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POURQUOI LA PHILOSOPHIE JUGE-T-ELLE PRIMORDIAL DE RÉFLÉCHIR SUR LE LANGAGE ?

Publié le 13/03/2004

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La philosophie, historiquement, peut se mettre en place lorsque le Logos se substitue au Muthos, c'est-à-dire lorsqu'une exigence de compréhension rationnelle remplace la parole admise comme provenant des dieux et, en tant que telle, délivrant un sens extra-rationnel (voir par exemple dans cette optique le début du Poème de Parménide).Le langage philosophique est ainsi traversé par une exigence de rationalité, et il est dès lors normal que soient examinées ses capacités à constituer cette rationalité : la philosophie, pour confirmer sa nature, doit séparer la logique de la rhétorique, reconnaissant dans la première ses exigences mêmes, mais se défiant de la seconde dans la mesure où elle encourage à (trop) bien parler sans se soucier de rigueur ou de vérité (cf. chez Platon, la critique des Sophistes - philodoxes et non philosophes).Lorsque la philosophie se trouve ainsi dotée d'un Logos, il est également normal qu'elle se préoccupe de l'origine de ses éléments: c'est l'entreprise du Cratyle et la réflexion qui s'y engage sur le rapport entre les mots et les choses. Doit-on admettre que connaître les mots, c'est déjà connaître, au moins en partie, les choses? Faut-il penser au contraire que les mots ne nous disent rien de la nature des choses elles-mêmes, c'est-à-dire, comme l'affirmera la linguistique moderne, que le rapport entre signifiant et signifié est arbitraire? Cette réflexion sur l'origine resurgit ensuite périodiquement - d'Épicure à Rousseau - et la méfiance de la linguistique, qui n'y trouve qu'une occasion à hypothèses invérifiables, à son égard, ne suffit pas à la faire disparaître, puisqu'elle fait retour dans l'anthropologie contemporaine.C'est parce que la philosophie se méfie de l'opinion qu'elle entreprend donc, dès Socrate, de critiquer l'acception commune des termes: cette acception résulte d'habitudes, de traditions, de données confuses. Autrement dit, elle ne résulte pas d'un effort de la pensée. Tout philosophe doit donc réfléchir sur le vocabulaire que lui fournit sa langue, pour y déceler un ensemble de préjugés, de pseudo-notions, qu'il lui appartient de critiquer et de clarifier.

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