre dans l'état de nature est donc remplacée, avec l'instaurationdu pacte de soumission et donc des lois positives, par la crainte des châtiments et de la punition.

Lacrainte est donc mise au service de la loi afin que cette dernière soit respectée par tous et que lemaintien de la paix civile soit possible.

Les interdits visent donc la paix et la paix se fait au détrimentde la liberté.

Seul l'asservissement à la loi permet la sécurité au sein de la communauté des hommes.La soumission serait donc le corrélat nécessaire de la loi. § Qui plus est, la puissance du souverain semble pouvoir dériver facilement en puissance despotiquechez Hobbes, et ce, dans la mesure où la souveraineté est absolue et ne supporte aucun droit derésistance.

Hobbes reconnaît cet aspect de la souveraineté et de l'obéissance mais répond à cetteobjection potentielle que la puissance souveraine fait moins mal que son absence c'est-à-dire quel'état de nature dans lequel chacun n'obéit qu'à ses passions et où la guerre est perpétuelle.

Dès lorsl'obéissance à la souveraineté apparaît comme un moindre mal face à l'état de guerre de l'état denature.

L'obéissance au souverain, qui est cette instance posant des interdits, des lois, semble doncnécessaire à la conservation de la paix entre les individus, et légale dans la mesure où elle est fondéesur le droit mais elle semble se faire au prix de la liberté des individus.

L'interdit, définit comme ce quivient limiter, borner la liberté humaine apparaît donc nécessaire à l'homme et à la paix entre leshommes mais elle se fait soumission nécessaire et perte totale de liberté. Mais alors, si l'interdit est nécessaire aux hommes afin qu'ils puissent vivre ensemble, peut-on légitimement pensercette nécessité si elle est perte de ce qui fait l'essence de l'homme, savoir sa liberté ? N'est-il pas possible deconcilier interdit, nécessité du vivre ensemble, et liberté, principe essentiel de l'homme ? III) L'autonomie comme soumission à la loi que l'on s'est prescrite : interdit et liberté. § Dans le Second traité du gouvernement civil , Locke s'oppose à toute idée de souveraineté qui est nécessairement selon lui une aliénation du droit fondamental de l'homme à la liberté.

Il développe ainsil'idée selon laquelle le consentement volontaire est à l'origine de l'obligation envers les normescommunes de la société.

L'obéissance repose donc sur la volonté pour Locke, et chacun ne sera tenud'obéir, c'est-à-dire n'aura le devoir d'obéir, qu'à ce en quoi la volonté aura consenti.

Le peuple estdéfini par Locke comme une réalité naturelle et non instituée qui agit selon la loi de la nature.

Orcette loi ne reconnaît que des raisons individuelles.

Il y a donc un primat de la conscience individuelleet donc de la volonté chez Locke.

L'individu est imprescriptiblement une créature rationnelle qui nepeut renoncer à son pouvoir de juger par lui-même, donc qui ne peut aliéner son jugement et saliberté dans une souveraineté extérieure.

Il n'est donc pas légitime pour un individu d'abandonnerentièrement à un tiers le pouvoir de juger du droit et du tort.

Il n'y a par nature ni assujettissement,ni obligation politique.

Chacun obéit donc à sa conscience individuelle en tant que celle-ci est juge enchacun de nous.

Chaque individu est souverain pour lui-même et la conciliation entre liberté et normesociale se fait par le consentement.

La norme est donc essentiellement une norme de moralité.

Lanorme commune se trouve dans la conscience de chacun.

L'interdit apparaît bien nécessaire commerégulateur du vivre ensemble, mais il est fondé sans la volonté de l'individu, permettant uneconciliation entre nécessité de l'interdit et nécessité du maintien de la liberté en l'homme.

Cependant,cette obéissance à soi même, non fondée sur le droit positif mais sur le droit naturel, semble manquerde fondement légal, pourtant nécessaire à la société. § L'obéissance à soi-même peut se faire par une soumission à la loi positive, interdit institué selon ledroit, dans la mesure où la loi est redéfinie comme produit de la volonté générale.

Dans le Contrat social , Rousseau définit l'autorité souveraine comme autorité du peuple.

La souveraineté, objet de soumission, permet donc de maintenir la liberté.

Ce sont les mêmes personnes qui sont individu etpeuple, elles aliènent donc leur liberté à elles-mêmes, ce qui n'est donc pas une aliénation au senspropre.

Cela se fait au travers de l'obéissance à la loi, l'interdit restant la condition de possibilité duvivre ensemble et de l'égalité entre les hommes.

En effet, les sujets doivent obéir à la loi, c'est poureux un devoir, mais la loi est le fruit de ces mêmes sujets réunis par le contrat social, c'est-à-dire dela volonté générale.

La volonté générale est donc à la fois ce qui institue et prescrit la loi et ce quis'y soumet par devoir.

Ce devoir n'est donc pas une soumission ou plutôt, c'est une soumission à soi. »

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