Devoir de Philosophie

Pourquoi y a-t-il un devoir de mémoire ?

Publié le 02/01/2004

Extrait du document

Le devoir relève de la contrainte, de l’obligation. La mémoire, quant à elle, est une faculté partagée par l’homme et par certains animaux de rétention de perceptions sensibles. La mémoire sensible ne semble donc pas faire l’objet d’un devoir, mais serait plutôt d’ordre mécanique. En effet, nous n’avons pas l’impression d’obéir à un ordre lorsque surgissent en nous des souvenirs. Néanmoins, certains souvenirs ne se conservent peut-être pas automatiquement, et il faut savoir entraîner sa mémoire pour la faire fonctionner correctement. La mémoire relève donc bien alors de l’effort, et c’est ainsi que l’on peut parler de « devoir de mémoire «. Mais ne devrait-on pas permettre à la nature de faire son œuvre, en laissant libre cours à la mémoire de ne retenir que ce qui lui plait ? Qu’est-ce qui justifie que l’on doive lutter contre l’oubli ? La mémoire peut-elle faire l’objet d’une injonction morale ?

S’il y a un devoir de mémoire, c’est d’une part, pour conserver la trace du passé et instituer une histoire, d’autre part, pour reconnaître la dette contractée du présent envers le passé, et enfin, pour rendre justice et réparer les erreurs passées.

  • [Il est certains crimes que l'on ne doit pas oublier afin de ne pas les commettre à nouveau. Il est des événements historiques tragiques que nous avons le devoir de ne pas oublier afin d'éviter qu'ils ne se reproduisent. C'est le cas, notamment, de l'Holocauste. Nous devons aussi lutter contre l'oubli de certaines choses.]

 

  • [L'oubli est une faculté naturelle de la mémoire. On ne peut pas se forcer à se souvenir. L'oubli est un phénomène vital pour la mémoire. Il faut savoir oublier pour progresser. On ne peut se complaire dans le passé ni être obsédé par les mauvais souvenirs. La mémoire étant spontanée, on ne peut l'obliger à se rappeler.]

« Pour la culture de chaque homme, la référence au passé est constitutive.

Pascal, dans la préface du "Traité sur le vide", rappelait que tout nouveau progrès ne fait qu'enrichir unsavoir qui se construit de génération en génération, y compris parfois àtravers des remises en question radicales.

Le devoir de mémoire, laréférence à la tradition n'excluent pas, bien au contraire, ledépassement critique et le progrès. Nous devons sauver de l'oubli«Dans l'universelle amnistie morale depuis longtemps accordée auxassassins, les déportés, les fusillés, les massacrés n'ont plus que nouspour penser à eux.

Si nous cessions d'y penser, nous achèverions de lesexterminer, et ils seraient anéantis définitivement.

Les morts dépendententièrement de notre fidélité», dit Vladimir Jankélévitch.

L'oubli est unedeuxième mort pour les victimes.

L'oubli serait comme un consentementaux atrocités commises durant l'histoire.

Se souvenir serait comme unacte de résistance à la barbarie humaine.

[L'oubli est une faculté naturelle de la mémoire.

On ne peut pas se forcer à se souvenir.

L'oubli est unphénomène vital pour la mémoire.

Il faut savoir oublier pour progresser.

On ne peut se complaire dans lepassé ni être obsédé par les mauvais souvenirs.

La mémoire étant spontanée, on ne peut l'obliger à se rappeler.] Il faut oublier pour progresserL'élucidation des fondements du devoir de mémoire appelle aussi une analyse critique et différentielle de ce quidistingue la mémoire requise de la mémoire néfaste.

Tournant à l'obsession, à l'impossibilité de saisir lanouveauté radicale, lorsque celle-ci advient, la mémoire ne peut faire l'objet d'aucun devoir.

Peut-être mêmey a-t-il, en aucun cas, un véritable devoir d'oubli, pour libérer la conscience des pesanteurs inutiles ou desanalogies trompeuses.

Nietzsche mettait en garde contre le ressassement et le ressentiment; et Valéry, àpropos de l'Histoire humaine, attirait l'attention sur le danger des analogies qui constituent à interpréter leprésent à partir du passé, cad à plaquer le passé sur le présent. « Toute action exige l'oubli, comme tout organisme a besoin nonseulement de lumière, mais encore d'obscurité.

Un homme qui voudraitne sentir que d'une façon purement historique ressemblerait à quelqu'unque l'on aurait forcé de se priver de sommeil, ou bien à un animal quiserait condamner à ruminer sans cesse les mêmes aliments.

Il est doncpossible de vivre sans presque se souvenir, de vivre même heureux, àl'exemple de l'animal, mais il est absolument impossible de vivre sansoublier.

Si je devais m'exprimer, sur ce sujet, d'une façon plus simpleencore, je dirais : il y a un degré d'insomnie, de rumination, de senshistorique qui nuit à l'être vivant et finit par l'anéantir, qu'il s'agisse d‘un homme, d'un peuple ou d'une civilisation.Pour pouvoir déterminer ce degré et, par celui-ci, les limites où le passédoit être oubli é sous peine de devenir le fossoyeur du présent, ilfaudrait connaître exactement la force plastique d'un homme, d'unpeuple, d'une civilisation, je veux dire cette force qui permet de sedévelopper hors de soi-même, d'une façon qui vous est propre, detransformer et d'incorporer les choses du passé, de guérir et decicatriser les blessures, de remplacer ce qui est perdu, de refaire parsoi-même des formes brisées.

» Nietzsche, « Considérations inactuelles ». Quelle est l'idée générale du texte ? Le pouvoir d'oublier étant constitutif de l'action et du bonheur, il faut. »

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