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Pouvons-nous corriger nos erreurs ?

Publié le 26/10/2009

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L'adage populaire qui rappelle que "l'erreur est humaine" nous incite à songer à la nature intrinsèquement inéluctable d'un manquement humain aux tâches qu'il se fixe. Cette consubstantialité de l'erreur à l'humain intéressera particulièrement la "grande questionneuse" qu'est la pensée philosophique.  En effet, cette nature humaine faillible sera interrogée quant à son rapport possible avec un idéal de vérité mais également avec l'idée de perfectibilité humaine : si l'homme ne peut pas, dans le temps, ne pas se tromper, n'est-il pas cependant et justement l'être qui, spécifiquement, tire parti de cette faillibilité pour réduire, voire réparer les erreurs passées ? L'homme n'est-il pas proprement celui qui tire parti et enseignement de ses erreurs pour ne plus les reproduire ?  Cependant, un point de vue relativement pessimiste - engagé sur la compréhension globale du sens de notre actualité à la lumière de l'étude de l'histoire de l'humanité - pourra considérer de manière extrêmement critique les notions de perfectibilité et de progrès humain. La science n'est-elle pas, de fait, le parfait exemple d'un rêve ancestral qui semble, de nos jours et au mieux, déboucher sur une impasse infinie et, au pire, sur un cauchemar exponentiel ? En parallèle, le fondement de la philosophie existentielle nous incline à concevoir une limite humaine absolue : la finitude. Fort de celui-ci, cette même philosophie - au travers des penseurs qui s'y réclament -remarque que l'humain cherche toujours et avant tout à fuir cette vérité et ainsi s'inscrire durablement dans l'erreur et l'illusion?

« hommes durant les deux guerres mondiales (et plus particulièrement à l'effroyable idéologie nazie et à ses camps dela mort).

Si l'erreur est certes, indubitablement, toujours déjà présente dans l'humanité (nous ne sommes pas desmachines !), elle n'est cependant pas le gage d'un progrès effectif à venir.

Car si diverses pensées (philosophiques,morales, politiques, scientifiques, sociales...) se sont rassemblées autour de la croyance en une perspective idéaled'une humanité cheminant invariablement vers la vérité unifiée et le plus haut degré de sagesse (cf.

Aristote,=C9thique à Nicomaque, introduction =3B Descartes, Principes de la philosophie, introduction =3B Cournot, op.

cit.Hegel, La Raison dans l'histoire =3BEinstein, etc.), reconnaissons que nous sommes aujourd'hui, pour le moins,devenus sceptiques quant à une telle possibilité.

Loin de réparer toutes nos erreurs, nous en faisons continuellementde nouvelles et sur tous les plans (écologiques, économiques, politiques, juridiques, sociales, scientifiques).

Tant etsi bien que cette idée de l'humain comme être de raison, capable de réparer ses erreurs, continuellement perfectible,tombe de la même manière que notre ère qui devient de plus en plus l'objet d'un jugement de décadence.

Jamaisnous n'avons, dans l'histoire, bénéficié, nous les hommes, d'autant d'outils et de moyens technologiques.

Maisjamais auparavant nous n'avons, également et a contrario, autant douté de notre capacité à progresser au sensnoble du progrès sage et éclairé, autant redouté les temps à venir tant nous commençons à peine à mesurer l'abîmequi nous sépare d'un état de félicité.

Sans doute pouvons-nous simplement comprendre que nos pseudoprogrès(technologiques, théoriques) furent propices à l'exponentiel engrenage dans lequel nous nous sommesengagés : produire toujours plus d'erreur.

Du point de vue moral, Nietzsche nous donnait déjà la leçon : la véritable erreur n'est pas là où le" on" la pense.Les" forts", ceux qui ont reçu en partage les vertus les plus naturelles et les plus éminentes en termes intellectuels,sont ceux qui sont, justement, amenés à périr.

Selon l'allemand, ce sont bien les" faibles" (hommes de la réaction,du ressentiment, de la haine de la vie), qui, progressivement, réussissent par la ruse =à s'imposer au sein del'humanité (cf.

Généalogie de la morale).

L'erreur proviendrait, selon lui, de notre mauvaise interprétation desvaleurs, des vérités essentielles.

La religion chrétienne, la morale traditionnelle (qu'il nomme la "moraline dutroupeau"), les valeurs reçues en héritage confinent toutes à l'erreur monumentale : un nihilisme des valeurs de vie,des valeurs saines, une haine de la vie (misologie), l'éloge des sentiments faibles et hypocrites, la ruse et leressentiment.

Loin de réparer nos erreurs, nous serions les héritiers d'une erreur ancestrales que nous ne cesserionsd'amplifier et de pérenniser.

Aux valeurs saines de la vie" dionysiaque" (ivresse, force vive, intelligence active etcréatrice), nous aurions substitué celles" apolliniennes" de la faiblesse, de la tristesse et de la réaction malveillante. Schopenhauer entérinera cette idée d'une humanité prolixe d'erreur irréparable car consubstantielle viscéralement ànotre condition humaine.

Le" vouloir-vivre" (cf.

Le Monde comme Volonté et comme représentation), cette volontésourde, irrépressible et absolue qui nous condamnerait à accepter la souffrance inhérente à la vie telle qu'elle s'offreconcrètement à nous, empêche littéralement l'homme de réparer l'erreur fondamentale : celle de croire, d'espérerinfiniment et illusoirement en un état de félicité durable et inaccessible.

Le nirvana, tout comme les autrespréceptes ou maximes eudémoniques (propices au bonheur) ne sont en fait que négatives : elles permettent, maisau prix du plus extrême ascétisme (privation continuelle), de saisir la possibilité d'une" ataraxie" : la simple absencede souffrance.

L'erreur serait donc, en ce sens, originelle et inaltérable, pure illusion d'un autre monde que celui,véritable, dans lequel nous vivons :celui de la souffrance infinie. Conclusion L'erreur, si elle est bien consubstantielle à notre nature humaine, n'en est pas pour autant retranchable ou, encore,ne peut faire l'oeuvre d'une véritable réparation.

Puisque celle-ci est la racine du problème qui nous fait homme, ellereste tout au plus saisissable mais pas réductible.

C'est, avec cette notion fondamentale de l'erreur absolue etinévitable, celle de toute idée véritable de progrès qui s'effondre dans une ère, la nôtre, qui se voit souvent affubléed'une perspective de décadence. Toutefois, ce serait faire peu de cas des facultés humaines de réflexion et de détermination ainsi que des multiplespreuves historiques et manifestes de la capacité humaine à créer, à proposer autre chose justement parce qu'ilapprend de ses erreurs.

La question n'est donc pas tant de savoir si nous pouvons réparer nos erreurs, mais plutôtdu devoir même de réparation de celles-ci et de la manière d'y parvenir finalement.

Un objectif est, ici, clairementconstitué.. »

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