Devoir de Philosophie

Se pourrait-il que le réel ne soit pas rationnel ?

Publié le 28/02/2004

Extrait du document

A cette unité-unicité du vrai, Nietzsche substitue un nouveau référentiel : il existe sur le monde, une infinité de perspectives, d'interprétations du monde, toutes légitimes et acceptables. Si le réel dans sa complexité et sa bigarrure est infini, il peut et il doit être infiniment interprété. * On ne saurait échapper au perspectivisme : le réel ne se donne jamais qu'à partir d'une perspective, celle de celui qui l'appréhende et l'interprète. Le réel dépend donc de la perspective adoptée par son herméneute. Le réel n'est vu dans et par le point de vue de son interprète. Dès lors, il ne saurait donc exister de réel indépendant d'une perspective, d'une interprétation, il n'y a pas de réel en soi, un et univoque. On trouve ici une critique du platonisme qui croit ramener la multiplicité du sensible à l'unité de l'Idée. * Ainsi, tout est interprétation. Le monde est un texte à déchiffrer et les clefs de lecture en sont multiples. Nietzsche écrira : « L'essence, l'être, sont une réalité perspectiviste et supposent une pluralité.

« Tout comme un artiste interprète une oeuvre, la culture devrait interpréter la vie en faisant entendre, àpropos de celle-ci, des mélodies de plus en plus élevées.

Ce n'est pas le cas.

La culture est devenue une foired'empoigne politico-économique.

Moyen de sélection sociale pour les uns, moyen de promotion sociale pour lesautres, image de marque pour les troisièmes ou bien encore placement financier juteux, elle ne se préoccupepas d'interpréter la vie, mais de l'utiliser.

D'où la nécessité de revenir à un véritable sens de la culture.

Celui-cise trouve dans la grande vie de l'esprit de ceux qui, impassibles, affirmatifs et détachés, marchent loin dessentiers battus, loin de l'ombre projetée par les passions vengeresses, face au soleil de la vie. Le réel est espritPour que le réel soit rationnel, il faudrait que tout ce qui existe se réduiseà la matière et obéisse donc à un déterminisme mécanique.

Or, pourBergson, le réel n'est pas seulement matière mais esprit.

La vie, enparticulier, ne peut être expliquée comme un simple principe rationnel; elleparticipe d'un élan vital, d'un jaillissement spirituel créateur. L'ÉVOLUTION BERGSONIENNE.

L'ELAN VITAL Avant d'exposer l'Évolution universelle, telle qu'il la conçoit, M.Bergson relève habilement les inconséquences grossières de laméthode de Spencer et des autres tenants de l'évolution.

C'est cequ'il est juste de reconnaître.

La critique fine et acérée a pénétré aucoeur même du mécanisme et l'a définitivement usé. I.

Critique de l'évolution spencérienne. L'essence de l'évolution, dit M.

Bergson, est de dérouler les réalitésdans un ordre de succession, qui ne leur permet d'exister que lesunes après les autres, et où le temps entre, par suite, commefacteur de capitale importance.

Or, l'évolué, le tout fait présente justement des caractères opposés.

Ici,le réel ne se déroule plus, comme dans la succession, il s'enroule, pour ainsi dire zlui-même, et ses parties, au lieu de se développer progressivement dans la durée, sont données toutes àla fois, dans un ordre très différent de la succession, qui est celui de la coexistence dans l'espace.Confondre ces deux ordres : la succession et la coexistence, dont l'un est la négation de l'autre, tellefut, selon Bergson, l'erreur capitale de Spencer et des évolutionnistes en général.

Spencer se proposaitde retracer l'histoire de l'Univers à travers le temps.

Mais il se borna, pour ce dessein, à le prendre dansses formes actuelles, le brisa en morceaux et, avec la naïveté d'un enfant, prétendit reconstituer, aumoyen de ces fragments évolués, Oies diverses étapes parcourues et l'élan intérieur même qui lesparcourait.

Autant eût valu, dit M.

Bergson, disséquer les membres morts d'un animal, pour reproduireensuite, avec ces débris, la genèse, les divers moments et le rythme même de la vie. II.

L'évolution bergsonienne.

L'Élan vital. Telle n'est pas la conception bergsonienne de l'Évolution.

Si l'on, veut, dit M.

Bergson, rendre vraimentraison du progrès de l'Univers et restituer à l'Évolution le rôle qui lui revient dans son développement, ilfaut cesser de regarder le TOUT FAIT, pour n'envisager que le se FAISANT : négliger les formes évoluéeset ne prêter attention qu'au mouvement évolutif, dans l'ordre de la succession.

Là on a « du nouveau »a tous coups : c'est un perpétuel changement de qualité, une création incessante, ce que veutprécisément indiquer le titre du livre de Bergson : L'EVOLUTlON CRÉATRICE. L'ÉLAN VITAL .

- Ce mouvement évolutif consiste donc dans un, déroulement de qualité, dans une durée réelle, qui est esprit, car l'esprit seul est mémoire, dit M.

Bergson, et c'est la mémoire seule qui,emmagasinant le passé dans le présent, explique la durée el rend la réalité capable de progresservéritablement, c'est-à-dire de se dépasser elle-même.

Partons donc, poursuit-il, d'une réalité psychiqueinitiale, que nous appellerons Élan vital, Superconscience et Intuition.

Pensons à une durée semblable àcelle de notre conscience, mais bien autrement profonde, tendue et intensifiée.

« Puissance cosmiquefinie, lancée une fois pour toutes », elle, part, dit M.

Bergson, avec un entrain superbe.

Telle une fuséegigantesque qui déploie, d'une vitesse croissante, la gerbe d'or nuancée en laquelle elle se développe ets'épanouit.

Nous avons dit comment l'arrêt momentané de ce mouvement et son inversion ont engendrél'espace et la matière.

Mais l'élan vital, converti en matière, continue de même assez longtemps àexploser.

Un filet fuse encore, et un mouvement de montée se dessine au sein du mouvement général dedescente qui accuse la marche inverse de la matérialité.

C'est, dit M.

Bergson, l'élan de vie qui latraverse et s'efforce de' la relever sans réussir d'ailleurs qu'à en retarder la chute.

Un compromis finit pars'établir entre ces deux courants de sens contraire et constitue ce que nous appelons l'organisation dela vie.« Tout se passe, dit M.

Bergson, comme si un large courant de conscience avait pénétré dans lamatière, chargé, comme toute conscience, d'une multiplicité de virtualités qui s'entrepénétraient.

Il a. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles