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Pourquoi la philosophie juge-t-elle primordial de réfléchir sur le langage ?

Publié le 31/01/2004

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Faut-il prémunir celle-ci contre celui-là ? Au lieu d'identifier langage et pensée, il est possible de se demander si le langage ne trahit pas la pensée en l'obligeant à emprunter des formes qui lui interdisent de s'exprimer complètement. Par exemple, lorsque j'ai une pensée, je ne pense pas à moi, il se produit quelque chose en moi, il se produit quelque chose tout court : ça pense. Et pourtant, pour me faire entendre des autres, je dois dire "je pense", accréditant ainsi l'idée de l'existence d'un "je", d'un moi (Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1ère partie). Le langage d'une part contiendrait une métaphysique implicite, et d'autre part il condamnerait à l'expression de ce qu'il y a de plus commun et de moins original dans la pensée, aux mots que tout le monde emprunte de façon grégaire (Leçons de Barthes). On voit donc nettement une tension se dessiner entre ceux qui jugent primordiale l'étude du langage parce que la philosophie et la pensée sont avant tout des mots, et ceux qui la jugent primordiale pour tenter de défendre la pensée et son originalité des formes attendues et mortes du langage. Doit-on admettre que la philosophie réfléchit sur le langage comme sur n'importe quel autre sujet? ou selon le lieu commun qui voudrait qu'elle aborde tout ce qui, de près ou de loin, concerne l'homme et ses qualités? On constate qu'en fait il n'en va pas - ne serait-ce qu'historiquement - ainsi: dès Platon, la réflexion sur le langage s'affirme fondamentale. Qu'est-ce qui donne au langage un tel privilège?
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« Certes, s'exprimer ainsi, c'est, d'une certaine manière, retourner à l'abstraction et même au formalisme; c'est encoreréduire peut-être une aptitude ou une attitude confirmée à un événement, une action véritable à un épisode.Cependant, on sent bien que si l'on ne la prend pas comme morcellement, mais comme déroulement, la suite ainsiévoquée correspond, tout au moins, à la volonté comme conscience de l'acte : de telle façon l'acte volontaireapparaît comme origine et comme synthèse, tandis que l'esprit se prend à analyser.

Sur les bases d'un choix, c'est-à-dire d'un jugement, le jeu du sentiment et de l'idée assure la fusion des mobiles et des motifs.

De toute manière,l'acte volontaire apparaît originairement synthétique dans le moment même où il dégage comme force, la force denos sentiments et de nos idées.

En retour, il vise, si l'on peut dire, à incorporer cette force comme idée et commesentiment.

Nous quittons ainsi le schéma — mais,peut-être, l'avons-nous pu grâce au schéma lui-même —; et nous trouvons, au-delà, cette attitude compacte etcomplète qui décèle la volonté.

Tout cela enferme, si l'on veut, des forces; pourtant enfin, il n'y a qu'une force :celle de la personnalité en action qui s'irradie aux différents plans de la vie psychologique, non pas seulementcomme impulsion, mais comme décision.

Autrement dit, si la volonté se prépare en une sorte de montée débouchantsur le spectacle d'une conscience qui délibère, elle s'affirme par une redescente aux sources mêmes de l'action,confirmée par la prise de conscience, justifiée dans un jugement que l'on peut dire, lui aussi, énergétique.

C'estcette puissance qui est la forme originale de la volonté comme puissance; et elle ne saurait se réduire à aucun deséléments mis en oeuvre dans le mouvement créateur de synthèse.Nos sentiments : le mot représente à la fois intuitions, affectivité, modifications de la sensibilité subjective.

Nosidées : ce sont des formes mêmes de notre participation à la vie collective et à l'élaboration rationnelle.

Certes cesont des forces dans la mesure où nous sommes vivifiés et où nous nous vivifions nous-mêmes.

Il s'agit à la fois d'unprincipe et d'un matériel d'échange.

De là, comment la volonté pourrait-elle se définir hors de l'action dont elle est lamanifestation la plus originale ? Mais si elle n'est pas un Etat dans l'Etat, elle ne saurait se réduire à une somme etmême à une résultante.

C'est une façon d'être qui commence avec une certaine vitalité et se poursuit avec unefaçon de juger et de confirmer un choix.

Elle est force, mais elle est une force qui ne tient pas à la source uniquedes pulsions et des impulsions.

Il faut admettre que sa fonction est justement de créer de la liberté et, en ce sens,Bergson n'a pas tort de dire que celle-ci exprime la relation du moi concret avec l'acte qu'il accomplit.

La volontén'est autre que ce qui crée cette relation, c'est-à-dire l'activité même, à laquelle on peut rapporter l'acte qui juge,engage et accomplit.. »

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