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Pourquoi travailler ?

Publié le 21/03/2004

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A la question : " pourquoi travailler ? ", qui nous invite d'abord à envisager les causes, les raisons objectives du travail, nous pouvons répondre : par nécessité vitale ou naturelle. Si l'on entend par nécessité le caractère de ce qui ne peut pas ne pas être, le travail serait essentiellement ce qui nous contraint, nous soumet à l'ordre de la nature ou de la matière. Il désignerait une activité pénible et contraignante, obstacle fondamental à la liberté (par opposition à la nécessité), c'est-à-dire à la réalisation autonome de soi.    Les hommes, les individus  travaillent, en effet, non pas uniquement pour gagner de l'argent, pour obtenir un salaire et un profit, mais pour produire et consommer. Il existe d'ailleurs des formes historiques de travail, comme l'esclavage antique ou le servage médiéval, qui ne sont pas rémunérées, de même qu'il existe des activités rémunérées qu'il est difficile d'appeler " travail " (la prostitution peut-elle être vraiment considérée comme un travail ?). J. Fourastié, dans un texte devenu célèbre (Pourquoi travaillons-nous ?), constate que la nature ne nous fournit que des matières premières impropres à une consommation immédiate et que le travail est nécessaire à la transformation de ce que la nature met à notre disposition : sans travail, pas de survie possible. Autrement dit, nous travaillons toujours parce que nous avons des besoins (le besoin est un sentiment de privation provoquant, chez le sujet qui le ressent, un état de tension interne) - naturels ou sociaux - auxquels il faut adapter les produits naturels; nous sommes contraints de choisir entre ces besoins, illimités, et des ressources qui, elles, sont limitées (la rareté). C'est donc dans le rapport à la nature qu'il faut repérer la nécessité qu'il y a à travailler : le travail est une relation médiate à la nature, parce que la relation immédiate à la nature n'est pas suffisante.

« « Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tantqu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou desarêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps dediverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, àtailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelquesgrossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'àdes ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pasbesoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent, sains, bons, et heureuxautant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre euxdes douceurs d'un commerce (1) indépendant. Mais, dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre, dès qu'ons'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalitédisparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastesforêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueurdes hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germeret croître avec les moissons.

» ROUSSEAU. Note : (1) Ici, "commerce" : ensemble des relations entre les hommes. QUESTIONS. 1 - Autour de quelle opposition le texte est-il bâti ? 2 - Vous expliquerez les expressions : • "ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature". • "le travail devint nécessaire". 3 - Traitez la question suivante sous la forme d'un développement argumenté : en quoi l'esclavage et lamisère peuvent-ils accompagner l'accroissement des richesses ? I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Le thème de ce texte est l'origine du travail social dans sa forme aliénée ("esclavage"). Le problème est le suivant : comment l'humanité est-elle passée de l'état de nature, en lequel on peut supposer leshommes libres ("commerce indépendant"), à l'état social actuel, où règne la dépendance généralisée des hommes lesuns vis-à-vis des autres ? La thèse de Rousseau consiste à affirmer que l'origine de cette dégradation est l'apparition d'une nouvelle formed'activité, qui n'existait pas à l'état de nature : activité collective destinée à extraire de la nature les produitsnécessaires à la subsistance de l'humanité. II - UNE DEMARCHE POSSIBLE. A - AUTOUR DE QUELLE OPPOSITION LE TEXTE EST-IL BATI ? L'opposition est soulignée par l'articulation du texte selon deux moments. Jusqu'à "commerce indépendant", Rousseau introduit le premier élément de l'opposition dont la formule centrale est :"des ouvrages qu'un seul pouvait faire". Elle nous apprend que les hommes, à l'état de nature, n'ont pas besoin les uns des autres pour tirer de la natureindividuellement, les biens nécessaires à leur subsistance. De "mais dès l'instant" jusqu'à la fin du texte, un deuxième moment pose le deuxième élément de l'opposition dont laformule centrale est : "un homme eut besoin du secours d'un autre". Elle nous apprend que le racisme de la formation de sociétés où les hommes sont interdépendants, est la nécessitédans laquelle les hommes se sont trouvés de se mettre à plusieurs pour tirer leur subsistance de la nature. B - EXPLIQUER LES EXPRESSIONS. • "Ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature" : énumération dequalificatifs positifs, mais tempérée par la deuxième partie de la formule. En effet, Rousseau ne prétend pas que la condition de l'individu naturel était absolument bonne et heureuse.. »

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