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Pourquoi malgré les progrès scientifiques, la religion demeure-t-elle dans ce cas ?

Publié le 06/02/2005

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Mais aussi et surtout, parce que les sciences excluent de leur domaine, par souci méthodologique, des questions fondamentales: celles qui se rapportent au sens ou au non-sens de notre univers et de notre propre existence. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi y a-t-il de l'ordre plutôt que du désordre ? Pourquoi la vie naît-elle de la mort ? Sur ces questions et sur bien d'autres, les sciences restent muettes.Ajoutons qu'il y a la misère matérielle et que, lorsque nos besoins sont satisfaits, il y a la détresse psychique, en particulier la certitude de la mort. Qu'un monde informé par la rationalité scientifique et technique, où domine le productivisme, la recherche de la rentabilité et du profit à tout prix, ne peut satisfaire le besoin de sens de l'être humain. Le progrès dans quel but ? Quelle humanité voulons-nous ? Quel type de société serait vraiment souhaitable ?
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« les événements internes au monde visible, et ce qui donne sens à la vie –et n'appartient précisément pas à cemonde-, auquel on donne le nom de Dieu.

On voit que du coup pour le croyant la question n'est pas au fond desavoir « si Dieu existe » : mais si l'existence humaine ne gagne pas en richesse et en profondeur lorsqu'elle sedécentre et se situe en relation à « Dieu ».

Que Dieu soit une création de l'homme, et n'ait pas l'objectivité despierres ou des étoiles, ne fait guère de doute : mais le problème est de savoir si la religion n'est précisément pas lemeilleur –c'est en tout cas à coup sûr le plus ancien et le plus universel- moyen trouvé par l'homme pour «humaniser » sa vie, et lui donner du sens.Il faut ajouter que si la façon dont la religion affirme que la vie a un sens –en confrontant l'homme à un être et àune loi cosmique qui s'imposent à lui de l'extérieur- est d'un objectivisme qui peut paraître naïf, il n'est pas sûr ques'imaginer se passer complètement de toute foi ne soit pas une autre forme de naïveté.

Il y a pour fonder une viebien des formes de croyances possibles (le progrès, la science, l'art, ou l'amour), qui jamais ne reposent sur laconnaissance ni sur la raison, et toutes révèlent un certain écart entre ce que nous savons du monde et lespostulats subjectifs qui nous permettent de vivre en lui.

En rendant cet écart manifeste, et en le poussant àl'extrême, en ancrant nos aspirations morales et spirituelles sur des mythes totalement arbitraires d'un point de vuecognitif, la religion dévoile en fait franchement (au lieu de la dissimuler, comme on le fait aujourd'hui trop souvent)et assume une contradiction qui est peut-être au coeur de toute existence.

En ce sens, Hegel et Feuerbach avaientbien raison de considérer qu'elle est la forme la plus originaire et la plus exemplaire de la conscience par l'homme deson humanité.

En elle se révèle bien le paradoxe central d'une telle conscience : il n'est sans doute pas possiblequ'une existence ne soit, dans son coeur le plus intime, subjectivement fondée sur des croyances qui d'un point devue objectif semblent dénuées de tout fondement, et que la recherche de la spiritualité la plus haute ne prenne pasaussi parfois, pour celui qui l'observe « de l'extérieur », le visage d'une automystification.Cette réfutation des arguments naïfs qui déclarent la religion « fausse » parce qu'elle serait « en contradiction avecles données de la science » n'implique pas pour autant que la foi religieuse ait aujourd'hui, dans une cultureavancée, la même nécessité qu'à l'époque où elle était le seul moyen pour l'homme d'exprimer le sentimentmétaphysique de son existence.

Bien des raisons expliquent que tout en restant sans doute indispensable dans noscultures –ne serait-ce qu'en tant que dépositaire des traditions les plus anciennes et les plus fondamentales parlesquelles s'est définie l'humanité-, elle ne soit plus pour chaque individu qu'une option parmi d'autres, et que soninfluence collective ait donc connu un recul : la difficulté d'adhérer à des mythes dont la relativité culturelle estévidente, la méfiance, chez beaucoup de nos contemporains, à l'égard du principe même d'une adhésion sansdistance critique, l'intérêt qu'ils portent à la connaissance et à la transformation rationnelles du monde, que la foireligieuse tend souvent à juger insignifiantes et sans valeur, la gêne qu'ils ressentent à l'égard d'un discoursthéologique suspect d'être emphatique et inadéquat à son objet, qu'il tend toujours à réifier, le sentiment enfin queles métaphysiques religieuses manquent parfois de complexité par rapport à celles plus inquiètes que produit (parexemple dans le domaine littéraire) la culture moderne, en sont quelques-unes.

Une chose est néanmoins sûre :croire que la religion se réduit à une superstition et que sa disparition est la condition de la désaliénation de l'hommeest aujourd'hui devenu une naïveté et un signe d'inculture.. »

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