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Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas favorisé la disparition des religions ?

Publié le 30/01/2004

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inventèrent divers moyens de rendre un culte à Dieu afin d'être aimés par lui par-dessus les autres et d'obtenir qu'il dirigeât la nature entière au profit de leur désir aveugle et de leur insatiable avidité. » La boucle est bouclée : Dieu ou les Dieux sont conçus comme des personnes, agissant dans un but, favorisant les hommes en échange d'un culte. C'est une conception anthropomorphique du divin, puisque Dieu est conçu sur le modèle de l'humanité. Le monde est expliqué en dépit du bon sens. « Mais, tandis qu'ils cherchaient à montrer que la nature ne fait rien en vain (cad rien qui ne soit pour l'usage des hommes), ils semblaient montrer rien d'autre sinon que la nature et  les Dieux sont atteints du même délire que les hommes. » En effet, le type d'explication fourni par les hommes, grâce à l'utilité, est proprement délirant. On ne trouve la caricature chez Bernadin de Saint Pierre, qui, plus tard, dira que « le melon a été divisé en tranches par la nature afin d'être mangé en famille, la citrouille, étant plus grosse, peut être mangée avec les voisins. » Mais l'exposé de Spinoza rend aussi bien compte des préjugés qui font de Dieu ou des Dieux des Dieux nationaux, protégeant particulièrement tel ou tel peuple, que du début de la « Genèse » où Jahvé offre la terre à un homme qu'il a conçu à son image. Cependant, cette sorte de cercle vicieux de l'ignorance et du préjugé tourne à la superstition et à l'avilissement, du moment où les hommes ont à expliquer les phénomènes naturels catastrophiques (tempêtes, tremblement de terre, etc.), qui touchent aussi bien les hommes pieux que les impies, les justes que les injustes.
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« plus récentes, de ces sciences rendent caduque toute attitude religieuse ? En un mot : la foi est-elle dépassée (ausens historique) par le progrès scientifique ?Le progrès des sciences expérimentales concerne en fait deux aspects une connaissance de plus en plus précise etfine, donc plus objective, des réalités qu'elles étudient, et la découverte de nouveaux objets, de nouveauxdomaines.

Tout au long de son développement historique, la science a expulsé la foi religieuse des domaines qu'elleprétendait légitimement occuper; ce mouvement a débuté par l'astronomie (avec Galilée, bien que cettepériodisation soit peu précise).

s'est poursuivi avec toute la physique puis la biologie.

Un coup fatal a été porté auxprétentions de la religion lorsque la théorie de l'évolution (Darwin) a revendiqué un champ théorique jusque-làréservé : l'origine et le développement des espèces, y compris l'humaine.

La religion (en particulier catholique) n'apas tout de suite accepté les conséquences irréversibles de cette avancée scientifique ; mais un tournant capitalavait été pris : la foi religieuse allait désormais devoir comprendre qu'aucun domaine du savoir ne lui est en droitdéfinitivement réservé.

Les croyants et théologiens les plus lucides ont alors identifié la conception dépassée qu'ilfallait rejeter : l'idée selon laquelle Dieu pourrait servir d'explication dans les domaines où la connaissancescientifique se trouvait provisoirement en défaut.

Certes, les sciences expérimentales présentent des lacunes ; maisrecourir à Dieu dans ces zones de faiblesse » du savoir scientifique, c'est se condamner à décamper un jour oul'autre.L'histoire du progrès des sciences expérimentales montre donc que celui-ci impose toujours un recul à la foi lorsquecelle-ci prétend, occuper des domaines vierges du savoir.

Dans l'Appendice au livre I de L'Éthique, Spinoza exposetrès clairement la logique de ce mouvement; il montre qu'une certaine foi religieuse est condamnée par le progrèsdes sciences : celle qui avait trouvé refuge en Dieu comme en un « asile de l'ignorance ». « Et il ne faut pas oublier ici que les partisans de cette doctrine, qui ont voulu faire étalage de leur talent en assignant des finsaux choses, ont, pour prouver leur doctrine, apporté un nouveau moded'argumentation : la réduction, non à l'impossible, mais à l'ignorance ;ce qui montre qu'il n'y avait aucun autre moyen d'argumenter en faveurde cette doctrine.

Si, par exemple, une pierre est tombée d'un toit surla tête de quelqu'un et l'a tué, ils démontreront que la pierre est tombéepour tuer l'homme, de la façon suivante : si, en effet, elle n'est pastombée à cette fin par la volonté de Dieu, comment tant decirconstances ont-elles pu concourir par hasard ? Vous répondrez peut-être que c'est arrivé parce que le vent soufflait et que l'homme passaitpar là.

Mais ils insisteront : pourquoi le vent soufflait-il à ce moment-là ? Pourquoi l'homme passait-il par là à ce même moment ? Si vousrépondez de nouveau que le vent s'est levé parce que la veille, par untemps encore calme, la mer avait commencé à s'agiter, et que l'hommeavait été invité par un ami, ils insisteront de nouveau, car ils ne sontjamais à court de question : pourquoi donc la mer était-elle agitée ?Pourquoi l'homme a-t-il été invité à ce moment-là ? et ils ne cesserontainsi de vous interroger sur les causes des causes, jusqu'à ce que vousvous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile d'ignorance.

» C'est après avoir exposé sa propre conception de Dieu que Spinoza s'attaque à la compréhension traditionnelle de Dieu comme roi ou seigneur , imposant ses volontés aux hommes.

« La volonté de Dieu , cet asile d'ignorance » écrit-il dans l'appendice au livre 1 de l' « Ethique », entendant montrer que la conception vulgaire de Dieu , non contente d'être anthropomorphique, dégénère en superstition et maintient les hommes dans une ignorance qui profite au pouvoir religieux. Pour Spinoza , Dieu n'est pas une personne, mais il se définit par la formule « Deus sive natura » : « Dieu ou la nature ».

Dieu est la force qui produit la totalité de la nature et des êtres : « il est la cause libre de toutes choses [...] tout est en Dieu et dépend de lui ». Après avoir justifié son concept de Dieu , Spinoza entreprend de réfuter les préjugés des hommes au sujet de la divinité. « Tous ceux que j'entreprends de signaler ici [les fausses opinions] dépendent d'ailleurs d'un seul, consistant en ce que les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vued'une fin, et vont jusqu'à tenir pour certain que Dieu lui-même dirige tout vers une certaine fin. » Tous les préjugés des hommes reposent donc sur une conception anthropomorphique de la nature (« Les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d'une fin »), qui culmine dans l'idée que Dieu agit comme un être humain : il est pourvu d'une volonté et dirige tout selon ses buts et ses fins.

Dès lors tout phénomène naturel sera compris comme s'expliquant par la volonté de Dieu . Il deviendra donc impossible d'expliquer la nature par elle-même : tout phénomène (une maladie par exemple) ne sera pas compris par ses causes naturelles, mais saisi comme manifestation, comme signe de la volonté divine (lacolère de Dieu , qui pour punir les hommes leur envoie la maladie en question). Il vaut la peine de suivre la démonstration de Spinoza .

Celui-ci pose en principe un fait indéniable, celui qui veut que : « Tous les hommes naissent sans aucune connaissance des causes des choses, et que tous ont un. »

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